Le dessalement de l’eau de mer est une technique en forte expansion, notamment dans les pays en développement, pour favoriser l’accès à l’eau potable. Elle doit cependant être améliorée si l’on veut éviter l’apparition de nouveaux problèmes de pollution liés aux rejets de saumure, alerte l’ONU dans un rapport publié le 14 janvier.

C’est un des nouveaux dilemmes de la transition écologique. De plus en plus nécessaires, les usines de dessalement dans le monde produisent aussi plus de rejets toxiques que d’eau, selon une étude publiée le 14 janvier.
Pour chaque litre d’eau douce, destinée à la consommation humaine ou à l’industrie, une usine rejette en moyenne 1,5 litre de "saumure", une boue ultra-saline, montrent des chercheurs de l’Université de l’ONU au Canada, aux Pays-Bas et en Corée du sud, qui ont revu à la hausse les précédentes estimations. Selon leur étude parue dans la revue Science of the Total Environment, les près de 16 000 usines en activité rejettent chaque jour 142 millions de m3 de saumure, 50 % de plus qu’on ne l’estimait jusqu’ici. De quoi couvrir la Floride de 30 cm centimètres un an !
Une perturbation des écosystèmes
La plupart de ces usines sont proches de l’océan et rejettent directement cette boue dans la mer, les rivières et eaux de surface. La concentration en sel qui en découle bouleverse les écosystèmes et accroît la température des eaux. Il faut aussi ajouter à cette pollution celle des produits chimiques utilisés, à base de chlore ou de cuivre.
Ce sont principalement les usines utilisant un procédé ancien, le procédé thermique (par évaporation de l’eau de mer) qui sont problématiques. Elles sont principalement situées au Moyen Orient : Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Koweit et Qatar. Mais la production de saumure "va devenir de plus en plus problématique à l’avenir", selon Manzoor Qadir, directeur-adjoint de l’Institut pour l’eau, la santé et l’environnement de l’Université des Nations unies au Canada.
Des besoins de plus en plus importants
Car les usines de dessalement sont appelées à se multiplier du fait de besoins croissants pour cause de pollution, de pression démographique ou encore de réchauffement. Selon l’ONU, 1,5 à 2 milliards d’humains vivent aujourd’hui dans des régions où l’eau se fait rare et où la ressource manque au moins durant une partie de l’année. Le dérèglement du climat promet d’aggraver la situation : à chaque degré supplémentaire gagné, un demi-milliard de personnes perdront 20 % de leur eau douce, selon les scientifiques du Giec.
D’ici 2025, ce sont donc près de 17 500 usines de dessalement devraient fonctionner dans le monde contre seulement 3 000 en 1990.
L’étude apporte tout de même des pistes de solutions. La saumure pourrait être utilisée dans l’aquaculture et la production d’électricité. Le sel ainsi que certains métaux et minéraux (magnésium, gypse, calcium, potassium, brome, lithium…) pourraient en être extraits, notamment via des technologies innovantes, encore balbutiantes. Des essais sont actuellement réalisés sur la culture de spiruline, une algue riche en protéines utilisée comme complément alimentaire.
La rédaction avec AFP 

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