Brexit : «Se préparer au pire, c’est obligatoire», confie un PDG

Philippe Gelis est le PDG d’une société française implantée à Londres.

 Pour Philippe Gelis, à la tête de Kantox, le Royaume-Uni représente 1/5 de son marché. Pas question de partir. Mais il lui faudra créer une seconde entité afin de poursuivre son activité dans les autres pays de l’UE.
Pour Philippe Gelis, à la tête de Kantox, le Royaume-Uni représente 1/5 de son marché. Pas question de partir. Mais il lui faudra créer une seconde entité afin de poursuivre son activité dans les autres pays de l’UE. DR

    Le Brexit a failli gâcher la fête. Quand il apprend le résultat du référendum en 2016, Philippe Gelis est au mariage de son associé en Espagne. « Une nuit rocambolesque », se souvient l'entrepreneur. Mais ce n'est qu'un an et demi après qu'il prend vraiment la mesure du risque couru par les entreprises.

    « En 2017, on pensait tous qu'il finirait par y avoir un accord clair. Mais là, la sortie approche et toujours rien », déplore le patron d'une société de gestion de devises et paiements en ligne. Début 2018, face à l'incertitude, il commence à élaborer un plan d'action au cas où aucun accord de sortie de l'UE ne serait trouvé. « Se préparer au pire, c'est obligatoire, on n'a pas le choix. Dans notre secteur, la principale préoccupation, c'est la régulation. » Kantox échange tous les ans autour de 3 Mds€ de devises et fait des bénéfices depuis cette année.

    Une seconde licence pour exercer en Europe

    Le Royaume-Uni représente 1/5 de son marché et, Brexit ou pas, pas question de le quitter. Mais en cas de Brexit dur, il lui faudra acquérir une licence pour pouvoir poursuivre son activité en Europe. « Ça nécessite de réfléchir à son organisation interne, de créer deux identités, et aussi de payer les avocats qui nous aident à mettre tout ça en place. » Soit un coût de plusieurs centaines de milliers d'euros.

    « En ce qui nous concerne, le Brexit sans accord, ce sont surtout des tracasseries administratives et pas de valeur ajoutée ! » Pour sa nouvelle licence, Kantox devrait choisir l'Espagne, où il est déjà partiellement installé (environ 70 salariés contre une petite vingtaine à Londres) et où il connaît déjà le régulateur.

    En cas d'absence d'accord, la question du recrutement britannique risque de se poser. Chez Kantox au Royaume-Uni, presque tous les salariés sont européens. « Je ne pense pas qu'ils se feront renvoyer du jour au lendemain. Mais la grande question sera : est-ce que les gens veulent encore venir ? »

    Philippe Gelis ne souhaite pourtant pas s'alarmer outre mesure et compte sur les facultés d'adaptation d'entrepreneur. « Finalement le pire ce sera si on s'est préparé et qu'on se retrouve avec un Brexit qui n'en est pas vraiment un. Ça risque d'être assez frustrant ! »