La Poste se dote enfin d'un vrai site d'e-commerce
Le groupe public a mis l'accent sur la simplification de l'accès à ses services, notamment l'envoi de colis, qui ne nécessite plus de connaître le poids de l'objet à envoyer.
Par Lionel Steinmann
La Poste vient d'opérer une transformation majeure de sa vitrine commerciale sur Internet. Discrètement mise en ligne à la fin de la semaine dernière, la nouvelle version de laposte.fr, qui compte déjà 18 millions de visiteurs uniques par mois, ambitionne de gagner de nouveaux clients en jouant la carte de la simplification.
Sur cet aspect, le groupe public partait de loin. Il y a encore 5 ans, il comptait pas moins de 80 sites Internet, dont une douzaine de sites marchands ! Vente de timbres en ligne, envoi de colis, réexpédition du courrier… Chaque activité avait négocié le virage d'Internet dans son coin, ce qui n'était pas une garantie d'efficacité.
Passage à un site unique
En 2014, Philippe Wahl, le PDG, avait décidé de simplifier le dispositif avec la mise en place d'un site unique. Celui-là a vu le jour après plus d'un an d'efforts, mais il restait dans une logique de portail, renvoyant à une série de services dans un langage parfois assez administratif. La nouvelle version franchit un autre palier, en multipliant les efforts d'accessibilité en direction des clients. « Nous sommes passés à un site marchand, et qui assume de l'être », résume Sylvie Latour, directrice du e-commerce de la branche numérique.
Cette volonté de simplification est illustrée par la principale innovation du site, une aide à l'affranchissement de colis « unique en Europe », avance le groupe postal. « Bouteille, chaussures, vêtements, DVD… nous avons pris la liste des 100 objets les plus fréquemment envoyés, et nous les avons tous pesés, explique Sylvie Latour. Du coup, les clients n'ont plus à le faire : il leur suffit de cliquer sur l'icône correspondant au produit pour voir s'afficher les différents tarifs possibles. »
Une fois le choix fait et l'adresse renseignée, le client n'a plus qu'à imprimer les timbres ou des étiquettes Colissimo sur une feuille A4, et à les coller sur son paquet. Et s'il ne dispose pas d'un emballage, il peut en commander un à La Poste, celui-là arrivera déjà affranchi avec l'adresse pré-remplie.
Accompagner le boom du e-commerce
Ces efforts visent à accompagner le développement du e-commerce, et plus particulièrement des échanges ou ventes entre particuliers par le biais de plates-formes comme leboncoin.fr, dont nombre de clients jugent trop complexes les envois par La Poste.
Le nouveau site doit également donner une meilleure visibilité aux produits qui assurent déjà l'essentiel de l'activité aujourd'hui, comme l'impression de timbres en lignes, qui a représenté 35 % des 200 millions d'euros de chiffres d'affaires réalisés l'an dernier, mais que seuls 6 % des Français connaissent.
L'objectif de Sylvie Latour est de porter le chiffre d'affaires du site à 300 millions en 2021, puis 500 millions en 2022. La nouvelle version pour smartphone, qui doit être lancée en mars, doit y contribuer grandement : celle du site actuel a été lancée il y a un an à peine, et elle pèse déjà 30 % de l'audience.
D'autres projets sont déjà dans les tuyaux : « Nous comptons créer, courant 2019, une plate-forme d'expédition qui regroupera sur un seul site, en plus de nos services, l'achat d'emballage, de ruban adhésif ou d'une imprimante, indique Sylvie Latour. Et mi-2020, nous lancerons un service complémentaire pour l'envoi d'objets volumineux ». Avec la volonté de cibler, là encore, les échanges de particulier à particulier.
À noter
44 millions de timbres ont été imprimés en ligne l'an dernier sur laposte.fr
Lionel Steinmann