Reportage à 360° dans l'est de l'Ukraine sous la menace des mines

Reportage à 360° dans l'est de l'Ukraine sous la menace des mines
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Par Natalia LiubchenkovaStéphanie Lafourcatère
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Reportage à 360° dans l'est de l'Ukraine où le conflit entre Kiev et les séparatistes pro-russes se poursuit et où les habitants ont peur de sauter sur une mine enfouie dans le sol à proximité de leurs habitations. Des ONG leur viennent en aide.

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Dans l'est de l'Ukraine, les débris de guerre explosifs, en particulier ceux résultant du conflit en cours depuis 2014 entre Kiev et les séparatistes, causent des tragédies et font peser une menace constante sur les habitants. Nous allons à leur rencontre dans cette vidéo à 360° et découvrons ce que font les ONG internationales sur place pour déminer les zones infestées.

L'est de l'Ukraine est l'une des régions les plus dangereuses au monde pour les civils à cause des mines enfouies dans le sol pendant la Seconde guerre mondiale et depuis le début du conflit en cours sur place.

Dans la région de Donetsk, une habitante Lidiya Korolyova nous raconte ce qu'elle a vu un jour où elle était allée en forêt pour cueillir des champignons. "C'était brillant et fin comme un cheveu ; il y avait du soleil, alors j'ai pu le voir," dit-elle avant de préciser : "On était au courant, on nous avait dit de ne pas nous promener là-bas, mais j'y suis allée avec d'autres habitants." En réalité, il s'agissait d'un fil piège. Si elle l'avait touché, la détonation se serait déclenchée. Elle aurait probablement perdu la vie.

"Un missile de 70 cm dans mon champ"

Les drames de ce type ne sont pas rares en Ukraine : d'après différentes sources, depuis 2014, entre 1700 et 1900 personnes ont été tuées ou blessées par des débris explosifs liés au conflit entre l'armée ukrainienne et les séparatistes soutenus par la Russie.

Sur la ligne de contact et dans les territoires où il n'y a plus d'échanges de tirs, cette menace reste constante pour les enfants qui jouent ici ou là ou pour les habitants qui collectent du bois ou travaillent la terre comme Mykola Zadorozhniy.

"J'étais en train de semer des graines de tournesol et j'ai regardé les traces que j'avais faites avec les roues de mon tracteur," se souvient-il. "J'ai vu qu'il y avait un missile de 70 centimètres dans le sol, il était exactement entre les traces des roues de mon semoir," indique-t-il. "Des démineurs sont venus ; ils l'ont pris en photo et le lendemain, le missile était enlevé," poursuit-il.

Déminage en cours

Lidiya et d'autres habitants ont contacté les experts de The HALO Trust, l'une des trois ONG internationales qui mènent des actions de déminage humanitaire dans cette région de Donetsk. Elle travaille avec l'accord du gouvernement ukrainien et reçoit des financements de plusieurs pays européens et des Etats-Unis.

Nous suivons notre journaliste Natalia Liubchenkova à proximité d'un champ de mines où des opérations de déminage sont actuellement en cours pour voir en quoi elles consistent.

Maryna Lantukh, chargée de communication au sein de The HALO Trust, lui fait découvrir les lieux : "Là-bas, vous pouvez voir le bunker qui est utilisé pour mettre en sécurité notre personnel qui travaille sur place : c'est aussi un centre médical pour nos démineurs, nos équipes paramédicales, le responsable d'équipe, etc. Là-bas, il y a aussi la tractopelle qu'on utilise pour déminer le terrain," précise-t-elle.

Ce véhicule totalement blindé et piloté par un opérateur creuse le sol d'anciennes positions militaires. Pour des raisons de sécurité, personne ne peut s'approcher à cette étape de l'opération. Pendant que notre caméra tourne, nous nous abritons dans le bunker à 100 mètres de là. Ensuite, la tractopelle apporte la terre qui a été excavée sur une zone réservée à l'inspection.

Sur place, les démineurs utilisent des détecteurs pour traquer les éventuelles munitions non explosées ou mines terrestres anti-véhicules.

Quand le signal se déclenche, il faut marquer l'endroit, puis commencer l'excavation de l'engin en question. Si celui-ci est dangereux, les équipes préviennent les institutions locales qui se chargent de le désamorcer et de l'éliminer.

Des explosifs maquillés en jouets

Nous nous rendons sur un autre champ dans la région de Louhansk où des débris explosifs ont été découverts.

C'est dans ce secteur qu'il y a plus de trois ans, 3500 tonnes de munitions ont explosé dans un entrepôt. Plusieurs habitants ont perdu la vie, des milliers de bâtiments ont été endommagés : la déflagration a causé des dégâts dans un rayon de 20 kilomètres.

Le déminage réalisé sur place selon la méthode linéaire - bande de terre après bande de terre - est un travail de fourmi : il demande de résister au vent, au froid... et beaucoup de patience. Chaque démineur couvre de 10 à 40 m² par jour.

Il existe toute une diversité d'engins explosifs et ils peuvent être très bien cachés, voire maquillés en jouets.

12 km² à déminer

Expliquer tout cela et donner d'autres informations sur les débris de guerre explosifs à la population locale, c'est un autre moyen de sauver des vies.

Les experts de la Fondation suisse de déminage (FSD) qui mènent également des opérations de déminage dans l'est de l'Ukraine depuis deux ans sont intervenus ce jour-là auprès des employés d'une grande exploitation agricole située près de Marioupol.

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"On a trouvé des munitions très dangereuses dans nos champs," raconte Petro Ziborov, directeur régional de l'entreprise Agrotis. "Et c'est pour cela que cette formation n'était pas une perte de temps : elle a permis de rappeler à nos ouvriers ce qui peut les concerner prochainement et causer des dommages irréparables," insiste-t-il.

Selon les experts, à la fin du conflit en Ukraine, il faudra au moins 15 ans pour déminer la région. L'ampleur exacte de la tâche reste inconnue : aucune organisation n'a pu pour l'instant, intervenir sur la ligne de contact ou dans les territoires occupés par les séparatistes.

Nick Smart, directeur régional de l'organisation The HALO Trust, nous donne les informations dont il dispose : "Nous avons identifié 15 km² de zones potentiellement minées et nous en avons déminé 3 km², donc il reste une très grande superficie que nous n'avons pas encore examinée ou alors, où nous n'avons pas eu la possibilité d'intervenir pour des questions de sécurité. La majorité de ces zones se trouvent le long de la ligne de contact," précise-t-il.

Ukraine: Landmine clearance and mine risk education
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