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Dix pléonasmes à éradiquer de vos conversations

Le bal des vampires, avec Sharon Tate et Ferdy Mayne, 1967. Everett/©Rue des Archives/BCA

«Petit détail», «orthographe correcte»... Ces formules du quotidien constituent des pléonasmes. Le Figaro revient sur ces locutions à bannir.

Ils sont un peu comme ces bonbons que l'on mange alors qu'on s'était dit «c'est le dernier». On sait qu'il ne faut pas plonger la main dans leur sachet mais on y revient à chaque fois. Les pléonasmes sont leur métaphore. S‘il est préférable de ne pas en faire, cela ne nous empêche pas d'en dire. Parfois, voire souvent. Mais éviter de les employer n'est pas toujours aisé. Certains se glissent dans nos conversations sans crier gare. D'autres accompagnent des expressions toutes faites. Et pourtant bien fautives. Le Figaro revient sur ces emplois incorrects.

● Petit détail, petit résumé, petite maisonnette...

Il est tentant lorsque l'on parle d'un détail, d'affiner notre propos à mesure que l'on veut décrire ce que l'on voit. C'est ainsi que l'on entend souvent la formule «petit détail». Toutefois, cette expression constitue un pléonasme. L'auteur Jean-Loup Chiflet rappelle son histoire dans son Petit traité singulier des pléonasmes insoupçonnés: «Le verbe detaller en ancien français désignait le fait de séparer les mèches de cheveux comme en les taillant». À la fin du XIIe siècle, le mot «détail» apparaît alors dans l'expression «vendre à détail», ce qui signifiait par «petites quantités», raconte l'écrivain. Pas question donc, d'accoler l'adjectif petit au détail.

De la même manière, il est inutile d'ajouter un «petit» ou un «bref» au mot «résumé». Ce dernier consiste justement à «reprendre en peu de mots ce qu'on a dit». C'est-à-dire à rendre court et succinct ce qui a déjà été énoncé. Un résumé ne peut pas être long par définition. Concernant les mots «maisonnette», «pincette», «cuisinette», «fillette», etc., ces derniers nous indiquent par leur suffixe en «-ette» qu'ils sont par essence «petits». On évitera donc de leur ajouter l'adjectif, ce à moins, de vouloir commettre un pléonasme.

» LIRE AUSSI - «Incessamment sous peu»: ne faites plus la faute!

● Moi personnellement je pense, je crois pour ma part

- Que pensez-vous des «gilets jaunes»?

- Personnellement, je pense que...

Stop! Ne dites pas un mot de plus. Si tant est que vous tombiez d'accord avec votre interlocuteur sur ce sujet, ce dernier pourra déjà tirer à boulets rouges sur vous. La cause? Le pléonasme que vous venez de faire. «Moi personnellement» est du même ordre que «je crois pour ma part». L'effet d'insistance peut être entendu. Au risque toutefois d'heurter votre adversaire, il est préférable d'employer les variantes: «À mon avis», «de mon point de vue», «à titre personnel».

● Ajouter en plus, crier fort, se dépêcher vite...

Ces formules toutes faites n'en demeurent pas moins incorrectes. Il suffit de faire un pas de côté, de les observer pour le constater. «Ajouter» signifie littéralement «mettre en plus, apporter un élément nouveau», indique Le Trésor de la langue française. Attesté sous la forme «ajuster» au XIIe siècle, le verbe signifiait déjà «mettre en plus». On évitera donc de lui ajouter un «en plus».

De la même façon, le verbe «crier» a pour définition «prononcer des paroles d'une voix très forte». Il n'est donc pas nécessaire de lui ajouter l'adjectif «fort». Enfin, le verbe «dépêcher» signifie «accomplir une tâche avec rapidité ou précipitation afin d'en finir ou de s'en débarrasser». Il n'est pas besoin de préciser que l'on se précipite quand on se presse...

● Une orthographe correcte

Là encore, la formule est toute faite. On ne réfléchit plus guère en l'employant. «Comment est son orthographe», dira l'un. «Il a une orthographe correcte», répondra l'autre, sans ciller. Pourtant, la formule est un pléonasme. Du grec orthos, «droit», et graphe, «écrire», le mot «orthographe» désigne «la manière correcte d'écrire un mot». Pour être plus correct, on préférera donc dire, avec plus ou moins de nuance dans la voix: «Il maîtrise parfaitement l'orthographe.»

● Assez satisfaisant

La formule est souvent lue sur les bulletins scolaires. Toutefois, si l'on se fie strictement à l'origine du mot «satisfaisant» on découvre que le préfixe de l'adjectif vient du latin satis qui veut dire «assez». On peut sans nul doute affirmer qu'employer le terme avec le terme «assez» constitue donc un pléonasme. Mais ne soyons pas manichéens. Cette précision, bien que redondante, permet une gradation entre celui qui a eu des résultats moyens (assez satisfaisants) et de bons résultats (très satisfaisants).

● Monter en haut, sortir dehors

Ces pléonasmes ont le don de nous faire voyager en absurdie. Comment ferions-nous pour aller en haut, sans monter? De la même façon comment ferions-nous pour nous rendre à l'extérieur d'un endroit sans en sortir? Non, cela est tout bonnement impossible. On évitera également de parler de «rafale de vent», d'un «bip sonore» ou bien encore d'un «don gratuit». Précisons toutefois que l'on peut monter son bas et monter son haut si ces derniers sont tombés...

Dix pléonasmes à éradiquer de vos conversations

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159 commentaires
  • Thorbjorn

    le

    Il y en a des volontaires,jolis ou drôles :
    Les arbres en bois,par exemple

  • Jacques-Bransat

    le

    Nous pouvons ajouter " au jour d'aujourd'hui"

  • Thorbjorn

    le

    On peut rajouter:“voire même ”qui est pourtant employé par nos politiques au plus haut niveau.