Un enfant syrien dans le camp de déplacés d'Abou Al-Khashab, dans la province de Deir Ezzor, le 10 janvier 2019

Un enfant syrien dans le camp de déplacés d'Abou Al-Khashab, dans la province de Deir Ez-Zor (photo d'illustration).

afp.com/Delil souleiman

C'est un changement de doctrine, celle du cas par cas, qui a provoqué, à l'Assemblée nationale, une passe d'armes politique. BFMTV a révélé mardi le rapatriement dans les prochaines semaines de 130 djihadistes français, hommes et femmes, jusque-là détenus dans des camps kurdes au nord de la Syrie. Une information qui a obligé le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner à affirmer que "ce sont des Français avant d'être des djihadistes", des "hommes et des femmes qui sont connus" et qui "seront judiciarisés s'ils reviennent en France".

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>> Ecoutez Christophe Barbier justifier le retour des Français de Syrie et la surveillance dont ils devront faire l'objet quand ils seront rentrés (sur SoundCloud et iTunes).

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En réalité, le retour massif annoncé concerne une majorité d'enfants: plus de 70 mineurs et 50 majeurs, selon une source ministérielle. Un chiffre conséquent comparé aux 84 enfants déjà revenus de la zone irako-syrienne et des territoires contrôlés par Daech depuis 2014, selon une note confidentielle du Quai d'Orsay datant de la mi-octobre que L'Express a pu consulter. Neuf sont devenus majeurs et un mineur a quitté le territoire national depuis.

Trois orphelins de père et de mère

Ces mineurs ont été en majorité placés: 38 en familles d'accueil, 3 en foyers, un en pouponnière et un en centre maternel. Les autres, au nombre de 33, ont été confiés à leurs familles, et d'abord à leurs mères pour 22 d'entre eux. Souvent, ces enfants sont rentrés en France avec leurs mères uniquement, leurs pères étant présumés morts. Certaines, placées sous contrôle judiciaire dans l'attente de leur procès, ont pu en récupérer la garde dans certaines conditions, au terme d'une période provisoire de six à huit mois, le temps d'une mesure judiciaire d'investigation éducative. Quelques-uns - cinq - vivent quant à eux chez leurs grands-parents dont trois hébergent les mères en question; 5 également sont chez leurs pères et un chez une tante.

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Parmi les 61 suivis par la protection judiciaire de la jeunesse, plus de la moitié a moins de 5 ans. Quatorze sont nés sur zone. Toujours selon la note du Quai d'Orsay, sur place, dans les zones contrôlées par les Kurdes, trois enfants ont été identifiés comme isolés, orphelins de père et de mère. Deux ont été placés dans des familles d'accueil syriennes. Plusieurs grandes fratries françaises sont dénombrées au Rojava, région contrôlée par les forces kurdes, dont une de six enfants et une autre de cinq. La moitié des enfants seraient nés sur zone. Un bébé est encore né en octobre 2018.

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