L’antibiorésistance, menace sans frontières

Des bactéries antibiorésistantes ont été retrouvées jusqu'aux îles Svalbard. [Shutterstock]

La rapide propagation de bactéries antibiorésistantes via les oiseaux pourrait compromettre l’efficacité de nombreux médicaments anti-infectieux. Un article de notre partenaire, le Journal de l’environnement.

La résistance aux antibiotiques n’épargne aucun milieu terrestre, même les plus reculés. Dans une étude publiée dans Environmental International, des chercheurs ont retrouvé un gène de résistance dans des bactéries du cercle Arctique, seulement trois ans après qu’il avait été détecté dans des eaux urbaines en Inde.

C’est une menace sanitaire qui ne cesse de croître: l’antibiorésistance, à savoir la résistance des bactéries aux antibiotiques, pourrait bien réduire à néant l’efficacité de ces médicaments contre de nombreuses maladies infectieuses. De quoi ruiner tous les progrès médicaux du 20ème siècle, qui ont fait chuter la mortalité d’origine infectieuse.

Sans surprise, les résistances émergent dans les lieux où les antibiotiques sont les plus utilisés, tels que les zones à forte densité de population ou d’élevage. Exemple, la survenue, en 2015 en Chine, de la résistance à la colistine, antibiotique utilisé en dernier ressort contre les germes les plus tenaces. À l’inverse, les zones les plus reculées, dont les régions polaires, sont considérées comme relativement indemnes.

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De l’Inde à l’Arctique en trois ans

Or l’étude menée par l’équipe de David Graham, de l’université de Newcastle (Royaume-Uni), tend à démentir cette dernière idée. Lors d’une analyse d’échantillons de sol prélevés sur l’archipel du Svalbard (Norvège), 131 gènes de résistance étaient retrouvés dans les bactéries du sol.

Parmi eux, le fameux gène blaNDM-1, fortement médiatisé lors de son émergence en 2008 dans un hôpital de New Delhi. Désormais présent dans la plupart des pays, notamment en France, ce gène était observé dans l’environnement dès 2010, dans des eaux urbaines indiennes.

Il ne lui aura donc fallu que trois ans pour s’implanter dans les écosystèmes bactériens du Svalbard, archipel situé à l’ouest du Groenland et qui compte moins de 3.000 habitants.

Les oiseaux migrateurs, probables vecteurs

Selon les chercheurs, le gène blaNDM-1 a probablement été inoculé au Svalbard via des excréments d’oiseaux migrateurs, ou par des visiteurs humains. Les oiseaux marins constitueraient en effet un important mode de transport de bactéries antibiorésistantes: un an après sa découverte en Chine, le gène de résistance à la colistine, mcr-1, était retrouvé chez des goélands en Lituanie et en Argentine.

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