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Larry Clark, Tracey Emin, Matthew Barney… 5 vidéos d’art qui parlent de sexe

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Publié le , mis à jour le
Le sexe, ce n’est pas seulement une partie de jambes en l’air ! Selon les mots de l’écrivain argentin Ernesto Sábato, c’est aussi l’une « des formes primaires du pouvoir ». Érotisme ou pornographie, récit intime ou satire sociale… il occupe bien des artistes. Focus sur 5 vidéos qui explorent quelques-uns de ses enjeux.

1. Matthew Barney : les robots font-ils l’amour ?

C’est l’un des sujets fétiches de la science-fiction : la fusion de l’Homme et de la machine. Du sextoy connecté à la prothèse auditive, l’innovation repousse chaque jour un peu plus l’interpénétration de la chair et de la technique. Une rencontre souvent appréhendée par le prisme du sexe… Car l’Homme construit bien la machine en fonction de ses désirs, lui donnant ses propres formes et fonctionnalités. À travers cette vidéo, Matthew Barney propose une métaphore explicite de cette symbiose cyborg. La vidéo en question met en scène un coït entre un camion de déforestation et un homme recouvert de moisissures. Dans quelle mesure l’homme se plie-t-il à la technique et vice versa ? Pas question ici d’opposer organique et mécanique : le corps, comme la machine, ne s’arrête jamais. Mais la nature, reléguée en arrière-plan, ne serait-elle pas la grande perdante de cette histoire d’amour techno-humaine ? Acclamé pour son œuvre filmique totale dans les années 1990, The Cremaster Cycle, l’artiste américain réaffirme qu’au-delà de l’utilité, nos libidos sont des clés pour appréhender le futur de nos sociétés.

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Hoist

De Matthew Barney

2007, 14 min 37

2. Tracey Emin : libération sexuelle, le retour de bâton

Tracey Emin habite à Margate, une jolie bourgade de la côte anglaise. Elle a 13–14 ans et n’aime pas l’école. Elle sèche donc les cours, traîne dans les rues et couche avec beaucoup de garçons. La société ne lui pardonnera pas… Certains partenaires l’humilient même en public. Nous sommes dans les années 1970. Figure de proue de la génération des Young British Artist, Tracey Emin a été marquée au fer rouge par cette expérience malheureuse. Cette vidéo lo-fi, journal intime filmé (en anglais), fut sa catharsis. L’artiste y révèle les hypocrisies de la libération sexuelle des femmes, sans jamais endosser le rôle de victime. Elle y clame sa liberté et se déhanche sur le tube disco You make me feel, de Sylvester. Le chemin de l’émancipation est pavé de déceptions. Exposant au grand jour ses vulnérabilités, Tracey Emin – à qui on a souvent reproché l’exhibitionnisme – transcende non seulement ses blessures profondes, mais aussi les normes et les tabous.

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Why I Never Became a Dancer

De Tracey Emin

1995, 6 min 33

3. Le cabinet érotique d’André Pieyre de Mandiargues

Un Rembrandt pornographique, des photos cochonnes, un godemichet en ivoire, une figurine blasphématoire… Devant la caméra du maître de l’érotisme Walerian Borowczyk, l’écrivain surréaliste André Pieyre de Mandiargues dévoile sa « collection particulière » de « p’tits joujoux particuliers ». « Les Beaux-Arts, ça mène à tout », affirme-t-il d’entrée de jeu. Dans un salon bourgeois, au rythme de manipulations précautionneuses, son cabinet de curiosités personnel prend vie. Chaque séquence dévoile son lot de surprises : un automate s’anime, un dessin caché apparaît sous l’effet de la lumière… Les ouvrages de la collection contournent tous, avec singularité et parfois drôlerie, les règles de la bienséance. À l’instar de pages qui se tournent, d’un t-shirt qui se soulève, d’un pantalon qui tombe, les objets révèlent, tour à tour, leurs atours et leurs atouts.

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Une collection particulière

De Walerian Borowczyk

1973, 11 min 44

4. Wong Ping, le George Grosz 3.0

À force de banaliser et de stimuler le désir, la ville post-moderne l’a transformé. Mais l’a-t-elle annihilé ? C’est semble-t-il le triste destin du personnage de cette vidéo : il ne parvient plus à satisfaire sa femme et finit par l’observer monnayer ses services sexuels… Le jeune adulte se réfugie alors dans ses fantasmes et sombre progressivement dans une folie criminelle. Derrière son apparente naïveté, le film de l’artiste Wong Ping brosse en fait le portrait de citadins décadents, opprimés par la densité et l’effervescence d’un Hong-Kong globalisé. Les injonctions à consommer toujours plus y sont insoutenables. Les protagonistes souffrent d’une insatisfaction chronique que la ville excite sans cesse. Blessés, malades, leurs corps cubistes et électriques s’atrophient et se dissolvent. Police, sadisme, voyeurisme…Wong Ping s’insère dans les angles morts et « gores » d’une ville qui les dissimule derrière des panneaux publicitaires.

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Jungle of Desire

De Wong Ping

2015, 6 min 50

5. Larry Clark : confessions sur canapé

En quoi la pornographie gouverne-t-elle nos sexualités ? C’est la question à laquelle tente de répondre Larry Clark avec ce moyen-métrage documentaire. Coucher avec une actrice de films X : voilà le fantasme des jeunes garçons interviewés. Après quelques minutes d’entretien, le cinéaste en choisit un à qui il donne la possibilité de rencontrer plusieurs actrices et de coucher avec celle de son choix. Appropriation du format du jeu télé et représentation du marché du sexe, le film évolue au plus près de ses sujets. À visages découverts, les garçons se confient. Leur consommation de pornographie sur VHS leur dicte leur vie sexuelle. Constitué de témoignages bruts, le film se situe alors dans cet écart, entre représentations médiatiques et réalité crue.

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Impaled

De Larry Clark

2006, 37 min 28

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