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La Fondation Abbé Pierre veut mettre le logement au coeur du grand débat

L'édition 2019 du rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre sur le mal logement dresse un constat pessimiste. Elle propose d'insérer la politique du logement dans une logique plus globale de transformation sociale.

La Fondation Abbé Pierre reconnaît certains efforts du gouvernement, mais constate le peu d'efficacité et le manque de soutien politique des dispositifs mis en place.
La Fondation Abbé Pierre reconnaît certains efforts du gouvernement, mais constate le peu d'efficacité et le manque de soutien politique des dispositifs mis en place. (Marta NASCIMENTO/REA)

Par Catherine Sabbah

Publié le 1 févr. 2019 à 06:15

Les taudis valent mieux que la rue, mais ils s'effondrent… La catastrophe de Marseille et ses huit morts montrent que le seul fait d'y habiter peut être dangereux, et douloureux quand il fait froid ou que la place manque. La Fondation Abbé Pierre le répète chaque année et à nouveau dans l'édition 2019 de son rapport sur le mal logement qui paraît ce vendredi.

Après la loi Elan (sur l'Evolution du Logement, de l'Aménagement et du Numérique), et les annonces qui se succèdent sur les copropriétés dégradées ou la rénovation des coeurs de villes moyennes, il paraît difficile d'accuser le gouvernement de ne rien faire. Le ministre du Logement Julien Denormandie ne ménage pas sa peine et parcourt la France de long en large pour détailler ses annonces et les milliards qui seront débloqués.

Rien n'y fait : le ressenti de la crise ne change pas. La part des dépenses consacrée au logement (loyer + charges) ne fait qu'augmenter, dit le rapport : elle est passée de 9,3 % dans les années soixante à 22,6 % en moyenne aujourd'hui. Elle est surtout très inégalement répartie : les plus pauvres y consacrent plus de 35 % de leurs ressources, les plus aisés moins de 10 %.

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La France manque de logements abordables

Pourtant, année après année, les logements sont mieux chauffés, mieux isolés, plus confortables… disent les enquêtes. Et si l'on en croit l'économiste et ancien président de l'agence d'urbanisme de la Région Ile-de-France, Gérard Lacoste, la courbe de production de logements suit assez fidèlement celle de la croissance de la population, et depuis des années. Le constat partagé par ses pairs vient balayer l'antienne du manque de 1 million de logements qui a pourtant longtemps servi de curseur aux ministres. La France ne manque donc pas de toits, mais de logements abordables, et bâtis là où les gens travaillent et veulent habiter.

Le logement d'abord

La fondation salue la politique du « Logement d'abord » en place depuis 2017, dont la logique consiste à fournir un gîte stable comme préalable au retour à une vie ordinaire, et non une récompense pour ceux qui auraient fait la preuve d'une réinsertion réussie, en passant d'une structure d'urgence à une autre. Le système a fait ses preuves dans d'autres pays.

Mais il exige plus de logements sociaux : « Or en France, le plan ambitieux de lutte contre la pauvreté est contredit par la politique économique et fiscale », peut-on lire dans le rapport. Notamment par les coupes imposées aux HLM en 2018 dont les effets commencent à se faire sentir : les chiffres de la construction de logements neufs baissent depuis un an. « En année pleine, les différentes mesures représenteraient près de 4 milliards d'euros d'aides personnalisées au Logement (APL) économisées par l'Etat, dont 2,5 milliards supportés directement par les ménages », affirme la Fondation.

Vers une autre politique

Persuadés qu'il est possible de mener une autre politique, ses responsables proposent plusieurs solutions qui remettraient la politique du logement au rang d'une politique sociale et de lutte contre les inégalités : une taxe, de type Tobin, sur les ventes de logements de luxe ; une hausse de la taxation moyenne des droits de succession de 6 à 6,5 % ; une réforme des valeurs locatives cadastrales ; et le lancement d'un grand plan de rénovation des passoires thermiques et d'éradication de l'habitat insalubre.

Le sujet ne figure pas en tête, loin de là, des revendications des « gilets jaunes ». Pourtant, les dépenses énergétiques pour se chauffer représentent le double des dépenses en carburant pour circuler. La question de l'énergie est d'ailleurs la seule allusion au logement sur le site du grand débat national. La Fondation propose d'y ajouter une réflexion sociale et territoriale.

Catherine Sabbah

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