Sébastien Lecornu, animateur du Grand débat : « Dans une société, le désordre nuit toujours aux plus fragiles »

On le sent plutôt à l’aise, Sébastien Lecornu, dans son rôle d’animateur du « grand débat national ». En tournée avec Emmanuel Macron, le jeune ministre en charge des collectivités territoriales évoque un « début encourageant ».


Par Florence Chédotal

Publié le 27 janvier 2019 à 08h35

Sébastien Lecornu, ancien maire de Vernon (Eure) et ex-président du Conseil départemental de l'Eure, peut faire valoir un ancrage local.

Il a pour lui son statut d’ancien élu local et nage comme un poisson dans l’eau lorsqu’il foule les territoires et croise des maires. Ce qui manquait à Emmanuel Macron, dit-on. Le ministre en charge des collectivités territoriales Sébastien Lecornu, 32 ans, retisse des liens distendus. Cet ex-LR proche d’Édouard Philippe est la cheville ouvrière du tour de France du Président.

On vous qualifie désormais de pièce maîtresse de la macronie. Comment voyez-vous votre rôle ?

Je me concentre sur mes fonctions ministérielles et mon rôle d’animateur du « grand débat ». Il y a du travail ! Ce n’est pas une affaire de pièce maîtresse ou pas. Je garde la tête froide.

On ne peut pas dire, d’un côté, qu’on est en colère et, de l’autre, ne pas chercher de solutions. Ce serait trop facile. On donne la possibilité de contribuer à tous les Français. À chacun de prendre ses responsabilités

Au vu des remontées et contributions, vous jugez que ce « grand débat » est bien parti ?

Avec plus de 2.000 réunions déjà programmées et 300.000 contributions, j’estime très franchement qu’il s’agit d’un début encourageant. Mais il reste deux mois, il faut rester mobilisé.

Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public, évoque un « débat faussé », relevant davantage d’une « opération de communication »…

Je ne réagis pas à ce genre de polémique développée par une instance qui a refusé de prendre en charge le débat alors même qu’elle préside la commission nationale du débat public. Je préfère interagir avec les garants, en raison de leur indépendance intellectuelle. C’est avec eux que je travaille sous l’autorité du Premier Ministre.

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Certains Gilets jaunes y voient aussi de l’enfumage…

C’est un procès d’intention. Ce « grand débat » s’adresse à la Nation tout entière, avec ou sans gilet jaune. On ne peut pas dire, d’un côté, qu’on est en colère et, de l’autre, ne pas chercher de solutions. Ce serait trop facile. On donne la possibilité de contribuer à tous les Français. À chacun de prendre ses responsabilités. Nous vivons dans un grand pays démocratique, il faut quand même en avoir conscience.

Combien de chefs d’État avant lui, ici ou dans d’autres pays du monde, se sont-ils livrés à ce genre d’exercice, hors campagne électorale ? 

Vous avez récemment expliqué aimer l’« ordre ».

Oui, parce que l’ordre, c’est la condition de la liberté. Dans une société, le désordre nuit toujours aux plus fragiles.

Dimanche, une « marche républicaine des libertés » est programmée. C’est le bon moment ?

C’est une manifestation organisée dans un cadre démocratique, selon les règles du droit, donc il n’y a rien à redire. Pour ma part, mon rôle n’est pas de manifester?; je n’ai d’ailleurs jamais participé à une manifestation de ma vie hormis les rassemblements après les attentats de Charlie Hebdo.

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Le style d’Emmanuel Macron a beaucoup été critiqué, avec le reproche récurrent notamment de faire preuve de mépris.. Quels conseils lui donneriez-vous ?

Je n’ai pas de conseils à lui donner. Ses échanges sans filtre, son parler vrai, franc, avec des maires, avec des citoyens, témoignent de son humilité. Combien de chefs d’État avant lui, ici ou dans d’autres pays du monde, se sont-ils livrés à ce genre d’exercice, hors campagne électorale ? Au fil de ce tour de France, je le retrouve avec les Français tel que je le connais en privé.

Sébastien lecornu et Emmanuelle Wargon, un duo de ministres pour animer le grand débat national. Photo AFP

Vous prévoyez d’innover encore sur le format ?

Oui, nous ne souhaitons aucun conformisme. Avec ma collègue Emmanuelle Wargon, il nous faut innover et s’adapter aussi à ce que le terrain nous offre. Ce qui prouve que ce n’est pas une opération de communication préconstruite. L’exercice est appelé à évoluer. 

Au bout, il y aura la gare de triage et la nécessité de faire des choix. Comment ne pas passer du « grand débat » à la grande déception ?

Je pense que si le débat n’avait pas été cadré, il aurait été déceptif. Le président de la République a écrit une longue lettre, posé quatre thèmes et 35 questions. Je crois que les conditions sont réunies. Dès lors que les règles du jeu sont connues, on peut débattre de tout.

Propos recueillis par Florence Chédotal

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