Oise : l’appel à l’aide des parents de Nélya, 4 ans, harcelée à l’école

L’enfant scolarisée à l’école Joseph-Pinchon, à Noyon, serait victime de harcèlement scolaire, à caractère raciste, depuis la rentrée. Le rectorat vient d’engager un protocole de harcèlement.

 Noyon, vendredi. Nélya, 4 ans, est scolarisée à l’école Joseph-Pinchon, à quelques pas de l’appartement où elle vit avec ses parents et ses deux sœurs.
Noyon, vendredi. Nélya, 4 ans, est scolarisée à l’école Joseph-Pinchon, à quelques pas de l’appartement où elle vit avec ses parents et ses deux sœurs. LP/Alexis Bisson

    C'est une petite fille au sourire malicieux qui refuse d'aller à l'école. Il y a la boule au ventre le matin avant de prendre le chemin de la classe, les pleurs, le soir, au retour dans l'appartement.

    A 4 ans, Nélya, scolarisée en moyenne section à l'école Joseph-Pinchon de Noyon, serait victime, selon ses parents, de harcèlement scolaire. Avec, notamment, des propos à caractère raciste. « Tu ressembles à un singe, tu pues », lui aurait lancé, à plusieurs reprises, certains de ses camarades d'école. Parfois, les coups remplacent les mots. Des coups poing à la figure, à la mâchoire, des griffures, les cheveux tirés… « Ils sont méchants », glisse la petite métisse.

    Un message relayé par Omar Sy

    Mercredi, les parents de l'enfant se sont résolus à laisser éclater leur colère sur le réseau social Instagram. Avant de déposer plainte à la gendarmerie le même jour. « C'était comme prendre un microphone pour dire Au secours », glissent Diana et Nicolas. Dans leurs publications, ils déplorent la « détresse » de leur enfant et évoquent une « situation horrible, presque inhumaine ».

    Un « appel à l'aide » qui va être entendu au-delà de leurs attentes. Leurs vidéos ont été visionnées à plus de 100 000 reprises, relayées, notamment, par l'acteur Omar Sy ou le footballeur du Paris-Saint-Germain, Layvin Kurzawa. « On ne s'attendait pas à ça, on n'a pas cherché à faire le buzz, insistent les parents. On a voulu être écoutés. On s'est sentis obligés d'agir ainsi. »

    C'est le 15 janvier, lors d'une sortie scolaire au cinéma de Noyon, que Nicolas, qui accompagne la classe dans le car, prend la mesure du mal-être de Nélya. « On a prévenu l'école. La directrice nous a reçu le 18 janvier. »

    « Non-assistance à personne en danger »

    Depuis, le rectorat a engagé un protocole de harcèlement, dispositif en vigueur pour traiter les situations de harcèlement dans les écoles. Ce dernier prévoit notamment une « phase d'observation », avec des points d'étapes une fois par semaine entre la famille et l'école.

    « Il s'agit de mettre en lumière des éventuels faits de harcèlement qui seraient perpétrés à l'encontre de l'élève, précise l'inspection académique. Les attitudes des enfants sont observées et suivies et les éventuels manquements aux règles font l'objet d'une prise en charge éducative par l'équipe. » Cette phase d'observation est en cours jusqu'au 8 février, date à laquelle doit avoir lieu une nouvelle rencontre.

    «Pour l'heure, c'est encore flou »

    De son côté, la gendarmerie confirme qu'une plainte pour « non-assistance à personne en danger » a été déposée par la mère de famille. « Pour l'heure, c'est encore flou, confie un gendarme. Il s'agit de démêler ce qu'il s'est vraiment passé. Il n'y a pas encore d'éléments de preuves. Il semble qu'il y ait au départ une grosse incompréhension entre les parents et l'équipe éducative. »

    Lundi, Nélya, qui n'est pas allée à l'école depuis jeudi, retrouvera ses camarades. « Les choses avancent, veulent croire Diana et Nicolas. On veut juste que notre bébé puisse aller à l'école normalement et que l'équipe éducative admette avoir négligé certains appels à l'aide. » La directrice, qui a également porté plainte à la suite de messages menaçants sur les réseaux sociaux, n'a pas souhaité s'exprimer.