Tarn : face à face tendu entre des aficionados de la chasse à courre et des défenseurs des animaux
Une centaine de chasseurs ont participé à une chasse à courre dans la forêt de Grésigne, à Castelnau -de-Montmiral dans le département du Tarn. Ils critiquent les actions de l’AVA (Abolissons la vénerie aujourd’hui). Le collectif dénonce, lui, le fonctionnement de ces chasses.
Sous le son du clairon, la chasse à courre commence sur les 3500 hectares de forêt loués par les chasseurs. Une soixantaine de chiens attendent dans un camion. Une centaine de chasseurs se sont réunis pour chasser le cervidé. Quelques cavaliers se dressent en tête du cortège. En ouverture de la chasse, le président de l'équipage de Grésigne, Rémi Baysset donne le ton : «La chasse à courre fait l'objet depuis deux mois d'attaques de l'AVA. Ils répandent de l'eau de javel pour que les chiens perdent leur voie. Nous avons affaire à des militants bien organisés, des gens fanatisés», assène le chef d'entreprise.
Le vice-président de la Fédération nationale de la chasse, Thierry Cabanes, était aussi présent au rassemblement : «Nous sommes dans notre droit, ces chasses sont tout à fait légales».
Une soixantaine de chiens derrière l'animal
Jean-Claude Pradier, président de la Fédération des chasseurs du Tarn martèle à son tour : «À force de supporter, on tolère, à force de tolérer, on finit par accepter. Des plaintes ont été déposées pour des dégradations de miradors, des chiens ont été lâchés à des km pour créer des conflits. On ne peut pas laisser imposer la dictature d'une minorité, laisser faire ce genre d'action de groupuscules terroristes».
Dans le cortège de chasseurs, des artisans, des agriculteurs, des chefs d'entreprise. Certains se positionnent en bord de route pour écouter le cri des chiens et mesurent à quel stade en est la chasse : «Ils ont lâché les bêtes qui sont sur la voie de nuit (les traces laissées par le cerf) et se rapprochent de l'animal.
Le chef sonne le cor pour sonner «le lancer des chiens», décrit Jean Moncéré, artisan et chasseur de 69 ans depuis ses 16 ans. «On ne sort pas les fusils tout de suite. La meute de chiens poursuit l'animal jusqu'à épuisement», explique Rémi Baysset, le président de l'équipage de Grésigne.
C'est en début d'après-midi, que quatre manifestants de l'AVA interviendront sur place pour «discuter avec les chasseurs».
Julien, membre de l'AVA se défend de toute dégradation de miradors, ainsi que l'utilisation de javel : «On utilise juste de la citronnelle pour détourner l'attention des chiens pour qu'ils ne puissent pas suivre l'odeur du gibier. Le but c'est de filmer, jamais on ne s'interpose physiquement», explique le défenseur des animaux.
«C'est mauvais pour le système olfactif du chien, ils sont perturbés plusieurs jours après», défend de son côté Rémi Baysset.
«On dénonce surtout dans la chasse à courre, le traumatisme du cerf, la course-poursuite qui ne donne aucune chance à l'animal. C'est une forme de torture pour son loisir personnel. Les chiens sont affamés quelques jours avant pour se ruer sur le cerf (ndlr. ce que démentent les chasseurs). Ce sont des choses que l'on ne devrait pas voir de nos jours», reprend le militant d'AVA Grésigne, le collectif qui filme et poste sur sa page Facebook, des extraits de cette chasse.
Des vidéos qui échauffent un peu les esprits. Dimanche dernier, une altercation s'est produite entre un garde forestier et des militants. Une plainte a été déposée. Des policiers étaient présents ce dimanche pour «apaiser les tensions».
La société de vénerie
Le porte-parole de la société de vénerie, Manuel Demnard, était présent lors du rassemblement : «On ne cherche aucun incident. Les gens viennent ici pour se retrouver et pour le plaisir. Il y a d'autres moyens de faire entendre leur voix». En France, ils sont près de 10 000 veneurs chaque semaine à participer aux chasses à courre. 30 000 chiens sont utilisés pour ces chasses et 70 000 chevaux. En Sologne, la chasse à courre attire aussi les plus grosses fortunes de France pour discuter affaire, contrats, parts de marché. En Grésigne, «le public est hétéroclite», soutient Manuel Demnard. Même si les inscriptions pour la chasse au cerf en Grésigne varient entre 1 000 et 2 500 euros pour les cavaliers. Elles commencent à 250 euros pour les «suiveurs». La location de la forêt de ces chasseurs à l'ONF se compte actuellement en «plusieurs dizaines de milliers d'euros».
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