Oui, deux pom-pom boys « danseront leur chemin dans l’histoire », sous les yeux de plus de 100 millions de téléspectateurs, lors de l’ouverture du match disputé par les Los Angeles Rams et les New England Patriots. Dimanche 3 février, lors de la 53e édition du Super Bowl, finale du championnat de football américain, Napoleon Jinnies et Quinton Peron vivront de leur propre aveu « un conte de fées ».
Un dimanche d’ores et déjà qualifié d’« historique » par de nombreux médias américains. Gros titres, plateaux télévisés et interviews montrent la surprise ou la joie, l’indignation ou l’admiration que suscite cette petite révolution dans le milieu du cheerleading. « Historique », car ils sont les deux premiers hommes cheerleaders à se produire au Super Bowl, habituellement bercé par les remous du sexisme et de la masculinité à l’ancienne.
A l’été 2018, l’Amérique s’inquiète, d’un côté et se réjouit, de l’autre : trois hommes ont rejoint des équipes de cheerleaders de la NFL. Les commentaires homophobes pleuvent et des esprits chagrins se demandent si la Ligue nationale de football américain (NFL) « va devenir gay ».
Parmi ces trois pionniers figure Jesse Hernandez, dont la performance sur le terrain est remarquée lors d’un match le 17 août. C’était son « time to shine » – le temps pour lui de rayonner – commentait-il, solaire, quelques mois plus tôt.
« Des pionniers de l’inclusion »
Dans l’équipe des cheerleaders des Los Angeles Rams, ce sont Quinton Peron et Napoleon Jinnies qui sortent leur carte du jeu. Deux pom-pom boys parmi les pom-pom girls. Leur équipe de cheerleaders est mixte – et fière de l’être. Fière de représenter Los Angeles tels « des pionniers de l’inclusion » comme le confie leur directrice, Keely Fimbres, au Los Angeles Times :
« Nous voulons montrer à tout le monde que nous sommes heureux et fiers de notre diversité. [...] Ils sont d’extraordinaires danseurs, et dès que les gens les voient danser et exécuter les chorégraphies, ils changent d’avis sur ce qu’ils préjugeaient que cela serait. »
Napoleon Jinnies, en joie, résume la situation dans un tweet :
« 2018 : les deux premiers cheerleaders hommes de la Ligue nationale de football américain. 2019 : les deux premiers cheerleaders hommes à danser au Super Bowl. J’en ai le souffle coupé.
Et, en 2019 comme en 2018, les commentaires homophobes et les réactions haineuses n’ont pas manqué de se frayer un chemin jusqu’à eux. Mais aussi des messages de soutien, des fans de la communauté des Rams, des jeunes hommes jusqu’alors en manque de modèles qui n’ont pas eu peur de se manifester. Tourner à l’émeute et faire des émules, ainsi semble être le destin de chaque petite évolution du rééquilibrage entre hommes et femmess.
Sauf que, le saviez-vous ? A la fin du XIXe siècle, la « pom-pom » idéale était en fait un homme très athlétique et très musclé, comme le montre le Time, dans sa « Petite histoire du Cheerleading ». Exclusivement masculine pendant les premières décennies de son existence, la discipline n’a vu les femmes intégrer ses équipes qu’à partir des années 1920. De plus, le cheerleading a aidé à lancer la carrière politique de trois (grands et forts et virils) présidents américains : Dwight D. Eisenhower, Franklin Roosevelt et Ronald Reagan étaient eux aussi des pom-pom boys.
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