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Bruits de bottes en Colombie

À Caracas, samedi, les manifestants antigouvernement demandent la démission du président Maduro. Son opposant Juan Guaido a le soutien de Bogotá.

Une invasion militaire du Venezuela serait-elle en préparation via la Colombie? Ces derniers jours, Washington et Bogotá semblent entretenir soigneusement le doute. Trois mots griffonnés sur le cahier du conseiller à la sécurité Nationale de Donald Trump ont alimenté les rumeurs. «5000 soldats en Colombie», pouvait-on lire sur les notes de John Bolton, lors de l'annonce des sanctions américaines contre l'entreprise pétrolière vénézuélienne PDVSA. «Toutes les possibilités sont sur la table», a simplement réagi la Maison-Blanche.

En Colombie comme aux États-Unis, l'envoi de troupes à l'étranger demande un feu vert du Congrès difficile à obtenir. Mais ces derniers jours, divers indices ne cessent de faire enfler la rumeur. Un général puis un amiral du commando sud de l'armée américaine ont visité la semaine dernière Bogotá et Cúcuta, le principal point de frontière avec le Venezuela. Des avions militaires américains ont été aperçus sur une base de la capitale. Et à Cúcuta, des chars colombiens ont été déployés. Des visites et exercice «de routine», selon l'armée colombienne. Une explication qui n'a pas fait taire les spéculations.

Bogotá, principal allié de Washington dans la région

La Colombie est le principal allié de Washington dans la région. Depuis la signature en 2000 du Plan Colombie de lutte antidrogue, les États-Unis ont financé l'effort de guerre de Bogotá à hauteur de plus de 10 milliards de dollars. L'aide américaine a permis à l'armée colombienne de se moderniser, mais aussi aux conseillers militaires américains d'être présents dans les bases du pays andin.

Deux mille kilomètres d'une frontière sous tension et deux décennies de gouvernements radicalement opposés séparent la Colombie du Venezuela. Le 23 janvier, Bogotá a été l'un des premiers gouvernements à reconnaître la présidence de Juan Guaido le 23 janvier. Les proches du président Ivan Duque accusent régulièrement le régime de Nicolas Maduro de protéger les guérilleros de l'ELN, l'ennemi public N° 1 depuis la fin des FARC. Selon eux, le Venezuela de Maduro serait au cœur du problème. «Si le problème du Venezuela se résout, c'est un refuge du terrorisme colombien qui disparaît», arguait ce dimanche sur Twitter l'ex-président et chantre de la droite dure Álvaro Uribe, mentor de l'actuel chef de l'État.

Ivan Duque revendique un rôle de leader dans la crise qui secoue la région. «La dictature du Venezuela n'a plus que quelques heures à vivre», lançait-il samedi, sûr de lui. Au pouvoir depuis six mois à peine, le chef de l'État colombien a pris les rênes de l'offensive diplomatique contre Nicolas Maduro, travaillant main dans la main avec l'opposition vénézuélienne.

De son côté, le Venezuela de Maduro dénonce l'imminence d'une attaque militaire. Dans cette éventualité comme pour le futur du régime, la grande inconnue reste la position de l'armée.

Un général d'aviation prête allégeance à Juan Guaido

Le commandement militaire vénézuélien fait toujours bloc autour du régime. Mais quelques défections significatives, comme celle samedi du général d'aviation Francisco Yanez, semblent être le signe d'un ébranlement de ce soutien. Dans les rangs du pouvoir, l'idée d'une défense de la Révolution bolivarienne par des citoyens armés, lancée en son temps par Hugo Chavez, fait son chemin.

Samedi, des dizaines de milliers de manifestants pro et anti-Maduro ont défilé à Caracas. Juan Guaido a annoncé une autre manifestation contre le chef de l'État le 12 février.

En réponse aux notes de John Bolton, le numéro deux du chavisme Diosdado Cabello a rappelé que deux millions de membres des milices bolivariennes, ces civils armés pour défendre le régime, se tenaient «prêts». «Il est probable qu'ils entrent au Venezuela. Le problème sera pour eux d'en sortir. Nous nous convertirons en mille et un Vietnam», a menacé l'homme fort du pouvoir encore en place au Venezuela. La menace d'une invasion militaire américaine, longtemps agitée par Hugo Chavez et ses partisans, est aujourd'hui moins improbable que jamais.