Le gouvernement de Justin Trudeau pourrait déposer dès demain son attendu projet de loi sur la protection et la revitalisation des langues autochtones, promis en 2016.

Le dépôt du projet de loi a été inscrit au feuilleton vendredi dernier et selon nos informations, le ministre du Patrimoine canadien et du Multiculturalisme, Pablo Rodriguez, soumettrait le fruit d'un vaste travail de concertation avec les communautés autochtones à la Chambre des communes demain pour une première lecture.

Les libéraux espèrent ainsi tenir leur promesse de faire adopter, avant la fin de leur premier mandat, une loi fédérale destinée à empêcher la lente extinction des langues autochtones, dont bon nombre sont menacées au pays. Des quelque 70 langues autochtones encore parlées au Canada, le trois quarts seraient en danger, estime Ottawa.

Le ministre Rodriguez était d'ailleurs vendredi devant l'Assemblée générale des Nations unies à New York pour plaider l'importance de les protéger, à l'invitation de l'ONU, afin de souligner l'Année internationale des langues autochtones proclamée par l'UNESCO. Selon l'UNESCO, la survie d'aucune langue autochtone au Canada ne serait assurée.

«C'est un projet de loi historique», a expliqué le ministre Rodriguez à La Presse, avant son départ pour New York, confirmant son dépôt, sans préciser le moment, avant la fin de la session parlementaire. Selon le député d'Honoré-Mercier, le projet de loi canadien se distingue parce qu'il a notamment été codéveloppé avec les leaders autochtones.

Le chef national de l'Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, le président du Conseil national des Métis, Clément Chartier, et le président de l'Inuit Tapiriit Kanatami, Natan Obed, dont les organisations ont participé à l'élaboration du projet de loi, ont aussi fait le chemin jusqu'à New York vendredi dernier.

Un engagement de Justin Trudeau

C'est le premier ministre Justin Trudeau lui-même qui a pris l'engagement, devant les chefs de l'Assemblée des Premières Nations en décembre 2016, de présenter un projet de loi pour la protection, la revitalisation et la promotion des langues autochtones du pays dans la foulée de la démarche de réconciliation entreprise par son gouvernement.

À l'été 2018, la ministre du Patrimoine canadien de l'époque, Mélanie Joly, et le chef Perry Bellegarde ont amorcé des consultations avec les leaders autochtones et les ministres fédéraux et provinciaux. Le chef Bellegarde réclame que le gouvernement garantisse entre autres des investissements pour la mise en valeur des langues autochtones.

Le projet de loi sur les langues autochtones devait être déposé à l'automne dernier. Selon le recensement de 2016, 15,6% seulement de la population autochtone déclarait pouvoir soutenir une conversation dans une langue autochtone. Cette proportion était de 21,4% en 2006, selon Statistique Canada.