Un village japonais zéro déchet d’ici 2020

Kamikatsu a été la première municipalité japonaise à promouvoir une politique zéro déchet.

Un village japonais aimerait devenir la première municipalité zéro déchet au monde d’ici 2020 et a déjà atteint un taux de recyclage de 81%. Tout le monde pourrait faire de même, selon l’ONG japonaise Académie zéro déchet.

Responsable adjointe de l’ONG japonaise Académie zéro déchet, Akira Sakano, siégeait parmi les sept coprésidents du Forum économique mondial de Davos 2019. C’est elle qui est à l’origine de la stratégie zéro déchet des trois « R » : réduire, réutiliser et recycler.

Avec ses quelques 1 700 habitants, Kamikatsu a été la première municipalité japonaise à promouvoir une politique zéro déchet, déjà en 2003. 15 ans plus tard, ses habitants recyclent 45 types de déchets de 13 catégories différentes dans le but d’arriver à l’objectif zéro déchet d’ici 2020, sans avoir recours à l’incinération ou à l’ensevelissement.

« Dans une société zéro déchets, la stratégie des trois ‘R’ est aussi importante que celle des trois ‘L’ : local, low-cost, low impact et low tech [local, bon marché, à faible impact et à faible technologie] », a expliqué Akira Sakano.

« Nous avons atteint un taux de recyclage de 81% contre 20% pour l’ensemble du pays. Avec un tel résultat, nous pouvons prouver au reste du monde que le changement est possible et qu’on peut y arriver en agissant ensemble », a-t-elle ajouté.

Recycler plutôt qu’incinérer

« Je suis originaire de la ville, mais en 2014, j’ai déménagé à Kamikatsu. Je suis persuadée qu’en agissant sur le terrain et à un niveau local on obtient de bien meilleurs résultats que dans une grande ville », déclare-t-elle. Pour obtenir de bons résultats, elle estime que les processus de prise de décision et de mise en œuvre devraient être entièrement repensés.

« Dans l’état actuel des choses, un vrai fossé sépare les décisions prises par les responsables politiques et leur mise en œuvre sur le terrain, et c’est là un enjeu considérable », a-t-elle expliqué.

En premier lieu, les parties prenantes doivent suffisamment connaître le secteur pour pouvoir s’adresser aux gouvernements et aux administrations. « Par exemple, il est important d’être en mesure d’expliquer aux élus locaux qu’il est bénéfique pour l’économie locale d’accueillir des entreprises qui utilisent des matériaux recyclés. »

« Les communautés locales seront d’autant plus motivées à travailler ensemble et à mettre le projet en œuvre quand elles verront son impact positif sur l’économie locale », ajoute-t-elle.

Jusqu’au début des années 2000, le village incinérait ses déchets à l’instar du reste du pays. Le gouvernement japonais a ensuite introduit une série de nouvelles règles visant à réduire les émissions nocives de dioxine. « La municipalité a donc dû fermer ses incinérateurs et trouver une alternative écologique et économique, et elle a forcé ses habitants à repenser complètement leur gestion des déchets. Voilà comment le projet zéro déchet est né. Aujourd’hui, l’incinérateur le plus proche se trouve dans une autre ville, cela nous couterait donc six fois plus de transporter nos déchets pour les incinérer que de les recycler. »

Dix maires européens appellent à la neutralité carbone pour 2050

Les maires de dix grandes villes européennes – dont Paris, Londres, Milan et Barcelone – ont publié une déclaration conjointe pour demander à l’UE d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, comme l’énonce l’accord de Paris.

Une renommée mondiale

Le village est de plus en plus célèbre et qu’un nombre croissant d’étrangers viennent le visiter. « Cela signifie que nous pouvons agir ensemble en échangeant nos expériences et notre expertise », explique la responsable de l’ONG japonaise.

« En tant que communauté locale, nous ne pouvons pas changer le système dans son ensemble, mais nous sommes tous, d’une certaine manière, connectés au reste du monde, et pouvons prouver aux leaders mondiaux qu’il est possible d’atteindre un taux de recyclage de 80 %. Il faut voir ce qui se passe localement, car c’est là que l’on peut observer des actions concrètes, le premier pas nécessaire à un changement plus substantiel », ajoute-t-elle.

L’économie circulaire a connu une transition remarquable ces dernières années. D’abord considérée comme un concept vague, elle est aujourd’hui devenue l‘une des priorités politiques européennes pour laquelle la Commission a récemment reçu un prix mondial à Davos.

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