Moins d’un poisson sur deux est pêché de façon durable

[EPA/STEFAN SAUER]

48 % des stocks de poissons ont été exploités durablement en France métropolitaine* en 2018, selon le bilan présenté ce 1er février par l’Ifremer. 27 % des stocks sont surpêchés et pour un quart d’entre eux l’état est méconnu. Un article de notre partenaire, le Journal de l’environnement.

La connaissance des stocks n’est pas chose aisée. Il faut en effet utiliser de nombreux critères pour évaluer la partie exploitable d’une espèce dans une zone géographique donnée, en particulier la pression de la pêche sur la ressource par rapport au rendement maximum durable (RMD) ou encore le stock de géniteurs disponibles. Les eaux métropolitaines françaises comptant près de 200 stocks, environ un quart d’entre eux ne bénéficient d’aucune évaluation précise.

Parmi ces stocks méconnus, on trouve notamment la dorade royale, le tacaud, la sardine de mer Celtique, le bulot de Manche Est et l’anchois du golfe du Lion. « Nous avons tout de même quelques données sur ces stocks, mais elles sont insuffisantes pour établir une évaluation précise », observe Alain Biseau, coordinateur des expertises halieutiques à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). Chaque année, la connaissance progresse toutefois, avec des données attendues sur la baudroie et le poulpe en Méditerranée.

Durabilité variable

Pour le reste, l’Ifremer a observé que la durabilité de la pêche était meilleure en mer du Nord et en Manche Est (65 %) qu’en mer Celtique et Manche Ouest (39 %). La surpêche y touche respectivement 20 % et 28 % des stocks pour une moyenne nationale de 27 %. Dans la zone Manche-mer du Nord-mer celtique, la plie, le lieu noir et la coquille Saint-Jacques sont dans le vert contrairement au cabillaud, pour lequel l’effort de pêche est supérieur au RMD. A noter que l’Ifremer s’est contenté de vérifier que la mortalité de pêche correspondait au RMD pour déclarer qu’un stock était pêché durablement, sans analyser l’état du stock de géniteurs. Au total, 422 588 tonnes de poissons ont été débarquées en France en 2017.

Surpêche record en Méditerranée

Sans surprise, la Méditerranée connaît les plus mauvais résultats, avec 36 % de stocks surpêchés dans le golfe de Gascogne. 47 % des stocks y sont quand même pêchés durablement, ce qui correspond à la moyenne nationale (48 %). Dans le golfe du Lion, seuls 6 % sont bien exploités, contre 8 % de stocks surpêchés. L’autre problème concerne leur évaluation, qui n’est pas disponible pour 72 % des stocks !

La réduction de la surpêche prend l’eau en Méditerranée

Le plan de gestion adopté par la commission Pêche du Parlement européen interdit le chalutage jusqu’à 100 m de profondeur trois mois par an, mais prévoit de fortes dérogations. Un article de notre partenaire, le Journal de l’environnement.

Le bar en mauvaise posture

Les eaux métropolitaines françaises abritent deux stocks de bar. Le stock du nord, situé de la Manche à la mer Celtique, reste en mauvaise posture. En 2017, le stock de géniteurs a atteint son plus bas niveau historique, passant sous le seuil de la biomasse critique de 10 000 tonnes. Les perspectives pour 2019 ne laissent entrevoir qu’une très légère hausse.

Le stock du sud, situé dans le golfe de Gascogne, est un peu mieux loti. Son stock de géniteurs est encore au-dessus du seuil-limite de 16 000 t, mais il décline régulièrement depuis 2010 et s’approche de la zone rouge. « Les œufs du bar se développent dans les estuaires et sont donc plus sensibles que d’autres espèces aux pollutions marines et aux variations de la salinité », note Alain Biseau. Tous ces résultats visent à orienter au mieux les politiques de gestion des ressources halieutiques au niveau national. Pourtant, le respect du RMD et la vigilance par rapport à l’état du stock de géniteurs ne sont toujours pas pris en compte dans la majorité des stocks.

La surpêche fait perdre emplois et argent à l’UE

Réapprovisionner les stocks halieutiques pourrait créer des milliers d’emplois et stimuler le PIB de l’UE de 4,9 milliards d’euros par an, indique une nouvelle étude.

*par des pêcheurs français

Inscrivez-vous à notre newsletter

S'inscrire