Des élus de Rotterdam veulent plus de rues baptisées en l’honneur de personnalités féminines ou issues de minorités. Selon une étude commandée par l’un des partis au pouvoir, 8 % seulement des voies de la deuxième plus grande ville du pays portent le nom d’une femme, 0 % celui d’une personne aux “origines culturelles différentes”.

“Davantage de femmes et de couleurs sur les petits panneaux bleus. Rotterdam choisira désormais plus de noms de rues exprimant la diversité”, écrit le quotidien national Algemeen Dagblad, dont le siège se trouve à Rotterdam. “La rue Jan-Trucmuche, l’allée Hendrik-le-Énième : des panneaux de rues aux noms d’hommes, surtout blancs, Rotterdam n’en manque pas”, ironise le journal. Soutenue par les partis Groenlinks (gauche verte), SP (gauche radicale), PvdA (sociaux-démocrates) et Nida (parti musulman), Nadia Arsieni, élue du parti centriste D66, a proposé de ne donner désormais aux nouvelles rues que des noms de personnalités féminines et issues de minorités. Selon une enquête commandée par le D66, pratiquement toutes les rues de la métropole portent le nom d’un “homme blanc”. Sa demande a été acceptée, et la mairie veut l’appliquer dès maintenant.

“L’homme blanc disparaît”

Tout le monde ne voit pas forcément cette proposition d’un bon œil. “Femmes et minorités ont la priorité. L’homme blanc disparaît des rues de Rotterdam”, titre de son côté le quotidien de sensibilité de droite De Telegraaf. Une idée que réfute l’adjoint au maire, Bert Wijbenga : “Nous n’allons pas rebaptiser les rues déjà existantes. Et il y aura toujours de la place pour [tous] les grands hommes de Rotterdam.” Selon Jantje Steenhuis, président de la commission des noms de rues de Rotterdam, il n’y a de toute façon pas toujours le choix. “Dans certains cas, il ne sera tout simplement pas possible [de ne pas donner des noms d’‘hommes blancs’], comme sur le terrain de l’ancien hôpital Zuider. Là-bas, un certain nombre de rues doivent porter ceux d’anciens médecins”, a-t-il confié à RTV Rijnmond, la télévision locale de la région de Rotterdam.

Boulevard Beyoncé

L’été dernier, une association féministe avait installé de faux panneaux dans plusieurs rues de Rotterdam. Ainsi, la Witte de Withstraat, l’une des principales rues du centre-ville, s’était brièvement transformée en “boulevard Beyoncé”, en hommage à la star américaine. Witte de With était un amiral de la marine néerlandaise, personnage de l’histoire néerlandaise très controversé aux Pays-Bas pour son rôle dans le colonialisme néerlandais.