Image d'illustration de la zapi de l'aéroport Charles-de-Gaulle. Crédit : InfoMigrants
Image d'illustration de la zapi de l'aéroport Charles-de-Gaulle. Crédit : InfoMigrants

Ce week-end, un migrant enfermé en centre de rétention administrative (CRA) en région parisienne a tenté de mettre fin à ses jours. Un autre a mis le feu à sa cellule. La Cimade, contactée par InfoMigrants, alerte une fois encore sur les conditions de vie déplorables dans les CRA, quelques semaines après plusieurs grèves de la faim entamées dans trois centres de rétention.

Samedi 2 février, un homme a tenté de mettre fin à ses jours en s’ouvrant les veines, au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot, en région parisienne. Le lendemain, une personne retenue dans le même centre a mis le feu à sa cellule.

Depuis longtemps, les CRA français sont régulièrement critiqués par les associations d’aide aux migrants. Tentatives de suicides, droits bafoués, insalubrité… Les conditions de vie y seraient particulièrement difficiles.

Début janvier, une centaine de personnes ont observé une grève de la faim pour protester contre leurs conditions de rétention : une quarantaine d’entre eux étaient au CRA de Vincennes, en région parisienne, d’autres dans le CRA d’Oissel, en Normandie, et environ 70 dans celui du Mesnil-Amelot. Si les deux derniers ont mis fin à leur grève, le centre de Vincennes compterait encore quelques grévistes.

"Au Mesnil-Amelot, 10 personnes entrent et 10 autres sortent chaque jour"

Difficile de suivre les grèves sur le long cours. "Le roulement des personnes retenues est très important en CRA. Dans celui du Mesnil-Amelot, par exemple, 10 personnes entrent et 10 autres sortent chaque jour. Les grèves ne peuvent jamais durer très longtemps", précise Nicolas Pernet, responsable régional rétention à la Cimade Ile-de-France, association présente dans plusieurs CRA de France notamment celui du Mesnil-Amelot . "C’est généralement plutôt des actions symboliques, courtes, qui permettent de mettre en lumière leurs conditions de vie".

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"Ces faits sont presque banals en CRA, ce sont des choses qu’on voit souvent", explique à InfoMigrants Nicolas Pernet. "Il y en a qui s’ouvrent les veines, d’autres avalent des lames de rasoirs, d’autres encore se pendent dans leur cellule", continue-t-il. En effet, en septembre dernier, un migrant s’est suicidé par pendaison alors qu’il était retenu au CRA de Toulouse depuis un mois.

"Perte de poids significative"

Selon la Cimade, les conditions de vie se sont surtout détériorées ces derniers mois. "La hausse du nombre de demandes de placements est significative depuis fin 2017, on constate une augmentation d’environ 15-20%", signale encore Nicolas Pernet qui observe aussi la présence de plus en plus importante de personnes avec des troubles psychologiques.

La nourriture est également source de plaintes. "On remarque une perte de poids significative entre le moment où ils arrivent et celui où ils sortent. Ce ne sont pas les mêmes physiquement", précise le responsable de la Cimade.

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Ces manquements ont déjà été pointées par la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté dans son rapport d’activité de 2017 : "Hygiène déplorable, locaux trop exigus, absence de respect de l’intimité, sécurisation de type carcérale…", écrivait-elle, il y a plus d’un an.

Selon la Cimade, près de 50 000 personnes sont passées par un centre de rétention en France en 2018.

Les centres de rétention administrative sont des lieux de privation de liberté où s’entassent les migrants sans papiers en attente de leur expulsion. Il existe à ce jour, 25 CRA sur le territoire français.

 

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