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Les créations d'usines marquent le pas en France

Le solde des ouvertures et fermetures de sites industriels est resté positif en 2018 pour la deuxième année consécutive. Mais les derniers mois ont marqué un net ralentissement d'activité.

Comme en témoigne la fermeture programmée de l'usine de Ford à Blanquefort en Aquitaine, l'automobile figure parmi les filières les plus touchées par les fermetures de sites.
Comme en témoigne la fermeture programmée de l'usine de Ford à Blanquefort en Aquitaine, l'automobile figure parmi les filières les plus touchées par les fermetures de sites. (Capture d'écran)

Par Emmanuel Grasland

Publié le 5 févr. 2019 à 06:45

Baisse de rythme pour l'industrie française. En 2018, l'Hexagone a continué d'enregistrer un nombre d'ouvertures d'usines plus important que celui des fermetures, selon les annonces recensées dans les médias par le cabinet Trendeo. Mais ce solde positif est tombé à 17 contre 25 l'année précédente. Surtout, les trois derniers mois ont tous été dans le rouge (−2 en novembre, −3 en décembre et −8 en janvier 2019).

Un niveau élevé

Dans l'absolu, l'activité économique des industriels français reste à un niveau élevé, avec un taux d'utilisation des usines manufacturières de 85,2 % au quatrième trimestre, selon l'Insee. Soit un chiffre supérieur à celui de la moyenne de long terme. La situation n'a rien à voir avec celle de 2009, une année noire où la France avait perdu 224 usines en net, ou bien celle de 2013 avec un solde négatif de 141 usines.

Une filière diesel qui inquiète

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Mais le rebond a pris un coup sur la tête, avec une croissance du PIB tombée à 1,5 %, des marchés internationaux moins porteurs et une filière diesel qui inquiète, avec « six établissements en crise avérée à traiter en urgence », selon l'Observatoire de la métallurgie. L'appareil productif français est aussi venu buter sur un manque de flexibilité et de compétences pour répondre à la demande, après une année 2017 qui avait enfin vu des créations de postes dans l'industrie manufacturière.

Ce ralentissement est aussi visible du côté des start-up. Trendeo a recensé 675 annonces de levée de fonds ou de créations d'emplois dans les start-up l'an dernier contre 803 en 2017, même si le montant des levées de fonds est plus important. « Il y a moins d'effervescence. Mais c'est en ligne avec l'évolution économique du pays », estime David Cousquer, gérant du cabinet Trendeo.

Sans surprise, l'imprimerie, l'automobile, la métallurgie, l'habillement ou le meuble ont été les filières les plus touchées par les fermetures de sites en 2018. En témoignent la récente liquidation du fabricant de billets de banques et de cartes grises Arjowiggins Security en Seine-et-Marne, un site vieux de 400 ans, la fermeture programmée de Ford Blanquefort en Aquitaine ou la disparition à l'automne des meubles Grange, une entreprise centenaire de 176 salariés, basée dans le Rhône.

En revanche, la chimie enregistre un solde positif, à l'instar de la création d'une nouvelle usine près de Dunkerque par le spécialiste du traitement de l'eau SNF. Même constat pour le luxe, grâce aux ouvertures d'ateliers réalisées par des acteurs comme Hermès, LVMH ou même le belge Delvaux.

Dix ans de « crise des usines »

Dix ans de « crise des usines » ont néanmoins eu un lourd impact sur le plan régional. Le Nord-Pas-de-Calais, la Lorraine ou la Picardie ont vu leur tissu industriel rétrécir depuis 2009, avec des soldes négatifs de −49, −56 et −53. Rhône-Alpes a aussi perdu du terrain (−42) mais c'est le Centre qui a battu tous les records avec un solde négatif de −87 ! « Beaucoup de sous-traitants de la région ont fermé leurs portes durant ces années, notamment dans la cosmétique », explique David Cousquer.

Une dépendance qui effraie

Si l'on met de côté l'outre-Mer, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Midi-Pyrénées sont au final les seules régions françaises à ne pas avoir perdu d'usines depuis 2009 (+10 et +5 respectivement). Dans le cas de Midi-Pyrénées, c'est grâce à l'aéronautique. En mai dernier, Latécoère y a encore inauguré une usine du futur, entièrement automatisée, dans laquelle le groupe a investi 37 millions d'euros. Mais la dépendance quasi absolue de la région à ce secteur effraie aussi. « Cela m'incite à y limiter les investissements car en cas de retournement, il serait quasi impossible de redéployer mes salariés sur d'autres secteurs », glisse à mots couverts un prestataire de services d'Airbus. Même dans les secteurs les plus solides de l'industrie française, la prudence reste à l'évidence le maître mot.

Emmanuel Grasland

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