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SANTÉ Dix conseils de prévention pour réduire ses risques de cancer

Quatre cancers sur dix résultent de l’exposition à des facteurs de risques liés aux modes de vie et aux comportements. Adopter certains comportements permet ainsi de réduire son risque individuel de cancer. En voici quelques exemples à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer.
Sylvie MONTARON - 05 févr. 2019 à 10:02 | mis à jour le 04 févr. 2020 à 15:43 - Temps de lecture :
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Ne pas fumer

En tête des facteurs de risques, le tabac est à lui seul responsable de 20 % des cancers (29 % chez les hommes et 9,3 % chez les femmes) avec plus de 68 000 nouveaux cas par an (1).

Il est responsable de plus de 80 % des cancers du poumon et 70 % des cancers des voies aérodigestives supérieures. Il est impliqué au total dans le développement de 17 cancers : vessie, foie, pancréas, estomac, rein, col de l’utérus, sein, côlon, ovaire et certaines leucémies.

Arrêter de fumer est toujours bénéfique : cinq ans après la dernière cigarette, le risque de cancer du poumon diminue presque de moitié, et après 10 à 15 ans, l’espérance de vie redevient identique à celle des personnes n’ayant jamais fumé.

Le moins d’alcool possible

Classé cancérigène par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l’alcool est responsable de 8 % des cancers. Près de 58 % des cancers de l’œsophage, 16 % des cancers du côlon-rectum et 15 % des cancers du sein sont dus à la consommation d’alcool. Les études montrent une augmentation du risque dès la consommation moyenne d’un verre par jour.

Pour réduire les risques, il est recommandé de ne pas consommer d’alcool régulièrement ; en cas de consommation, réduire autant que possible la quantité comme la fréquence. Le risque de développer un cancer des voies aérodigestives supérieures diminue après dix ans d’arrêt de la consommation ; après vingt ans, il ne diffère plus significativement de celui des personnes n’ayant jamais bu.

Garder un poids normal

Le surpoids et l’obésité sont responsables de 5,4 % des cancers. Ces facteurs sont associés à un risque de développer un cancer de l’œsophage, du pancréas, colorectal, du sein (après la ménopause), de l’endomètre, du rein, de la vésicule biliaire, de l’ovaire, du foie…

Par ailleurs, après un cancer, le surpoids et l’obésité augmentent le risque de mortalité, de récidive ou de développer un autre cancer. Les conseils de prévention consistent à maintenir un poids normal, soit un IMC compris entre 18 et 25 (2).

Manger équilibré

L’alimentation déséquilibrée est également responsable de 5,4 % des cancers chez les Français. La viande rouge ainsi que la viande transformée, parmi laquelle la charcuterie, ont été classées cancérigènes par le Circ, tandis que le rôle protecteur des fruits, légumes et fibres est de plus en plus établi.

Les dernières recommandations sur l’alimentation, publiées le 22 janvier par Santé Publique France, incitent à augmenter la consommation des fruits, légumes, légumineuses et fruits à coques, à respecter les saisons, privilégier le bio et les préparations maison, tout en réduisant la consommation de viande, les produits et les boissons sucrées, ainsi que les produits salés.

Se protéger des infections

Les agents infectieux sont responsables de 4 % des cancers. Au premier rang : le papillomavirus (HPV), responsable en 2015 de 4 500 cancers chez les femmes, essentiellement du col de l’utérus, mais aussi de 1 800 cancers chez l’homme, principalement de la gorge, en hausse ces dernières années.

La vaccination des jeunes filles contre les HPV est recommandée depuis 2007, mais reste faible en France (15 % en 2015). Dans un communiqué publié ce 4 février, le Circ, basé à Lyon, s’alarme contre la progression du cancer du col utérin au niveau mondial si des mesures préventives ne sont pas mises en place, et souligne que la vaccination contre le HPV est « sans danger, efficace et essentielle » dans cette lutte.

En France, le dépistage généralisé du cancer du col utérin sera lancé cette année pour les femmes de 25 à 65 ans.

Bouger

La sédentarité – c’est-à-dire pratiquer moins de 30 minutes d’activité physique par jour – est responsable de 0,9 % des cancers. Des études ont mis en évidence un risque accru dans le cancer du côlon, du sein, de l’endomètre, du poumon, du rein et de la vessie. A contrario, pratiquer une activité physique régulière fait diminuer le risque de cancer du côlon, du sein et de l’endomètre.

Pour les adultes de 18 à 65 ans, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de pratiquer par semaine au moins 2 h 30 d’une activité physique d’intensité modérée. La France recommande de pratiquer 30 minutes d’activité physique, d’intensité modérée à élevée, au moins cinq jours par semaine, en évitant de rester deux jours consécutifs sans pratiquer.

Pratiquer une activité d’intensité modérée, c’est par exemple : passer l’aspirateur, laver les fenêtres, tondre la pelouse, bricoler, monter et descendre des escaliers, marcher d’un pas vif, faire du vélo sur terrain plat, de l’aquagym…

Se protéger au travail

Près de 4 % des cancers sont dus à une exposition à des agents cancérigènes dans le cadre du travail : rayonnements ionisants, amiante, benzène, silice, virus, etc. Chez les ouvriers, cette proportion atteint les 20 %. La prévention passe par l’évaluation des risques et la substitution des substances, quand cela est possible.

À Lyon, une consultation spécifique “cancers professionnels” est proposée en collaboration par le Centre Léon-Bérard et les Hospices civils de Lyon, afin que les patients puissent bénéficier d’une démarche systématique de recherche des expositions professionnelles des cancers indemnisables en maladie professionnelle. Elle s’adresse particulièrement aux patients atteints d’un cancer du poumon et d’un mésothéliome.

Se protéger du soleil

Les rayonnements UV du soleil sont responsables de 3 % des cancers et ceux des cabines de bronzage de 0,1 %. Les UV émis par ces cabines ont été classés comme « cancérogène certain » par le Circ en 2009.

Après les dermatologues et l’Académie de médecine, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) a demandé aux pouvoirs publics d’interdire ces installations en France, dans un avis rendu en octobre.

Selon l’Anses, « aucune valeur limite d’irradiance ou de dose ne peut être fixée pour protéger les utilisateurs », et les personnes ayant eu recours au moins une fois aux cabines de bronzage avant l’âge de 35 ans augmentent de 59 % le risque de développer un mélanome. En France, 43 % des mélanomes chez les jeunes peuvent être attribués à une utilisation de ces cabines avant l’âge de 30 ans.

Concernant le soleil, il est recommandé d’éviter de s’exposer entre 12 et 16 heures, de se couvrir (tee-shirt, chapeau, lunettes de soleil) et d’utiliser de la crème solaire toutes les deux heures.

Hormones : évaluer la balance bénéfices-risques

Responsables de 0,6 % des cancers chez la femme, les traitements hormonaux de la ménopause devraient être prescrits « uniquement aux femmes présentant des symptômes très lourds, et pas au-delà d’un an », souligne le Dr Béatrice Fervers, responsable du département Cancer et Environnement au Centre Léon-Bérard, à Lyon.

Quant à la pilule, responsable globalement de 0,2 % des cancers, ses effets sont plus complexes. Ainsi, la pilule microprogestative peut accroître le risque de cancer du sein et de l’utérus. C’est aussi le cas des pilules combinées, qui augmentent également le risque de cancer du foie, mais ces pilules font également baisser le risque de cancers de l’ovaire et de l’endomètre.

Limiter certaines expositions

Si les effets de tous les facteurs cités plus haut sont désormais bien établis, de forts soupçons pèsent aujourd’hui sur d’autres substances, sans qu’un niveau de preuve suffisant puisse encore être apporté.

C’est le cas pour des polluants de l’air, les dioxines, les pesticides, certains métaux lourds ou encore les perturbateurs endocriniens. « Il y a une sous-estimation du nombre de cancers qui leur sont attribuables, car on manque de données sur l’exposition à ces agents, alors que pour le tabac ou l’alcool, on a ces données », explique le Dr Fervers.

La prévention consiste donc à appliquer le principe de précaution en limitant le plus possible l’exposition à ces substances, particulièrement à certaines périodes de l’existence, comme la grossesse ou les premiers âges de la vie.

(1) Source : BEH n° 21 du 26 juin 2018 de Santé publique France.

(2) Calcul de l’indice de masse corporelle (IMC) : poids/taille x taille.

Investir dans la prévention permettra d’éviter les cancers du futur. Ce sont les cancers d’ici à 30 ans sur lesquels on peut interférer aujourd’hui

Dr  Béatrice Fervers, cancérologue au Centre Léon-Bérard

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Le site de production de médicaments en immunotéhrapie de Sanofi Genzyme à Gerland.  Photo Joel PHILIPPON

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L’exposome

Inventé en 2005 par Chris Wild, ancien directeur du Centre international de recherches sur le cancer à Lyon, l’exposome est un concept correspondant à la totalité des expositions à des facteurs environnementaux (c’est-à-dire non génétiques) subis par un organisme humain depuis sa conception jusqu’à sa mort en passant par le développement in utero.

Génomique

C’est l’étude du patrimoine génétique. En cancérologie, elle permet de dresser la carte d’identité des tumeurs pour préciser le diagnostic de cancer, évaluer son pronostic et personnaliser la prise en charge en adaptant le traitement à la tumeur grâce à des thérapies ciblées. En France, 28 plateformes dont celle de l’Institut de cancérologie des Hospices civils de Lyon réalisent ces analyses. Dans le cadre du plan France Médecine Génomique, deux plateformes pilotes ont été retenues pour étendre l’accès à ces analyses, dont la plateforme AuraGEN en Auvergne Rhône-Alpes, à l’hôpital Edouard-Herriot. Dès mars, cette plateforme de séquençage très haut-débit réalisera les analyses de la moitié Sud de la France.

Biopsie liquide

Parmi les approches innovantes, la “biopsie liquide”, développée aux HCL dans le cadre du programme CIRCAN, permet d’analyser les caractéristiques génétiques des tumeurs à partir d’une simple prise de sang. Dans le cancer du poumon, cette technique peu invasive permet de détecter très tôt les résistances et d’adapter les traitements.

L’immunothérapie

Renforcer les défenses immunitaires du patient pour qu’elles détruisent les cellules cancéreuses : c’est le principe de l’immunothérapie. Ce traitement est porteur d’espoirs car il est plus efficace dans certains cancers, comme le mélanome, le cancer du poumon, certains lymphomes, les cancers de la vessie, des cancers de la bouche et de la gorge.

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