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Transports

Les voitures autonomes incitées à ne jamais se garer

Selon une étude américaine, il est économiquement plus avantageux pour une voiture autonome de rouler indéfiniment que de se garer. D’où un risque d’embouteillage accru en ville.

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Interstate 80 près de Berkeley dans la Baie de San Francisco. CC by SA 3.0

Interstate 80 dans la Baie de San Francisco, près de Berkeley et Emeryville, en mai 2005.

Minesweeper

EMBOUTEILLAGE. Parmi tous les problèmes que posent encore les voitures autonomes, l’un des derniers mis en lumière n’est pas technique mais économique. Professeur associé au département des études environnementales de l’université de Californie à Santa Cruz, spécialiste d’économie et de politique d’environnement, Adam Millard-Ball a mené une étude établissant qu’il était plus intéressant d’un point de vue financier, pour ces véhicules, de… ne jamais se garer. Avec pour résultat d’occasionner des embouteillages monstres en ville.

Cette recherche a été publiée dans la revue Transport Policy. Elle se base sur deux arguments. Le premier étant qu’un véhicule autonome « n’a pas besoin de se garer à proximité de sa destination, ni même de se garer tout court » écrit le chercheur dans son article. En effet, l’automobiliste peut quitter la voiture sans se soucier de lui trouver une place, puisqu’elle peut continuer de rouler toute seule. Il la fait s’arrêter où il veut, en descend, et elle repart avant de revenir chercher son passager à un endroit donné.

Il vaut mieux rouler que stationner

L’autre argument concerne le coût d’une telle pratique. Face aux tarifs des stationnements urbains, il reste plus intéressant pour une telle voiture de continuer à rouler. Elle est capable de calculer la bonne vitesse et le bon itinéraire qui lui permettront de minimiser sa dépense énergétique. Résultat ? Un surcroît de circulation dans les rues avec des véhicules qui tournent en rond pour rien et des embouteillages en plus. Pire : tous les véhicules autonomes d’une ville donnée vont aboutir aux mêmes calculs et encombrer les mêmes rues « transformées en un parking mouvant et très lent. Dans le cas d’une telle congestion de trafic, même les véhicules électriques actuels avec une réserve de batterie limitée peuvent tourner l’essentiel de la journée. »

L’article appuie sa thèse par une démonstration avec le centre-ville de San Francisco - ce que les Américains nomment “downtown”. Le chercheur a utilisé une base de données servant à modélisation urbaine effectuée par le comté de San Francisco, compilant 109 trajets vers ou à partir de downtown un jour de semaine en 2015. Deux tiers des trajets en direction du centre entraînent un coût de stationnement de l’ordre, en moyenne, de 1,28 dollar par heure ou 4,66 dollars par trajet. Or, un véhicule autonome en train de tourner en rond, en descendant à une vitesse de 2 km/h (en 2017, la vitesse moyenne dans San Francisco était de 14 km/h), correspond à un coût de 0,48 dollar de l’heure.

Résultats ? Les véhicules autonomes sont “incités” à rouler à vide, pour rien, aussi lentement que possible. Pire, le coût horaire très bas de cette pratique, comparé aux tarifs de stationnement, est un encouragement à prendre la voiture, et donc risque de multiplier la présence de voitures en ville. Le chercheur, qui a aussi pris pour référence la pratique très américaine d’être seul dans sa voiture (un trajet/une personne/un véhicule), estime qu’avec moins de 4.000 engins sans chauffeur, on roulerait dans certaines rues à moins de 2 km/h.

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