Gina Martin, la femme qui a fait interdire les photos sous les jupes en Angleterre

Grâce à Gina Martin, il est désormais interdit de prendre en photo sous les jupes des filles ©Getty - Bushturkey Studio
Grâce à Gina Martin, il est désormais interdit de prendre en photo sous les jupes des filles ©Getty - Bushturkey Studio
Grâce à Gina Martin, il est désormais interdit de prendre en photo sous les jupes des filles ©Getty - Bushturkey Studio
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Lors d'un festival en 2017, des garçons prennent avec leur smartphone une photo sous la jupe de Gina Martin. Un an plus tard, elle a réussi a faire passer une loi pour interdire cela au Royaume-Uni. C'est la femme de la semaine.

Le hashtag de la semaine. 

« Standupjapan », littéralement « Japon, lève toi », c’est le mot clé qui tourne actuellement sur les réseaux sociaux japonais. On le doit à une étudiante tokyoïte, Kazuna Yamamoto. Fin décembre, elle tombe sur un numéro de la revue Spa !, pas généralement hyper connue pour ses prises de positions en faveur d’une sorte d’égalité hommes-femmes. Bref, là, il y a ce classement des universités où l’on trouve le plus de filles faciles, assorti d’un mode d’emploi pour mieux les attraper. Kazuna voit rouge, et lance sur Facebook une pétition, assortie de ce hashtag, pour obtenir des excuses du magazine. Au départ, elle n’en attend pas grand chose. Il faut dire que le Japon est assez mauvais élève en matière de rapport hommes-femmes, classé 110ème sur 149 par le Forum Economique Mondial. D’ailleurs, le mouvement MeToo s’est fait sans lui : rien, aucun bruit. Jusqu’ici, jusqu’à cette pétition. Parce que là, surprise, ça fonctionne. En quelques jours, 50 000 signatures. 

Kazuna Yamamoto est alors invitée sur tous les plateaux de télé. Avec même, un soir, face à elle, le patron de Spa ! qui présente des excuses aussi officielles que télégéniques. Excuses de pure forme, en réalité, absolument pas sur le fond. Kazuna Yamamoto a donc décidé de ne pas en rester là : elle veut porter l’affaire devant le parlement. Ça pourrait en faire ma femme de la semaine, mais j’en ai une autre, Ex æquo, allez !

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La femme de la semaine s’appelle Gina Martin

Elle est anglaise et elle a 27 ans. Été 2017, elle assiste à un festival de rock avec sa sœur. Un groupe de jeunes types les aborde, elles s’éloignent, ils les suivent, les bousculent, elles s’éloignent encore. Et puis, intriguée par leurs rires, Gina Martin se retourne : ils sont hilares devant une photo d’elle, prise au smartphone, sous sa jupe. Furieuse, elle arrive à leur arracher le téléphone, elle fend la foule, fonce sur la police, leur met l’écran sous le nez, leur demande d’intervenir, d’arrêter ces Helmut Newton de la petite culotte, mais non. Non, rien à faire. 

Aucun texte de loi n’interdisant ce genre de pratique, Gina Martin n’a plus qu’à rentrer chez elle, pester, rager peut-être, mais oublier, passer à autre chose. Ce que les policiers lui ont évidemment conseillé de faire. 

Sauf qu’elle a sa petite idée, la Gina. Sur son téléphone à elle, un selfie, d’elle et sa sœur. En arrière plan, on voit très bien, pour le coup, ceux qui ont glissé leur téléphone sous sa jupe. Hop, photo balancée sur Facebook avec un récit circonstancié des événements. Immédiatement, la photo devient virale, vue et partagée des dizaines de milliers de fois. Bien, mais Gina peut faire mieux, Gina le sait, alors Gina fait : étape deux, elle prend un avocat, avec qui elle passe très vite à l’étape trois, les politiques, le parlement, la loi. Après un an et demi de bagarre législative, médiatique, héroïque, la reine elle-même vient de promulguer ce texte : désormais, toute personne ayant pris une photo sous la jupe ou la robe d’une femme sans son consentement risque deux ans de prison. Aujourd’hui, Gina Martin exulte. Mais pas seulement pour elle. 

Oui, les temps ont changé. Et oui, oui, oui, j’entends vos inquiétudes. Je sais le risque d’une privation des libertés, d’un musellement de l’expression artistique, d’une invasion puritaine qui plomberait les rapports hommes-femmes, contraignant nos smartphones, bridant nos objectifs, castrant nos pouces même… Et on peut plus rien dire, et on peut plus séduire, et c’est flatteur quand même une photo sous une jupe ça veut dire que t’as une belle jupe. Et si on peut pas photographier sous les jupes, alors bon, on peut photographier quoi ? Alors, hein, quoi ? Du calme. Vous trouverez. 

L’appli de la semaine. 

Son petit nom c’est Absher. Mise au point par les autorités saoudiennes, elle permet aux hommes de pister leurs femmes, leurs sœurs, leurs filles au cas où celles ci voudraient voyager seules, ce qu’elles n’ont pas le droit de faire. Elles tentent de passer une douane, de rentrer dans un aéroport ? Absher aboie, comme un bon chien de berger : SMS envoyé, l’homme est alerté, la femme arrêtée. Ben quoi ? Ca va ! En deux ans, elles ont déjà obtenu le droit de conduire, d’entrer dans des stades et de monter leur entreprise sans demander l’autorisation de leur mari, vous voudriez pas, non plus, qu’elles puissent circuler librement, non ? 

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