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Ces expressions de La Fontaine que vous citez sans le savoir

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EXPRESSIONS - «La mer à boire», «Montrer patte blanche»... Le fabuliste, grâce à ses merveilleuses histoires, nous a laissé en héritage une multitude de formules que nous énonçons au quotidien. Le Figaro vous propose de les redécouvrir.

Nous l'avons tous lu. À l'école, dans une bibliothèque; enfant ou adulte. Qu'importe! Les fables du plus grand conteur du XVIIe siècle nous accompagnent depuis toujours. À tel point que certaines de nos expressions viennent tout droit de ses écrits. Le Figaro vous propose de les redécouvrir grâce à l'ouvrage Les 1001 expressions préférées des Français de Georges Planelles.

● Montrer patte blanche

La formule signifie «donner un signe de reconnaissance, une autorisation pour pouvoir entrer dans un lieu ou participer à une assemblée», note Georges Planelles. Plongeons-nous donc dans la fable de celui qui «a popularisé cette expression»: «Le loup, la chèvre et le chevreau».

C'est l'histoire d'une bique qui s'en va «paître l'herbe nouvelle», laissant la garde de la maisonnée à «son bique». Ce dernier a une mission: ne pas ouvrir la porte à moins d'entendre Foin du loup et de sa race! Mais le loup, qui traîne dans les parages, entend le mot de passe. «La bique, comme on peut croire, N'avait pas vu le glouton». La bête, pipeuse, s'approche donc et «demande qu'on ouvre en disant: ‘‘Foin du loup!''». «Le biquet, soupçonneux par la fente regarde: «Montrez-moi patte blanche, ou je n'ouvrirai point». La Fontaine fait très justement remarquer: «Patte blanche est un point Chez les loups, comme on sait, rarement en usage». Le loup «Comme il était venu s'en retourna chez soi.» Morale de l'histoire: «Deux sûretés valent mieux qu'une, Et le trop en cela ne fut jamais perdu».

● Ce n'est pas la mer à boire!

La métaphore est efficace. Elle traduit l'idée d'une tâche réalisable «au prix de difficultés souvent insurmontables». La formule date du XVIIe siècle et nous vient de la fable «Les Deux Chiens et l'Âne mort». La Fontaine met en scène deux chiens qui, affamés, ne peuvent résister à l'envie de déguster un âne mort. Seulement voilà, la bête flotte dans l'eau. Pour la récupérer, il leur faut «nager contre le vent». C'est bien trop risqué, vous comprenez! Les deux mâtins décident donc de boire toute l'eau: «Notre gorge altérée En viendra bien à bout: ce corps demeurera Bientôt à sec, et ce sera Provision de la semaine.» Résultat: «Ils perdirent l'haleine Et puis la vie; Ils firent tant Qu'on les vit crever à l'instant».

Conclusion: «L'homme est ainsi bâti: Quand un sujet l'enflamme

L'impossibilité disparaît à son âme»

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● Lâcher la proie pour l'ombre

L'expression signifie «abandonner quelque chose de palpable, de réel pour quelque chose d'hypothétique, une espérance vaine». Pour être tout à fait exact, le proverbe nous vient d'Ésope «qui en a formulé le principe dans ‘‘le chien qui porte de la viande'', idée reprise ensuite par Phèdre et par notre fabuliste», note Georges Planelles, dans la fable «Le chien qui lâche sa proie pour l'ombre»:

«Ce chien, voyant sa proie en l'eau représentée,

La quitta pour l'image, et pensa se noyer.

La rivière devint tout d'un coup agitée;

A toute peine il regagna les bords,

Et n'eut ni l'ombre ni le corps.»

C'est le prix à payer pour ceux qui ne savent se contenter de ce qu'ils ont. En courant aveuglément vers le succès, ils perdent ce qu'ils avaient acquis.

● Adieu, veau, vache, cochon, couvée

Cette formule est «généralement citée lorsqu'on doit, avec déception, faire une croix sur ce qu'on espérait». On la trouve dans «Perrette et le pot au lait». L'histoire d'une laitière qui, alors qu'elle se rend au village pour vendre sa production, rêve de la somme qu'elle s'apprête à gagner. Avec cet argent, elle prévoit d'acheter des œufs, s'occuper de quelques poulets qu'elle pourra ensuite vendre pour acquérir un cochon. Une fois engraissé, et vendu, elle s'imagine alors posséder une vache et un veau. «Autant dire que Perrette se voit à terme à la tête d'un élevage de grande taille». Oui, mais ses rêveries la font trébucher. Son pot de lait ainsi que ses illusions se brisent. «Adieu, veau, vache, cochon, couvée!»

● Jouer/ faire la mouche qui coche

«Une personne qui s'agite beaucoup sans apporter d'aide ou qui est empressée inutilement». Un coche désigne un véhicule de transport public tiré par des chevaux. «Il transportait surtout les gens pauvres, les riches ayant leur carrosse personnel».

Mais l'expression qui nous concerne est issue de la fable «Le Coche et La Mouche» qui conte l'histoire d'un coche «dont les six chevaux qui le tirent n'arrivent pas à le sortir d'une situation difficile». Apparaît alors une mouche qui intervient «de façon très désordonnée». Une fois le véhicule sorti d'affaire, l'insecte en tire toute la gloire.

«Ainsi certaines gens, faisant les empressés,

S'introduisent dans les affaires:

Ils font partout les nécessaires,

Et, partout importuns, devraient être chassés».


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Ces expressions de La Fontaine que vous citez sans le savoir

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13 commentaires
  • bichelene

    le

    Je suis un peu choqué par ces articles sur la langue française où le journaliste a l'impression que ses lecteurs sont ignares et l'ont attendu pour atteindre "à la culture" Quand on voit l'orthographe de certains de vos journalistes ce sont plutôt eux qui devraient prendre des cours. NB la mouche DU coche.

  • $$$$

    le

    C'est qui La Fontaine ? une star du Rap ?

  • Michel de Guibert

    le

    La mouche du coche, pas "la mouche qui coche" !

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