Aux États-Unis, la faillite de Pacific Gas Electric (PGE), un géant de l’énergie, illustre de façon très tangible ce que représente le risque climat. Soupçonnée d’être à l’origine des incendies qui ont dévasté la Californie en novembre dernier, l’entreprise paye au prix fort - et seule - la mauvaise prise en compte des impacts climatiques sur son activité dans une région de plus en plus en proie à la sécheresse.

"C’est la première faillite liée au changement climatique, probablement pas la dernière", titrait le Wall Street Journal daté du 18 janvier. Le quotidien américain réagissait à l’annonce quelques jours auparavant de la mise en faillite de Pacific Gas & Electric (PG&E), un géant de l’énergie américain, fournissant la moitié des foyers de la Californie. Il est accusé d’être à l’origine des énormes feux de forêt qui ont frappé l’État en novembre dernier faisant 86 morts et détruisant 14 000 maisons.
Mépris délibéré
Un de ses pylônes serait entré en contact avec une ligne à haute tension, provoquant des étincelles qui auraient enflammé la végétation voisine. Une enquête est en cours, et d’ores et déjà 750 plaintes ont été déposées contre PG&E, coupable tout désigné de cette catastrophe. L’entreprise estime à 30 milliards de dollars la somme des dédommagements réclamés.
"Il est clair que le ‘Camp Fire’ résulte du mépris délibéré affiché par PG & E pour la sécurité publique", accuse le comté de Butte, qui a porté plainte contre l’opérateur pour défaut d’entretien de la végétation à proximité des lignes électriques. Il faut dire que son passif ne plaide pas en sa faveur. L’entreprise a aussi été mise en cause dans les incendies de 2017 (40 morts) et a été condamnée après une explosion de gaz à San Francisco en 2010 (8 morts) pour mauvais entretien du réseau. 
Plusieurs responsables, un seul coupable
Ce cas d’école, le premier du genre, illustre le danger imminent que le climat fait peser sur les entreprises alors que beaucoup d’entre elles le considèrent encore comme un risque lointain. PG&E paye au prix fort son manque d’anticipation face à l’intensification d’incendies massifs liés au changement climatique ces dernières années. Une entreprise avertie aurait par exemple pu enterrer tout ou partie de ses lignes, déblayer les zones autour des pylônes, placer des capteurs pour détecter tout départ de feu…
Évidemment, PG&E n’est pas le seul responsable. Les sécheresses, le mauvais entretien des massifs, l’étalement urbain jusque dans les zones forestières sont autant d’éléments qui ont fait du ‘Camp Fire’ un événement extrême aux conséquences désastreuses. Mais, aux yeux de la justice californienne, PG&E sera seul sur le banc des accusés s’il s’avère qu’il a effectivement déclenché l’incendie.
Cette affaire pourrait agir comme un signal d’alarme pour les entreprises et les investisseurs du monde entier afin qu’ils prennent mieux prendre en compte le risque climat. "Quand ces bulles de carbone éclateront, nous verrons d’énormes répercussions sur notre système financier, parce que le changement climatique est un risque tellement généralisé qu’il touche chaque domaine de nos vies", explique Beau O’Sullivan, porte-parole de ShareAction, un organisme britannique qui milite pour des investissements responsables. La question qui est maintenant sur toutes les lèvres : qui sera le prochain ?
Concepcion Alvarez, @conce1

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