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L’ONU appelle à faire plus pour éliminer les mutilations génitales féminines d’ici 2030

Une femme pratiquant les mutilations génitales féminines avec sa petite-fille âgée de 10 ans, à Diaami, au Somaliland (Somalie). La fillette devait subir une mutilation mais elle est malade à cause d'une infection et sa grand-mère préfère attendre.
Photo UNFPA/Georgina Goodwin
Une femme pratiquant les mutilations génitales féminines avec sa petite-fille âgée de 10 ans, à Diaami, au Somaliland (Somalie). La fillette devait subir une mutilation mais elle est malade à cause d'une infection et sa grand-mère préfère attendre.

L’ONU appelle à faire plus pour éliminer les mutilations génitales féminines d’ici 2030

Femmes

A l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines célébrée chaque année le 6 février, les Nations Unies ont appelé à prendre davantage de mesures concrètes pour éliminer cette « forme odieuse de violation des droits fondamentaux des femmes et des filles ».

« Il s’agit d’un déni de leur dignité, d’une mise en péril de leur santé et d’une source de douleur et de souffrances inutiles, risquant même de se traduire par leur mort », a rappelé le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un message publié à l’occasion de la Journée.

L’élimination des mutilations génitales féminines est d’une importance capitale « car elles ont des conséquences physiques, psychologiques et sociales à long terme », ont pour leur part souligné le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) et l'entité des Nations Unies consacrée à l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (ONU Femmes) dans une déclaration commune.

Au moins 200 millions de filles et de femmes en vie aujourd’hui ont subi une mutilation génitale, l’un des actes de violence sexiste les plus inhumains au monde.

Les trois agences onusiennes rappellent que les mutilations génitales féminines violent les droits des femmes à la santé sexuelle et reproductive, à l’intégrité physique, à la non-discrimination et à une vie exempte de tout traitement cruel ou dégradant. « Ces pratiques constituent également une entorse à la déontologie médicale : les mutilations génitales féminines ne sont jamais sans risque, même si elles sont effectuées par un personnel de santé dans un endroit stérile », ont-elles expliqué.

« Les mutilations génitales féminines trouvent leur origine dans les inégalités et les déséquilibres de pouvoir entre hommes et femmes », a rappelé M. Guterres. Une situation renforcée par le peu de possibilités offertes aux filles et aux femmes de réaliser pleinement leur potentiel et leurs droits.

Pour l’UNICEF, l’UNFPA et ONU Femmes, le problème des mutilations génitales féminines ne peut être traité indépendamment des autres formes de violence à l’égard des filles et des femmes ou d’autres pratiques néfastes comme les mariages précoces et forcés. « Afin d’éliminer cette pratique, nous devons nous attaquer aux causes profondes des inégalités entre les sexes et œuvrer en faveur de l’autonomisation socio-économique des femmes », ont souligné les trois agences.

Un objectif atteignable avec des mesures immédiates

En 2015, l’écrasante majorité des dirigeants de la planète ont fait de l’élimination des mutilations génitales féminines l’une des cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

« C’est un objectif atteignable. Nous devons donc prendre des mesures immédiates pour concrétiser cet engagement politique », ont dit l’UNICEF, l’UNFPA et ONU Femmes, car des dizaines de millions de filles courent encore le risque d’être mutilées.

Les trois agences onusiennes appellent à la mise en place de nouvelles politiques et législations pour protéger les droits des filles et des femmes. Les gouvernements de pays où les mutilations génitales féminines sont répandues doivent également élaborer des plans d’action nationaux visant à mettre fin à cette pratique. Pour être efficaces, ces plans doivent inclure les lignes budgétaires consacrées à des services complets de santé sexuelle et reproductive, d’éducation, de protection sociale et d’assistance juridique.

Pour l’ONU, les déclarations publiques en faveur de l’élimination des mutilations génitales féminines doivent s’accompagner de stratégies globales de changement des normes sociales qui cautionnent les mutilations génitales féminines.

À l’échelle locale, l’UNICEF, l’UNFPA et ONU Femmes attendent des chefs religieux qu’ils fassent tomber les mythes selon lesquels les mutilations génitales féminines sont ancrées dans la religion. « Étant donné que les pressions sociétales favorisent souvent cette pratique, les individus et les familles ont besoin de davantage d’informations sur les bienfaits découlant de son abandon », ont-elles souligné.

« Grâce aux efforts concertés des gouvernements, de la société civile, des communautés et des individus, les mutilations génitales féminines déclinent », reconnaissent l’UNICEF, l’UNFPA et ONU Femmes. « Toutefois notre objectif ne se résume pas à faire reculer cette pratique, nous voulons réduire le nombre de mutilations génitales féminines à zéro ».