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Football

Football féminin: Corinne Diacre, la discrétion et l’efficacité

Pionnière dans un milieu du football encore assez hermétique à la gent féminine, Corinne Diacre, 44 ans, a pris en main le destin de l’équipe féminine de football qui jouera le Mondial 2019 à domicile, du 7 juin au 7 juillet. L'ancienne internationale avait auparavant été la première femme à entraîner un club masculin dans l’élite française, à Clermont-Ferrand en Ligue 2.

Corinne Diacre lors d'une rencontre amicale des Bleues face au Chili, le 15 septembre 2017.
Corinne Diacre lors d'une rencontre amicale des Bleues face au Chili, le 15 septembre 2017. CHARLY TRIBALLEAU / AFP
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Une pionnière. Voilà comment il serait possible de qualifier Corinne Diacre, actuellement à la tête de l’équipe de France féminine. L’ex-internationale aux 121 capes a été la première femme à obtenir le brevet d’entraîneur professionnel en 2014. La même année, elle prend les rênes du club de Clermont-Ferrand en Ligue 2 devenant ainsi la toute première à entraîner dans l’élite française.

Un poste mérité

Jusqu’à la nomination de Corinne Diacre à la tête de l’équipe de France, le 30 août 2017, seule Elisabeth Loisel avait officié avec les Bleues. « Le choix de la fédération a été pertinent et il n’y a rien de rien de surprenant. Elle mérite amplement ce poste au regard de son parcours et surtout de ses compétences », commente pour RFI Marinette Pichon qui restera la première joueuse française à sortir de l'anonymat. Son ex-coéquipière ajoute : « On doit cesser de parler du sexe, mais uniquement de compétences. Corinne Diacre est capable d’animer une équipe, elle a fait ses preuves et son évolution est légitime. Il faut arrêter de faire des comparaisons entre les hommes et les femmes, mais ne faire appel qu’à des gens compétents. »

Corinne Diacre avait été en 2015 élue meilleure coach de Ligue 2. D’ailleurs, c’est en 2016 que la Fédération avait déjà tenté de l’enrôler pour prendre en main le destin de la sélection française. Mais Corinne Diacre avait refusé, arguant qu’elle ne se voyait pas laisser tomber Clermont-Ferrand.

« Je suis persuadé que si elle avait continué en club, elle aurait pu aller loin. Ce qu’elle a fait à Clermont, c’est extraordinaire. Avec l’avant-dernier budget, sur trois ans, elle joue la montée pendant deux ans. Elle aurait mérité un banc en Ligue 1. Ce n’est pas évident pour un club d’avoir la première femme coach. Il y a des barrières à casser. Le jour où une formation va le faire, ça va laisser des opportunités », commente Gaëtan Laborde, joueur actuel de Montpellier, qui avait relancé sa carrière sous les ordres de Corinne Diacre en Auvergne.

Donner tort aux sceptiques

Corinne Diacre, première internationale française à passer la barre des 100 sélections, a ensuite sauté le pas et répondu favorablement aux appels de Noël Le Graët, président de la fédération. « Entraîner l’équipe de France lors d’un Mondial, c’est un poste dont on hérite nor­malement que dans une pochette-surprise », avait confié dans les colonnes du Monde, Claude Michy, président du Clermont Foot 63, qui lui avait alors donné tout son soutien. Dotée d’une force de caractère au-dessus de la moyenne, Corinne Diacre était arrivée à Clermont pour remplacer la Portugaise Helena Costa qui avait très vite jeté l’éponge. Là où Helena Costa n’a pas su s’imposer, Corinne Diacre a très vite suscité le respect.

Peut-être pour sa franchise et son honnêteté intellectuelle largement reconnues, sans compter son pragmatisme. « Le foot reste un sport macho et, même si on arrive à faire évoluer les mentalités, on a encore énormément de boulot à faire. Tous les jours, je rencontre des sceptiques qui me disent que le foot déféminise, qu'il est dangereux pour les femmes. On demande simplement qu'un enfant, quel que soit son sexe, puisse effectuer l'activité sportive qu'il a choisie », racontait Corinne Diacre au quotidien français  Libération. De son enfance, elle se souvient que son père lui disait que ce n’était pas « un sport pour les filles », et qu'elle n’y trouverait pas sa place.

Corinne Diacre reçoit désormais les encouragements de Noël Le Graët, qui a salué les évolutions de l’équipe de France après la victoire 3-1 face aux championnes du monde en titre, les Etats-Unis, en match amical le 19 janvier dernier. Et l'engouement pour le football féminin en France se traduit par une nette augmentation du nombre de pratiquantes, 155 000 femmes licenciées lors de la saison 2017-2018. Remporter le Mondial 2019 féminin en France, un an après le sacre des Bleus de Didier Deschamps, « c'est le rêve », a souligné Noël Le Graët, impressionné par la « progression » des joueuses de Corine Diacre. De son côté, la coach affiche la couleur : «  exigence, rigueur, travail, performance. »

Corinne Diacre fuit les projecteurs

Corinne Diacre, qui a chaussé les crampons dès l’âge de six ans pour assouvir sa « passion », ne court pas après la médiatisation. Discrète, humble, celle qui a été l’adjointe de Bruno Bini en équipe de France (2007-2013), et joué avec des garçons jusqu'à l'âge de 12 ans, a longtemps refusé de s’exprimer sur son statut de pionnière en Ligue 2. Elle s'est vite agacée de l'intérêt médiatique qu'elle avait suscité. Le buzz créé par l’arrivée d’une femme entraîneur à Clermont-Ferrand était retentissant. « On sait très bien que si on devient la première femme à entraîner un club pro masculin, on va forcément être épiée. Et que, forcément, il va y avoir un intérêt accru des médias : ils veulent savoir comment ça se passe avec une femme. Ça, ce sont des choses à assumer, c’est normal », avait commenté pour RFI Sonia Souid, agent féminin du foot français. «  Heureusement que je ne me suis pas posée toutes les questions que les gens m’ont posées, sinon je n’y serais jamais allée. Le tableau paraissait tellement noir  », reconnaît aujourd’hui celle qui avait qualifié l'équipe de France pour son premier Mondial en 2003.

Cet été, Corinne Diacre, qui en tant que joueuse est restée 19 ans fidèle à son club de toujours, Soyaux, basé en Charente, aura les projecteurs braqués sur elle. Impossible d’y échapper. « En ce qui concerne la médiatisation du sport féminin, je pense que l’évolution va dans le bon sens et que cette Coupe du monde féminine en France va ouvrir de nouvelles portes », avance pour l'occasion Marinette Pichon.

Avec une victoire à domicile, Corinne Diacre pourrait rejoindre Aimé Jacquet au Panthéon de ceux qui ont remporté un Mondial à domicile (1998). Avec une demi-finale comme meilleur résultat (2011), la France est loin des meilleures nations que sont les États-Unis, sacrés trois fois (1991, 1999, 2015), ou l’Allemagne, deux fois championnes du monde (2003, 2007). Corinne Diacre y croit : « A domicile ou partout ailleurs, quand on démarre une compétition, c’est pour gagner ». Réponse le 7 juillet prochain à Lyon.

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