Après l'euphorie, les créations d'emploi ont plongé en 2018 de... 67%

L'année 2018 marque un net ralentissement dans les créations d'emplois avec 106.000 créations nettes dans le secteur privé, soit trois fois moins qu'en 2017, année certes exceptionnelle, selon une estimation provisoire de l'Insee publiée vendredi. Un effet "montagnes russes" qui illustre bien les difficultés de l'économie française depuis plusieurs mois.
Grégoire Normand
Dans l'industrie, les créations d'emplois ont nettement ralenti en 2018.
Dans l'industrie, les créations d'emplois ont nettement ralenti en 2018. (Crédits : Adnan Abidi)

La dynamique du marché du travail s'est nettement essoufflée. Selon des chiffres de l'Insee encore provisoires publiés ce vendredi 8 février, le secteur privé a créé environ 106.100 emplois en 2018, soit une hausse de 0,5% sur un an. En 2017, l'économie française avait créé plus de 300.000 emplois, un chiffre exceptionnel au regard des dernières années. Le ralentissement de la croissance tricolore et des principales économies européennes ont eu des répercussions importantes sur l'emploi. Pour les mois à venir, le chef du département de la conjoncture à l'Insee, Julien Pouget, déclarait que "la croissance du PIB serait de 0,4% au premier trimestre 2019, puis de 0,3% au second trimestre" lors d'une conférence de presse.

> Lire aussi : Pourquoi la croissance a chuté à 1,5% en 2018

De son côté, la Commission européenne a révisé à la baisse ses projections de croissance du PIB à 1,3% contre 1,6% pour l'année lors de ses prévisions d'automne publiées ce jeudi, tandis que le gouvernement table toujours sur 1,7%. Alors que le Grand débat se poursuit dans les territoires, les questions de l'emploi et du chômage n'ont pas été retenues parmi les quatre grands thèmes sélectionnés par le gouvernement. Pourtant, quand le chômage flirte avec les 10% de la population active, ce n'est pas le moins de dire qu'une grande partie de la population française se sent concernée par le sujet.

Lire aussi : L'emploi, grand oublié du "Grand débat national"

L'industrie en perte de vitesse

L'emploi salarié dans le privé au dernier trimestre 2018 a augmenté de 0,1% par rapport au trimestre précédent. L'agriculture (0,3%), la construction (0,2%), les services marchands (0,1%) et les services non-marchands (0,1%) ont connu une dynamique favorable pour les trois derniers mois de l'année. A l'opposé, l'industrie a perdu des emplois sur cette période. Les récentes enquêtes de conjoncture avaient déjà signalé des signes de ralentissement dans l'industrie française et européenne. Les chefs d'entreprise faisaient part d'une chute des commandes qui pourraient ainsi se répercuter sur les embauches.

Au total, 16.200 emplois ont été créés entre octobre et décembre, contre 23.000 au 3e trimestre, 23.700 au 2e trimestre et 43.200 au 1er trimestre. Par ailleurs, les chefs d'entreprise dans l'industrie pointent régulièrement le déficit de main-d'oeuvre compétente comme principal frein à l'embauche. "Fin 2018, 45% des entreprises de l'industrie, des services et du bâtiment déclarent rencontrer des difficultés de recrutement, contre 21% début 2015", indiquaient des économistes de l'Insee dans une enquête publiée fin décembre.

La traduction d'une conjoncture difficile

Dans le travail temporaire, les résultats ne sont pas au beau fixe. D'après les chiffres communiqués par l'institut de statistiques public, l'intérim dans les services non-marchands a baissé de 1,5% après -1,1% au trimestre précédent (puis -0,7 au T2 et -0,3 au T1). Sur un an, l'emploi intérimaire a chuté de 3,6% alors qu'il augmentait de plus de 17% un an auparavant. Un tel contraste, à une année d'intervalle, illustre bien les difficultés de l'économie française depuis plusieurs mois. Il y a un an, le travail temporaire était en plein boom avec plus de 800.000 personnes recensées sous cette forme de contrat en janvier 2018.

> Lire aussi : L'emploi intérimaire a nettement ralenti en 2018

Un rebond prévu au premier semestre

Les projections réalisées par l'organisme de statistiques annoncent la création de 64.000 emplois au premier semestre 2019 contre 67.000 emplois au premier semestre 2018. L'Insee anticipe ainsi une stabilisation des créations de postes en lien avec la croissance attendue et "un léger regain des effets des politiques de baisse du coût du travail. Notamment, la transformation du CICE en allègements de cotisations patronales à compter de 2019 [qui] contribuerait à enrichir la croissance d'environ 15.000 emplois au premier semestre."

Au final, l'Insee anticipe un taux de chômage à 9% de la population active à la fin du mois de juin prochain. Pour le chef économiste de chez Ostrum Asset Management Philippe Waechter, "la dynamique de l'emploi est médiocre dans le secteur privé. Cela n'a pas forcément à voir avec l'instabilité sociale car le chiffre du 4e trimestre est voisin de celui du trimestre précédent. Le ralentissement des créations d'emplois est rapide."

Au niveau des perspectives, le chef économiste n'est guère optimiste:

"La croissance lente attendue en 2019 (1,1% sur l'année en moyenne) ne va pas permettre d'inverser cette dynamique de l'emploi. Cette dynamique est trop réduite pour être satisfaisante. Cette allure trop lente (106.000 créations sur un an) ne permettra pas de réduire le taux de chômage et de le faire converger vers 7% [objectif du candidat Macron pendant la campagne, Ndlr]."

Des gains de pouvoir d'achat attendus

Sur le front du pouvoir d'achat, les actifs devraient observer des signes d'embellie. L'économiste expliquait "que la baisse de l'inflation, en phase avec le repli du pétrole, accroît le pouvoir d'achat des salariés en France. Selon le ministère du travail, le salaire mensuel de base est en hausse de 1,6% sur un an au quatrième trimestre alors que l'inflation hors tabac est de 1,4%. Cela inverse la dynamique observée aux deux trimestres précédents et qui s'étaient traduits par un fort recul du pouvoir d'achat en raison de l'accélération de l'inflation (pétrole). Le repli durable de l'inflation se traduira par des gains de pouvoir d'achat sur l'ensemble de 2019."

De leur côté, les économistes de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) dans une récente étude signalaient que les grands gagnants des mesures socio-fiscales du gouvernement seront les actifs occupés. "Les couples comptant deux actifs seront ainsi plus de 95% à bénéficier de la mise en place des mesures."

> Lire aussiBudget 2019 : les gagnants et les perdants

Grégoire Normand
Commentaires 26
à écrit le 17/02/2019 à 7:51
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Dans ces conditions, comment expliquer que l'INSEE, repris à la hâte par le gouvernement en pleine précampagne électorale pour les européennes de mai 2019, prétend que le chômage a baissé de 0,3% en France pour passer au dessous de la barre des 9% ? ...

à écrit le 11/02/2019 à 8:32
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Le probleme est que Notre grand president ne s'est pas du tout attaqué au problème de fonds qui est la part des depneses public dans le PIB ( 57 % ) . Tant qu'il s'obstinera à faire du en même temps , les resultats seront à la hauteur de son indecisi...

à écrit le 09/02/2019 à 14:26
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Cala marche bien la start-up notion du bonimenteur narcissique.

à écrit le 09/02/2019 à 11:02
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-tous ces cadeaux aux patronats pour si peut de retonbe en emploies prouve que c es-du caspilliage que de donne de l argent aux riches, a; peut pres 66 milliarsd ont été rétribuez aux patronat cette annee? hollande avais fais la meme chosse :cela...

le 10/02/2019 à 11:43
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Il faut s'accrocher pour vous lire, relisez vous et faites un effort sur la construction de vos phrases. Une affirmation qui termine par 3 points d'interrogation, il n'y a que vous qui en comprenez le sens... dans la communication, il est important d...

à écrit le 09/02/2019 à 10:55
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-tous ces cadeaux aux patronat pour si peut de retonbe en emploies prouve que c es-+ndu caspilliage que de donne de l argent aux riches, a; peut pres 6 6milliarsd ont été rétribuez aux patronat cette annee hollande avais fais la meme chosse :cela...

à écrit le 09/02/2019 à 9:43
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Des dizaines de milliards d'euros distribués aux actionnaires (et quelques dirigeants) d'entreprise (CICE), et pas d'effet sensible sur l'activité en France. Il est où l'effet premier de cordée? Ca ruisselle où tout cela? J'ai bien l'impression que...

à écrit le 09/02/2019 à 8:57
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Article pertinent mais juste une petite remarque. Les investissements français à l'étranger ont fait un bond important cette année Ne croyez vous pad que le désordre qui règne dans le pays soit pour rien dans ce transfert? La confiance est un élém...

à écrit le 09/02/2019 à 8:05
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dans six mois apres les elections on parlera d'austerite .petit air connu depuis les annees 80

à écrit le 09/02/2019 à 7:57
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10% de la population sans de quoi vivre de maniere autonome ! et encore ce sont des donnees "officielles", la realite devrait ecorner ce chiffre... Pourtant, le grand vizir n'avait-il pas dit qu'il suffisait de traverser la rue ? L'incompetence er...

à écrit le 08/02/2019 à 21:26
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Voilà qui prouve que la ligne choisit par l’exécutif n’est certainement pas celle d’une économie qui retrouve des couleurs. Tout d’abord le tissu industriel français est soit absent de la consommation des ménages soit dégradé en terme d’innovation, d...

le 08/02/2019 à 23:00
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Excellente analyse de vote part.

le 09/02/2019 à 0:20
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copie, la France est pourtant le dernier modèle debout, comme on pouvait le lire dans Newsweek en 01/2009. on voit que ça craque de partout. tous nos partenaires tirent vers le bas. l'Hexagone est le seul pays à s'être efforcé de rester le plus équi...

le 09/02/2019 à 2:46
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Votre commentaire n'explique pas pourquoi la ralentissement dans les créations d'emplois est EUROPENNE et non Francaise.

le 09/02/2019 à 12:09
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@gfx, « Dernier pays debout » je pense que votre lecture est plus partisane que réelle. Si nous prenons l’Europe et plus particulièrement l’Eurogroupe la France est le pays le plus endetté, un taux de chômage dès plus élevé, des difficultés à réform...

à écrit le 08/02/2019 à 21:02
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Et la loi Travail ne devait elle pas favoriser la création d'embauches ? Ah non en fait elle a juste favorisé sa destruction. Comme annoncé. Merci président.

à écrit le 08/02/2019 à 19:41
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Quelle euphorie?? Tout est vendu a l'étranger et l'étranger travaille chez nous!

à écrit le 08/02/2019 à 19:08
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Merci les boulets jaunes !

le 08/02/2019 à 21:44
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Haha énorme J'adore lol

à écrit le 08/02/2019 à 17:49
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"Après l'euphorie, les créations d'emploi ont plongé en 2018 de... 67%" Aucun effet le CICE, donc.

à écrit le 08/02/2019 à 15:57
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Tout doit disparaitre c' est la France de Macro dans l' UE, l' article 63 du TFUE crucifie l' emploi à coup de délocalisations, empêche exil et évasion fiscaux à hauteur de 100 milliards annuels pour la France quand l' euro tro...

à écrit le 08/02/2019 à 15:51
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Ce que dénonce les économistes qui ne sont pas à la solde du grand capitalisme s'avère de plus en plus vrai. Le ruissellement est une théorie qui ne sert qu'à ralentir le mouvement inexorable de la réalité qui est : la richesse qui bénéficie à la cla...

le 08/02/2019 à 18:00
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le ruisselement est une neo theorie d'ultra gauche nostalgique de polpot et de maduro qui ont amene un bonheur bien socialistes aux petits peuples........c'est juste un peu de propagande deplacee vu que cette theorie n'existe nulle part, sauf dans le...

le 08/02/2019 à 18:32
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Heuuu Reagan et Tatcher était de l'ultra gauche

le 08/02/2019 à 18:35
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Tiens, moi aussi je vais "fake-newser" avec des néo-termes. Les ruisselo-sceptiques sont des néo complistes, qui voient des néo gauchistes un peu partout et imaginent une néo misère, qui n'existerait que dans le néocortex de néo marxistes. Leur néo p...

le 09/02/2019 à 17:01
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"le ruisselement est une neo theorie d'ultra gauche " faut revoir ses classiques, le ruissellement est une théorie très libérale qui postule que l'enrichissement des très riches ruissellera sur les (très) pauvres. Théorie démentie par les faits malhe...

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