Pierre Fraidenraich, 48 ans, et une carrière jusqu'ici dans la télé, a été nommé à la tête du quotidien “Libération”. L'actionnaire Bruno Ledoux compte injecter, seul, 18 millions d'euros en apportant le siège du journal en garantie.
Publié le 28 mars 2014 à 20h35
Mis à jour le 08 décembre 2020 à 05h12
Les actionnaires de Libération ont nommé au poste de « directeur opérationnel » du quotidien, Pierre Fraidenraich, ancien directeur d'i>télé (groupe Canal+). « On s'en doutait, on l'a vu arriver au conseil de surveillance, et démissionner de Canal Plus. La surprise, c'est que ça arrive ce soir... Ce devait être en avril », note le délégué syndical SNJ.
Pierre Fraidenraich, 48 ans, a fait ses débuts comme reporter sur la Cinq, a créé InfoSport en 1998, et dirigé la chaîne d’information sportive du groupe Canal + à partir de 2004. En juin 2008, il est devenu le directeur général de la chaîne d'information en continu i>télé. Il a été remplacé il y a deux ans, et travaillait depuis à la négociation des droits au service des sports. Ce choix peut paraitre surprenant : il n'a jamais dirigé d'organe de presse écrite, pas plus que Nicolas Demorand, son prédécesseur.
Interrogé par l'AFP sur ce choix d'un homme de télé, Bruno Ledoux a répondu que « Pierre Fraidenraich a un profil de journaliste mais aussi un profil entrepreneurial, car il a dirigé plusieurs entreprises, ce qui n'était pas le cas de Nicolas Demorand ». « Et il a redressé i-Télé, qui était déficitaire », a rappelé le président du Conseil de surveillance du quotidien. De son côté, Pierre Fraidenraich a expliqué vouloir « donner une impulsion au journal pour qu'il retrouve toute sa place dans le paysage médiatique et rencontre son marché, dont les codes et le tempo se jouent sur le numérique. “Libération” est un grand journal, qui a un avenir, et doit s'inscrire dans un écosystème média digital global. Le journal est au cœur du projet mais nous devons passer de “Libé” à “Planète Libé”, avec une gamme de contenus dédiés à sa communauté pour relever le défi de sa profitabilité. »
Un vrai challenge. Pierre Fraidenraich arrive comme on le sait à la tête d'un journal qui traverse une très grave crise financière. Bruno Ledoux a annoncé ce vendredi 28 mars qu'il mettra au pot 4 millions d'euros, et mobilisera 14 millions grâce à l'apport à la société Libération de l'immeuble parisien qui abrite son siège – dont Bruno Ledoux est propriétaire – qui servira de garantie. Il n'a pas reparlé de potentiels autres actionnaires. Lors du CE, le même jour, François Moulias, le président du directoire, a rappelé le plan de développement en 5 points : le quotidien / le digital / les vidéos / les forums / le développement de l'espace culturel. Et avec une chose nouvelle : la rédaction resterait en son sein, rue Béranger.
En attendant de savoir ce qui attend leur journal, quel patron sera Pierre Fraidenraich, et surtout ce que leur actionnaire Bruno Ledoux pourra/voudra faire d'eux, « les salariés savent en tout cas maintenant qu'ils ont une porte de sortie », commente le délégué SNJ. Bruno Ledoux a annoncé qu'une clause de cession allait être ouverte. C'est terrible, mais ça en a rassuré certains : on peut sauter en marche. »