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Quand l'usine de PSA réchauffe Charleville-Mézières

Le constructeur automobile vend à Dalkia la chaleur des fours de son usine ardennaise. Elle permet à l'énergéticien de chauffer à bon marché l'équivalent de plus de 3.200 logements. Pour PSA, les retombées sont autant sociales et environnementales qu'économiques.

L'ensemble de cette infrastructure, avec ses différentes installations, représente un investissement de 10 millions d'euros.
L'ensemble de cette infrastructure, avec ses différentes installations, représente un investissement de 10 millions d'euros. (Dalkia)

Par Joël Cossardeaux

Publié le 31 janv. 2019 à 15:08Mis à jour le 1 févr. 2019 à 08:34

Trottoirs éventrés, chaussées boueuses, déviations… Le chantier aura fait pester plus d'un citadin. « Nous avons connu quelques mois de travaux un peu compliqués », euphémise Boris Ravignon, le maire de Charleville-Mézières. Mais, à un mois de son inauguration, début mars, c'est presque de l'histoire ancienne. Le tout nouveau réseau de chaleur du chef-lieu des Ardennes, qui a commencé à entrer en service, fera très vite la fierté des Carolomacériens, assurent ses trois initiateurs : l'usine du constructeur automobile PSA, la société Dalkia, filiale d'EDF spécialisée dans les services énergétiques, et la ville.

Il y a de quoi. Dimensionnée pour alimenter l'équivalent de 3.290 logements, cette infrastructure tourne à 60 % aux énergies renouvelables et non plus 0 %, comme sous la précédente délégation de service public (DSP), renouvelée et reprise en 2017 par Dalkia pour 25 ans. La chaleur produite provient du site PSA installé depuis le début des années 1970 dans la zone industrielle des Ayvelles . Une partie (800 kW) est fournie par une chaufferie biomasse flambant neuve lancée en octobre dernier. Une autre l'est au coeur même de l'usine du groupe.

15 % moins cher pour le client final

C'est dans cette unité que sont fondus en très grande série divers éléments en aluminium (culasse, vilebrequins, etc.) des blocs-moteurs qui équipent les modèles du constructeur, ainsi que plusieurs éléments en fonte utilisés dans les suspensions et les systèmes de freinage. Sur les toits de l'usine, d'énormes absorbeurs métalliques récupèrent la chaleur qui s'échappe de trois fours où sont brûlés à très haute température les sables de fonderie pour leur recyclage, ainsi que celle des six fours Striko où coule l'aluminium.

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L'eau chaude issue de cette ressource part dans les 4 kilomètres de tuyaux qui séparent l'usine PSA du réseau de chaleur du quartier de la Ronde-Couture. Elle est ensuite réexpédiée vers d'autres secteurs d'habitat vertical de l'agglomération, déjà chauffés collectivement. De nouveaux territoires et équipements sont en voie d'être couverts, notamment La Poste, le centre hospitalier, le caserne des CRS. A terme, l'étendue du réseau avoisinera les 9 kilomètres.

L'ensemble de cette infrastructure, avec ses différentes installations, représente un investissement de 10 millions d'euros. Dalkia est le seul des trois partenaires à financer cette opération, fortement aidé par l'Ademe (à hauteur de 4,2 millions). Un soutien précieux. Il contribue à ce que cet énergéticien puisse « produire de la chaleur à un prix inférieur de 5 % à celui du gaz », indique Sylvie Jéhanno, PDG du groupe Dalkia. A quoi s'ajoute une TVA ramenée à 5,5 % sur la facture des abonnés, le taux applicable aux énergies renouvelables. « Le prix du kW/h réglé par le client final est 15 % en dessous de ce qu'il était, abonnement et consommation compris », signale Sylvie Jéhanno.

Un profit social et environnemental

Le partenaire de Dalkia ne semble pas s'être montré trop gourmand sur le prix de la chaleur fournie. « Avec ce projet, on améliore la compétitivité du site », indique simplement Stéphane Gelas, le directeur du site PSA, à propos de la rémunération versée par l'énergéticien. Une hausse de celle-ci n'est pas à l'ordre du jour, sauf dans dix ans quand Dalkia aura amorti son investissement.

L'avantage tiré par le constructeur est aussi social et environnemental. L'initiative soutenue par le premier employeur privé du département (1.650 salariés) est un élément rassurant sur la pérennité de son activité, en plus des 27 millions d'euros investis l'an dernier sur son site ardennais. L'usine ardennaise tourne à plein régime et ses capacités vont être renforcées. « Même une fonderie, qui est une industrie lourde, a de l'avenir sur le territoire national », considère Stéphane Gelas. D'un point de vue environnemental, le contrat noué avec Dalkia permet d'éviter le rejet de 7.000 tonnes de CO2 par an (autant que 4.000 voitures). Cette coopération se comprend d'autant mieux qu'un contrat de performance énergétique (CPE) lie déjà les deux groupes.

La formule répond à la demande de la ville. Elle a « le bon goût d'être la plus innovante sur le plan écologique et en plus d'être économique », résume Boris Ravignon qui n'exclut pas de faire des émules. La communauté d'agglomération Ardenne-Métropole, qu'il préside, rayonne sur un vaste territoire. Plusieurs localités présentent un profil socio-industriel analogue à Charleville. Notamment Vivier-au-Court, une petite ville ouvrière où est implantée depuis 1927 La Fonte Ardennaise , un groupe de 1.300 collaborateurs.

Joël Cossardeaux   

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