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"Ligue du LOL" : pourquoi la culture du "Boys' Club" pose problème

ÉCLAIRAGE - La Ligue du LOL est un cas d'école de ce que les Anglo-Saxons appellent un "Boys' Club", soit un groupe d'hommes qui oppriment les autres pour asseoir leur autorité et gravir les échelons en toute impunité.

Les personnages du film "The Riot Club", exemple de ces groupes d'hommes toxiques que sont les "boys clubs"
Les personnages du film "The Riot Club", exemple de ces groupes d'hommes toxiques que sont les "boys clubs"
Crédit : Nicola Dove
Arièle Bonte
Arièle Bonte
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La Ligue du LOL est la partie émergée de l'iceberg. Depuis vendredi 8 janvier, les masques tombent sur ce groupe de harceleurs (des journalistes et communicants parisiens en grand majorité) très influents de Twitter à mesure que les témoignages se multiplient à son encontre. Au-delà de cette prise de parole légitime et nécessaire, c'est toute une culture qui est alors remise en lumière : celle du "Boys' Club" ("club de garçons"), comme l'appelle les Anglo-saxons depuis le début du XIXème siècle.

"Ils ont été fondés, notamment, en réaction à l’espace domestique délégué aux femmes. Ces clubs se voulaient des lieux de repli où les hommes pouvaient non seulement échapper à l’espace conjugal et familial, mais en inventer un à leur image', explique l'essayiste Martine Delvaux.

Derrière le "Boys' Club", un terme aux sonorités sympathiques et qui nous ferait presque envie de le rejoindre tant il paraît cool, se cache en fait tout un système bien huilé : celui qui permet aux hommes d'un même milieu de se regrouper entre eux de manière informelle (via les réseaux sociaux ou pas), d'oppresser les minorités et de se valoriser les uns les autres pour gravir, ensemble, les échelons dans leur milieu professionnel.

Son principe repose également sur l'exclusivité, créant ainsi une forme de fascination pour les personnes exclues du "club". L'influence des membres d'un "Boys' Club" pouvant parfois être si puissante qu'elle peut freiner les carrières de leurs pairs tandis que d'autres, face à cette concurrence déloyale, n'ont d’autres choix que de revoir leurs ambitions à la baisse.

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"Le 'Boys’ Club' fait de l’homme (blanc, hétérosexuel et de classe moyenne) le représentant du neutre et de l’universel. Il fait que le masculin l’emporte sur le féminin, le blanc sur le racialisé, le riche sur le pauvre, l’hétérosexuel sur le queer, etc.", précise encore Martine Delvaux dans son essai. 

Dans les pires des cas, certaines personnes sont exposées à du harcèlement ou des attaques, des agissements qui, rappelons-le, tombent sous le coup de la loi et peuvent avoir de sévères répercussions sur les vies professionnelle et privée et la santé mentale des victimes. Pour se protéger, les membres du "Boys' Club" se défendent en parlant "d'humour" ou de "blagues", ne reconnaissant alors pas le caractère sexiste, raciste, homophobe ou encore grossophobe de leurs attaques.

C’est toujours sur le ton de la blague

Lucile Bellan, journaliste

"C’est toujours sur le ton de la blague, sauf que c'est toi la blague, ce que tu dis, ce que tu fais, ce que tu es, ce en quoi tu crois", témoigne sur Slate.fr la journaliste Lucile Bellan, l'une des victimes de La Ligue du LOL. "C'est assez facile à faire avec n'importe quoi je crois, le tourner en ridicule jusqu'à l'écœurement, en faire un mème, une private joke pour souder le groupe. Je crois que pour eux, on n'existe pas vraiment", ajoute-t-elle.

"C'est grâce à cet esprit de corps masculin qu'ils ont atteint les postes de pouvoir qu'ils occupent aujourd'hui", analyse pour France Info Aude Lorriaux, journaliste et porte-parole de l'association de femmes journalistes Prenons la une (dont la rédactrice de cet article fait également partie). "C'est la logique même du sexisme qui sévit toujours dans le journalisme, comme il sévit en politique et dans d'autres secteurs". 

Aucun lieu de pouvoir n'y échappe

La Ligue du LOL reste un exemple parmi tant d'autres du fonctionnement de ces "Boys' Clubs". "La domination masculine c'est comme l'eau dans laquelle on nage ou l'air que l'on respire : aucun lieu de pouvoir n'y échappe", explique à RTL Girls Victoire Tuaillon, journaliste et animatrice des Couilles Sur La Table, un podcast qui analyse les masculinités et les virilités.

Si les médias sont effectivement un repère privilégié des "Boys' Clubs", il en est de même pour "la politique, les grandes entreprises mais aussi les lieux où ces gens se forment comme les grandes institutions et enfin les écoles", détaille encore la journaliste, qui diffusera justement en fin de semaine "La Ligue du Lol : Histoire d'un Boys' Club", un épisode spécial des Couilles Sur La Table.

Car l'oppression masculine est le fruit d'une culture ancrée et ce, dès le plus jeune âge. "Dans la fabrique des garçons, il y un rouage fondamental : l’apprentissage de sa supériorité", souligne Victoire Tuaillon. Les filles, les garçons "efféminés", les enfants non-blancs ou non conformes à une soit-disant norme sociétale valent moins et méritent du mépris et des violences.

On le voit particulièrement avec les voix qui s'expriment contre la Ligue du LOL : ce sont des journalistes ou blogueuses s'exprimant sur le féminisme, des hommes remettant en cause leur masculinité, des femmes parlant de maladie mentale, de racisme ou encore de grossophobie

La "Boys' Club" est l'une des manifestations du patriarcat
La "Boys' Club" est l'une des manifestations du patriarcat
Crédit : Nicola Dove

Pas que des erreurs "de bac à sable"

Il serait cependant trop facile de réduire le comportement des membres de la Ligue du LOL à des erreurs "de bac à sable". Car dans le cas de la Ligue du LOL comme ailleurs, l’oppression masculine n'est pas qu'une question psychologique ou d'éducation.

Derrière, "c’est aussi le résultat de rapport de pouvoir économiques et politiques", analyse Victoire Tuaillon, qui a reçu dans son podcast de nombreuses et nombreux chercheurs en sciences humaines et sociales étudiant ces comportements.

La culture de certaines entreprises, le système judiciaire ou encore le manque d'investissement dans les formations ou de parité dans les conseils d’administration "ont des conséquences concrètes", tient à souligner la journaliste. Il est alors important d'étudier la culture "Boys' Club" mais aussi, et surtout, de prendre des actions concrètes pour lutter contre. Plusieurs médias ont commencé ce travail et ont déjà réagi à l'affaire de la Ligue du LOL

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