
C'est le moment difficile où, dans les rues transies par le crachin, la moitié des passants tournent la tête ou ne regardent pas tout à fait dans les yeux le maire sortant qui leur tend la main. Bernard Poignant le voit. Comme il voit la toute petite troupe qui l'accompagne – une jeune colistière, un vieux militant socialiste – glisser bravement ses tracts dans les cabas de femmes qui ne s'arrêtent même pas.
Mardi, lors de sa première sortie de l'entre-deux tour, dans les allées du Moulin vert, au nord-ouest de Quimper, le visage fermé de ses électeurs l'a frappé comme une gifle. « Je ne les sens pas », a-t-il confié, un peu abattu. Le lendemain, sous un soleil timide, ceux des petites cités populaires de Kermoysan étaient plus aimables et chaleureux : « On espère que ça va passer ! »
Mais ce matin, dans ce quartier du Braden où, même dans les bureaux de vote les plus à gauche, le maire sortant a perdu plusieurs centaines de voix en six ans, on dirait que personne ne veut s'attarder devant ce candidat qui sollicite un troisième mandat. « On croise les doigts », glisse tout de même une femme blonde timide que le maire a reconnue et arrêtée alors qu'elle trottinait la tête baissée dans le froid humide. « Voilà, triomphe le maire, quand c'est perdu, ils disent “C'est dommage”, quand c'est gagné “Allez c'est bon !” Mais, pour les entre-deux, ils disent “On croise les doigts”. »
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