Rougeole : tout savoir sur cette maladie très contagieuse

Mis à jour le par Sylvie Gotlibowicz Dr Hélène, responsable de l’unité de pathologie infectieuse et tropical de l’Hôpital d’Instruction des Armées Laveran, à Marseille.

La rougeole est une maladie infectieuse très contagieuse, qui connaît régulièrement des flambées épidémiques en France et en Europe. Pas si anodine qu’on le pense, elle peut provoquer de graves complications, voire des décès. Explications avec la docteure Hélène, responsable de l’unité de pathologies infectieuses et tropicales de l’Hôpital d’Instruction des Armées Laveran, à Marseille.

Définition : qu'est-ce que la rougeole ? pourquoi ce n'est pas une maladie bénigne ?

La rougeole est une infection virale contagieuse qui se manifeste par un état grippal, une rhinopharyngite et une conjonctivite puis par une éruption sur la peau (apparition de petites taches rouges derrière l’oreille et sur le front).

La maladie est due à un paramyxovirus du genre morbillivirus dont la transmission est interhumaine.

Contrairement aux idées reçues, la rougeole n’est pas une maladie bénigne. Elle est très éprouvante chez l’enfant, l’adolescent et l’adulte. Elle peut entraîner de graves complications, notamment chez le nourrisson de moins d’un an (avant qu’ils ne soient vaccinés), la personne de plus de 20 ans, la femme enceinte (et son fœtus) et la personne immunodéprimée. Il peut s’agir d’atteintes pulmonaires, oculaires, hépatiques, rénales ou encore neurologiques (encéphalite). Chez la femme enceinte, elle peut entraîner une fausse couche, des anomalies voire le décès à la naissance. La maladie peut être prévenue par la vaccination.

Combien de cas en France et dans le monde ?

En 2021, seulement 16 cas de rougeole ont été dénombrés en France. Ce nombre est très inférieur aux 2 636 de l’année 2019. La rougeole n’a fait aucun décès en 2021 (source 1). Cette baisse peut être expliquée par une amélioration de la couverture vaccinale depuis 2018, quand la vaccination contre la rougeole (vaccin ROR) est devenue obligatoire chez le nourrisson. Néanmoins, la couverture vaccinale reste insuffisante en France et des foyers épidémiques se déclenchent parfois dans un ou plusieurs départements.

Au niveau mondial, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) s’est alarmée en 2023 de cette menace qui s’amplifie avec des cas de rougeole qui ont augmenté de 18 % en 2022 et que les décès progressaient de 43 % dans le monde (par rapport à 2021) (source 2).

Contagion : comment se transmet la rougeole ?

rougeole est une maladie très contagieuse qui se transmet d’une personne à l’autre par l’intermédiaire de gouttelettes de salive contaminées provenant des voies respiratoires. La contamination peut se faire :

  • directement soit lors de toux, éternuements, mouchages, contact par des mains souillées ou encore lors de contacts étroits avec des personnes infectées ;
  • soit par les objets contaminés par des sécrétions du nez ou de la gorge (jouets, mouchoirs, etc.) ;
  • le malade est contagieux de 5 jours avant le début de l’éruption cutanée (phase de contagion maximale) et jusqu’à 5 jours après le début de l’éruption.

Causes : à quoi est due la rougeole ?

Le virus de la rougeole (aussi appelé MV pour measles virus)appartient au genre morbillivirus de la famille des paramyxovirus. C’est un virus très contagieux pouvant causer des problèmes graves, voire mortels, comme des encéphalites.

Ce virus à ARN est rapidement inactivé par la chaleur (30 minutes à 56 °C) ou la lumière (ultraviolets). Il n’est plus infectieux après 36 heures d’exposition à l’air libre. De plus il est sensible à de nombreux désinfectants (l’éthanol à 70 % par exemple).

Le virus de la rougeole pénètre dans l’organisme par le système respiratoire par l’intermédiaire de sécrétions salivaires ou nasopharyngées contaminées. Il se réplique d’abord dans les cellules immunitaires résidant dans les muqueuses respiratoires. Ces cellules infectées se rendent ensuite vers les ganglions lymphatiques, où elles transmettent le virus aux lymphocytes et les monocytes présents. L’infection se répand ensuite dans les organes lymphoïdes secondaires. Aux stades tardifs de l’infection, un grand nombre de cellules immunitaires infectées circulent dans l’organisme et transmettent le virus aux cellules épithéliales de l’appareil respiratoire.

Rougeole : facteurs de risque ? qui est à risque ?

Certains facteurs augmentent le risque d’être contaminé(e) par la rougeole :

  • le fait de ne pas être vacciné(e) ;
  • un voyage dans un pays où la prévalence de la rougeole est accrue ;
  • un déficit en vitamine A. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande une dose orale quotidienne de vitamine A pendant deux jours aux enfants atteints de rougeole vivant dans des zones à risque d’avitaminose A.

À noter que la circulation du virus de la rougeole est particulièrement active au printemps et en hiver.

Qui est à risque ?

La rougeole est une maladie fréquente durant l’enfance, elle peut survenir chez l’adolescent et l’adulte, en l’absence de vaccination. En outre, certaines personnes sont particulièrement exposées à un risque de complications en cas de rougeole :

  • les nourrissons de moins d’un an ;
  • les adultes de plus de vingt ans ;
  • les personnes immunodéprimées ;
  • les personnes fragilisées (les personnes âgées et celles atteintes de maladies chroniques ou de malnutrition) ;
  • les femmes enceintes…

Quels sont les symptômes de la rougeole ?

La période d’incubation est d’environ 10 jours. Puis la rougeole se manifeste par :

  • un écoulement nasal (rhinite) ;
  • une conjonctivite (larmoiement, gonflement des paupières, rougeur des yeux et gêne à la vue de la lumière) ;
  • une toux ;
  • un état asthénique ;
  • une forte fièvre (jusqu’à 39-40 °C).

Ces symptômes durent environ quatre jours. Puis l’éruption cutanée de la rougeole survient : elle se manifeste par l’apparition de petites taches très rouges légèrement en relief. D’abord sur le visage (derrière les oreilles, sur le front et sur les joues) puis sur le cou et le haut du corps pour atteindre le bas du corps puis les pieds. L’éruption cède généralement après une à deux semaine(s).

Quelles sont les complications de la rougeole ?

Si la rougeole est une maladie éprouvante, elle cède généralement en une à deux semaine(s). Toutefois chez environ un patient sur trois, des complications peuvent survenir. Il peut s’agir de :

  • une otite aiguë ;
  • une laryngite ;
  • une diarrhée ;
  • une pneumonie ;
  • une kératoconjonctivite (atteinte grave de l’œil) ;
  • une atteinte du foie ou des reins ;
  • une encéphalite.

En outre chez la femme enceinte, la survenue d’une rougeole est grave et peut causer des anomalies fœtales, une naissance prématurée, un décès du fœtus ou une rougeole néonatale.

Comment peut-on prévenir la maladie ?

L’adoption des gestes barrière

L’adoption de gestes barrières permet de limiter la propagation de la rougeole.

  • Lavez-vous les mains à l’eau et au savon, avant et après chaque contact avec une personne atteinte de rougeole ;
  • Si vous ou votre enfant avez la rougeole, lavez-vous les mains (ou celles de votre enfant) régulièrement et évitez le contact avec autrui ;
  • Couvrez-vous la bouche et le nez en cas de toux ou d’éternuement, de préférence avec un mouchoir jetable ;
  • Utilisez des mouchoirs jetables pour vous moucher ;
  • Si vous avez la rougeole, portez un masque pour limiter la propagation du virus ;
  • Nettoyez les objets (jouets, téléphone, clavier d’ordinateur, etc.) utilisés par le malade.
  • Évitez tout contact avec une personne qui a la rougeole ;
  • Retirez votre enfant malade (ou votre adolescent) de l’école, du lycée ou de la collectivité dans laquelle il va pendant le temps de contagiosité ;
  • En cas de rougeole, prévenez votre entourage familial, social et professionnel afin que chacun puisse vérifier s’il est correctement vacciné contre la rougeole ;
  • Aérez votre maison plusieurs fois par jour et maintenez la température à 19 °C.

Le vaccin contre la rougeole (ROR)

Seul moyen de se prémunir contre cette maladie contagieuse et potentiellement grave : la vaccination. Le vaccin contre la rougeole est associé aux vaccins contre les oreillons et la rubéole pour former le vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole (ROR). En raison du retour d'épidémie de rougeole, ce vaccin ROR, auparavant seulement recommandé, est obligatoire chez les nourrissons depuis janvier 2018.

  • la première dose est préconisée à l’âge de 12 mois ;
  • la seconde dose entre 16 et 18 mois.

Chez les nourrissons qui doivent voyager dans un pays où la rougeole est très présente, la vaccination peut être pratiquée plus tôt, comme le précise la docteure Hélène, responsable de l’unité de pathologies infectieuses et tropicales de l’Hôpital d’Instruction des Armées Laveran, à Marseille : "on peut vacciner entre neuf et douze mois si on estime que le bénéfice de la vaccination est supérieur aux risques de la vaccination, si celle-ci est nécessaire, dans le cas d’un voyage, ou bien dans le cadre d’un contact avec un malade. Le risque, c’est que l’efficacité soit moindre. »

Par ailleurs, la recrudescence de la rougeole depuis dix ans a conduit à mettre en place un programme de rattrapage vaccinal ciblant les jeunes adultes (nés après 1980) non vaccinés : deux doses de vaccin trivalent restent encore aujourd’hui recommandées, quels que soient leurs antécédents vis-à-vis des trois maladies.

Enfin, lorsqu’une personne, qui n’a pas reçu 2 doses de vaccin, se trouve en contact avec une personne atteinte par la rougeole, il est recommandé de lui administrer une dose de vaccin dans les 72 heures qui suivent le contact. Cela concerne notamment les nourrissons entre 6 et 11 mois. L’objectif est d’éviter la maladie, mais aussi de contribuer à faire disparaître la rougeole.

Quel que soit l’âge, il est recommandé d’être à jour de la vaccination selon le calendrier vaccinal préconisé en France comme le rappelle la docteure Hélène, responsable de l’unité de pathologies infectieuses et tropicales de l’Hôpital d’Instruction des Armées Laveran, à Marseille : « chez l’adulte, la rougeole peut entraîner des complications nécessitant une hospitalisation comme des infections pulmonaires, des surinfections, des problèmes ophtalmologiques ou encore des complications neurologiques retardées. Le risque porté par l’infection est largement supérieur aux risques de la vaccination contre la rougeole, qui sont les complications habituelles des vaccins, quelques douleurs, de la fièvre. La balance bénéfice risque est clairement en faveur de la vaccination pour la rougeole ».

 

Diagnostuc : comment savoir si l'on a la rougeole ?

L’examen clinique met généralement le médecin sur la voie du diagnostic de rougeole. Ce dernier doit être confirmé aux moyens d’analyses biologiques par la recherche d’anticorps spécifiques dans le sang ou la salive ou la recherche du génome viral dans le sang. En cas de diagnostic positif, le médecin a l’obligation de signaler le cas aux autorités sanitaires.

Quels sont les traitements de la rougeole ?

Le traitement de la rougeole est un traitement des symptômes et consiste d’abord à faire baisser la température du patient (si la fièvre est persistante et supérieure à 38,5 °C) à l’aide de paracétamol. Les AINS et l’aspirine ne doivent pas être pris.

La personne a besoin avant tout de repos. L’alitement est préconisé pendant la période de contagion.

Il est conseillé de boire beaucoup d’eau, de se nourrir de repas légers disséminés dans la journée et d’aérer la pièce fréquemment (et de maintenir la température de la pièce à 19 °C).

En cas de rhinite, des lavages de nez sont utiles.

En cas de conjonctivite, il est possible de nettoyer les yeux avec du sérum physiologique et des compresses stériles à usage unique. Un traitement antibiotique local par collyre est parfois nécessaire en cas de surinfection bactérienne.

Si le patient présente une otite, le médecin prescrira un traitement adapté à l’atteinte observée après un examen clinique. Enfin en cas de complications graves (notamment respiratoires ou neurologiques), une hospitalisation est parfois nécessaire.

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