Obsèques du pape François : pourquoi certaines reines seront-elles en noir, d’autres en blanc ?

Arrivé en tête au premier tour, le candidat d'Europe Ecologie - Les Verts rêve d'incarner une autre gauche à la mairie de Grenoble.
Mise à jour samedi matin : Eric Piolle a été agressé dans la soirée de vendredi, alors qu'il circulait en vélo. Le passager d'une camionnette lui a donné un coup de pied, le faisant chuter à terre. Eric Piolle n'a pas été blessé. La ministre du Logement Cécile Duflot a dit sur Twitter être «bouleversée et scandalisée».
Presque 30% des voix au premier tour et une bonne chance de conquérir dimanche la mairie d'une ville de plus de 150 000 habitants: pas mal pour un quasi-novice en politique. Eric Piolle, 41 ans, n'a rejoint Europe Ecologie - Les Verts (EELV) qu'en novembre 2009. Depuis, sa carrière a été fulgurante: élu au Conseil régional 2010, président du groupe EELV, candidat à la mairie et désormais favori. Lorsqu'on l'interroge sur cette ascension, il assure modestement qu'il n'a rien calculé.
Eric Piolle affiche un rapport à la politique ambivalent. Il s'implique à fond -quel autre choix lorsqu'on vise la mairie de Grenoble?- et reconnaît que «depuis janvier, [il] travaille beaucoup moins pour [sa] vie professionnelle et beaucoup plus pour [sa] vie politique». Dans le même temps, il affiche une distance étonnante vis-à-vis de cette seconde carrière: pour cet ingénieur de formation, ancien cadre dirigeant d'un grand groupe implanté à Grenoble, «la politique n'est pas un sacrifice». Face à sa liste verte et rouge constituée avec le Parti de gauche (29,41%) il affronte un socialiste rebelle désavoué par Solférino, Jérôme Safar (25,31%), le candidat UMP Matthieu Chamussy (20,86%) et la candidate du Front national Mireille d'Ornano (12,56%). A deux jours du verdict des urnes, Eric Piolle a répondu aux questions de Paris Match.
Paris Match. Lorsque que vous vous êtes engagé en politique il y a un peu plus de quatre ans, pensiez-vous aller aussi loin?
Eric Piolle. Je me suis lancé dans l'aventure étape par étape. On est venu me solliciter et je me sentais capable d'être maire. J’ai géré des budgets plus importants que ceux de la ville de Grenoble dans ma vie professionnelle, des équipes plus importantes aussi.
Vous n'êtes pas parvenu à vous entendre avec le socialiste Jérôme Safar, l'héritier du maire actuel Michel Destot. Pourquoi?
Je pense que Jérôme Safar a eu du mal à accepter les résultats de dimanche dernier. Depuis que nous avons lancé cette dynamique du rassemblement, les électeurs nous ont entendu, pas lui. Ça fait 26 ans qu’il est engagé aux côtés de Michel Destot, je peux comprendre que l’aspect humain soit difficile à digérer.
S'agissait-il d'un problème de programmes?
Il y a des divergences profondes sur le fond, mais ce n’est pas ce qui a empêché l’accord. Ces divergences sont connues, discutées. Au Conseil régional, nous travaillons tous ensemble, avec les mêmes divergences... qui ne posent pas de problème quand le Parti socialiste est en tête.
Quelle est votre alternative à la gestion des socialistes?
On apporte une autre pratique politique. La majorité sortante s’est détournée petit-à-petit des habitants. Ça a des consquences fortes: elle a imposé des grands projets pas adaptés aux besoins. Il y a eu un bras de fer permanent entre les habitants et leur municipalité. Il y a eu le stade qui a coûté 90 millions d’euros et qui est vide aujourd’hui, même s’il est très beau. Il y a eu le projet de la rocade nord qui a coûté 40 millions d’euros et qui ne s’est pas fait. Il y a maintenant l’élargissement de l’autoroute ou la candidature aux JO d’hiver.
Si vous êtes élu, quelle sera votre première mesure de maire?
La baisse des indemnités des élus. En 2008, après l'élection, ils avaient augmenté les impôts de 9% et leurs indemnités de 25%. Pour qu’on puisse avoir un dialogue correct dans la ville, il faut que les règles de la vie quotidienne s’imposent aussi aux élus.
L'abstention a été forte à Grenoble au premier tour, avec 47,60%. Que diriez-vous aux électeurs qui se sont abstenus pour les convaincre de voter dimanche?
Depuis dimanche dernier, il y a eu un bol d’air. On nous arrête dans la rue, on nous hèle. Les gens réalisent que quelque chose est possible, qu’il peut y avoir une alternative qui n'est pas socialiste, ni à droite ou à l’extrême droite. Mais tout peut se passer à Grenoble: la ville peut aussi repasser à droite. Au total, les trois listes de droite représentent 29%.