Kyleanne Hunter, ancienne pilote d'hélicoptère chez les Marines américains, ici en 2007 ou 2008 en Irak

Kyleanne Hunter, ancienne pilote d'hélicoptère chez les Marines américains, ici en 2007 ou 2008 en Irak

afp.com/STR

"Si les Américains envahissent le Venezuela, ils auront un Vietnam pire que ce qu'ils imaginent." Prononcée le 30 janvier, cette menace de Nicolas Maduro semble largement exagérée. Certes, selon l'Institut international d'études stratégiques (IISS), basé à Londres, l'armée vénézuélienne aligne 351 000 soldats. A titre de comparaison, en 1989, le Panama avait opposé 21 000 hommes aux forces militaires américaines qui l'envahissaient.

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Toutefois, la poignée d'officiers ayant déjà lâché Maduro pour reconnaître le président par intérim Juan Guaido affirme que 90 % des effectifs de l'armée seraient prêts à les imiter. Cette dernière, quoique mieux entraînée et équipée que par le passé, n'a de surcroît aucune expérience du combat. Surtout, à la différence du Vietnam, 83 % des Vénézuéliens aspirent au départ de Maduro, selon Meganalisis. Enfin, Washington peut compter sur l'appui tactique des deux voisins du Venezuela : le Brésil, désormais dirigé par Jair Bolsonaro, le "Trump des tropiques", et la Colombie, allié traditionnel des Américains.

Maduro joue la montre

Un simple prétexte suffirait à déclencher une action américaine - l'enlèvement de diplomates des Etats-Unis, par exemple, ou la démonstration, comme ce fut le cas au Panama, que le Venezuela est un narco-Etat. Un succès militaire rapide aurait à coup sûr un effet positif sur la cote de popularité de Donald Trump, notamment auprès des exilés latinos. Mais, contrairement à son conseiller à la sécurité nationale John Bolton, le président américain reste un businessman dans l'âme qui préfère les deals négociés aux conflits armés.

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Restent deux autres scénarios. Le premier : cédant à la pression internationale, Maduro organise des élections, les perd et part en exil, par exemple à Cuba. Le second : Maduro joue la montre, gagne du temps, multiplie les manoeuvres dilatoires, avec l'appui diplomatique de ses alliés (Cuba, Russie, Chine, Iran, Turquie). Et se maintient au pouvoir. Dans ce cas, le Venezuela se transformerait en deuxième Cuba.

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