Comment Airbus prépare la révolution aérienne avec son taxi volant

  • Le premier vol longue durée de Vahana s'est déroulé aux Etats-Unis
    Le premier vol longue durée de Vahana s'est déroulé aux Etats-Unis Airbus
  • Des flottes de drones survoleront les villes pour transporter passagers et colis.
    Des flottes de drones survoleront les villes pour transporter passagers et colis. Airbus
Publié le , mis à jour
Gil Bousquet

l'essentiel Airbus vient de réussir un vol de plusieurs minutes de son taxi volant électrique autonome dans le ciel américain. La commercialisation de Vahana destiné à éviter les embouteillages des grandes villes est prévue pour 2020.

Entre Airbus et Boeing c'est la course de vitesse. Alors que le 23 janvier dernier le constructeur aéronautique américain réussissait le premier vol de son taxi volant, Airbus dispose d'une longueur d'avance. Son engin volant autonome destiné à transporter un passager a en effet franchi un jalon majeur voilà quelques jours.

Baptisé Vahana, le taxi volant d'Airbus vient en effet de réaliser son premier « vrai » vol. Après un simple décollage et atterrissage de 53 secondes en janvier 2018, cette fois-ci le prototype « Alpha One » a volé plusieurs minutes dans l'espace aérien de l'aéroport de Pendleton en Oregon aux Etats-Unis. Sans pilote à bord, l'aéronef a testé de manière autonome (sans pilote) sa capacité à passer du décollage vertical à un vol horizontal avec succès en basculant ses huit petits rotors électriques. Le vol a duré plusieurs minutes mais en appelle de nombreux autres avant de valider à la fois l'aérodynamisme et les performances de l'appareil. Le vol a été surveillé et suivi en direct depuis un semi-remorque qui a été aménagé en salle de contrôle mobile. Porté par A3, le centre d'innovation californien d'Airbus installé dans la Silicon Valley, le projet est en phase d'accélération. Peu à peu les vols d'essais prendront davantage d'ampleur tant dans l'altitude atteinte que dans la distance franchissable. Prochainement, les vols embarqueront aussi un passager alors que jusque là les vols s'effectuent à vide.

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Airbus face à Boeing et aux Chinois

Sur le marché des taxis volants, Airbus doit aller vite car le groupe toulousain n'est pas seul sur ce créneau. Les aéronefs à décollage et atterrissage verticaux (Adav ou VTOL en anglais) sont développés par de nombreux constructeurs dont les Américains Boeing, Uber allié à la Nasa, l'hélicoptériste Bell ou encore le Chinois Ehang avec son taxi drone Ehang 184 . Pour Vahana, l'objectif est une entrée en service commercial d'ici 2020 afin de proposer un véhicule capable de s'affranchir des bouchons et de la congestion urbaine. Les designers l'ont conçu pour être le plus petit possible afin de pouvoir atterrir et décoller (à la verticale) d'à peu près n'importe où dans les centres urbains. Comme il le fait actuellement pour un VTC, le client utilisera son smartphone pour commander son taxi.

Boeing a réalisé le premier vol de son taxi volant le 22 janvier Virginie.
Boeing a réalisé le premier vol de son taxi volant le 22 janvier Virginie. Boeing

Bell a présenté son projet de taxi volant au CES de Las Vegas en janvier dernier.
Bell a présenté son projet de taxi volant au CES de Las Vegas en janvier dernier. Bell

Mais avant de survoler la tête des citadins avec ces nouvelles machines, un énorme travail de réglementation doit être mené à l'échelle mondiale. Airbus mène actuellement un important travail de lobbying et d'évangélisation des esprits. Hier, le constructeur aéronautique a rendu public une grande enquête sur l'acceptabilité sociale de la mobilité aérienne urbaine. Airbus rappelle qu'en trente ans, le trafic aérien a quadruplé et doublera encore dans les quinze ans à venir. Mais en l'espèce, il ne s'agit pas du même trafic aérien. Avec les drones livreurs de colis et les taxis volants on parle d'aéronefs très proches de nos têtes. C'est pour connaître le sentiment des populations qu'Airbus UTM, une division d'Airbus Urban Air Mobility Unit, a interrogé 1540 personnes dans les villes de Los Angeles, Mexico ainsi qu'en Suisse et en Nouvelle Zélande.

44% favorables aux taxis aériens

Les items testés portent sur la sécurité, le niveau de bruit, la pollution visuelle et l'intimité. 44 % des sondés se disent favorables au développement de ces nouveaux véhicules aériens autonomes. 41 % des personnes jugent ces véhicules sûrs ou très sûrs. Les points d'attention portent sur la sécurité (55%) et le bruit généré par ces véhicules aériens (49%). "Les populations ont besoin d'informations sur la mobilité aérienne urbaine pour faciliter son acceptabilité"  a commenté Isabel Del Pozo De Poza, la directrice de cette activité chez Airbus.

Airbus a réalisé un sondage sur la perception de la mobilité aérienne auprès de 1540 personnes.
Airbus a réalisé un sondage sur la perception de la mobilité aérienne auprès de 1540 personnes. Airbus

Sans surprise, les habitants des zones rurales sont peu enclins à utiliser ces nouveaux modes de transport alors que les jeunes urbains confrontés aux embouteillages les plébiscitent (voir infographie). Airbus initie un travail d'évangélisation afin de préparer les esprits pour pouvoir déployer ces flottes aériennes d'un genre nouveau. Mais au-delà de l'acceptabilité sociale, les constructeurs devront faire modifier les règles du trafic aérien et de survol des zones habitées. Pour y parvenir, Airbus avance pas à pas. Ainsi il y a tout juste un an sur le campus de l'université de Singapour, le drone Skyways d'Airbus Helicopters a réussi un vol de livraison d'un colis chargé automatiquement par un bras robotisé. Les étudiants peuvent utiliser ce mode de livraison pour leurs commandes sur internet.

Le drone livreur de colis d'Airbus en action sur le campus de l'université de Singapour
Le drone livreur de colis d'Airbus en action sur le campus de l'université de Singapour Airbus

Avec ces tests, Airbus tente de fixer un cadre règlementaire avec l’administration de l’aviation civile de Singapour (CAAS) afin de permettre le développement d'un système de messagerie express par drone dans un environnement urbain. La législation qui encadrera demain l'insertion de ces nouveaux engins volants dans l'environnement urbain et périurbain est un préalable indispensable pour que cette nouvelle industrie décolle.

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Les commentaires (17)
Conophone Il y a 5 années Le 13/02/2019 à 22:28

@ Lacalamité: qui n'a rien à se reprocher n'a rien à cacher. Je ne vois donc pas le problème que posent ces machins volants s'ils passent près de chez vous.

retroviseur Il y a 5 années Le 13/02/2019 à 11:01

L'ETUDE DE MARCHE SERA T ELLE PLUS SERIEUSE QUE POUR
LE GROS PORTEUR ? A.......

tetard67 Il y a 5 années Le 13/02/2019 à 10:49

"un énorme travail de réglementation doit être mené à l'échelle mondiale. "
Là ça va être gratin!
On n'arrive déjà pas à se mettre d'accord sur aucun sujet à 27 dans l'Europe lors dans le monde composé je crois de quelques 194 pays...