Le lourd poids écologique de nos garde-robes

Les ReCréateurs d'Emmaüs Défi créent de nouveaux vêtements à partir d'anciens. ©Radio France - Guillemette Franquet
Les ReCréateurs d'Emmaüs Défi créent de nouveaux vêtements à partir d'anciens. ©Radio France - Guillemette Franquet
Les ReCréateurs d'Emmaüs Défi créent de nouveaux vêtements à partir d'anciens. ©Radio France - Guillemette Franquet
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Acheter des vêtements responsables, une problématique qui se développe au Salon du tissu, ouvert depuis lundi au Bourget, à Paris. La prise de conscience débute, mais reste encore marginale.

Paquets sous le bras, les clients sortent d'un centre commercial, à Paris. Rares sont ceux préoccupés par le processus de fabrication de leurs habits. Parmi eux, un jeune trentenaire, Adi, avoue ne pas regarder sur l'étiquette le pays de provenance, ni l'origine de ses vêtements, bien qu'il vérifie souvent que l'habit est en coton.

Pourtant, les matières naturelles ne sont pas forcément meilleures pour l'environnement. Cultiver du coton et élever des animaux pour leur peau ou leur laine consomme de l'eau, des pesticides et dégage du CO². De la même manière, fabriquer des matières synthétiques nécessite l'emploi de produits chimiques, parfois de pétrole, et dégage aussi du carbone.

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Nouveau look pour une nouvelle pollution

Alors, comment se vêtir tout en respectant l'environnement ? Dans son rapport pour l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), l'ingénieur Pierre Galio nous guide :    

Il faut se demander, lorsque l'on achète, si réellement on répond à un besoin. Si c'est le cas, ne peut-on pas utiliser des habits de seconde main par exemple, plutôt que d'acheter du neuf ? Et si l'on achète du neuf, il faut privilégier des habits avec des labels, comme Ecolabel Européen, ou du coton biologique, qui auront moins d'impact que d'autres produits. 

Aujourd'hui, nous achetons en moyenne 60% de vêtements en plus qu'il y a quinze ans, et nous les conservons moitié moins longtemps. L'ADEME nous met en garde contre l'impact environnemental de chaque vêtement acheté, un impact que Pierre Galio a mesuré dans son étude :   

Un jean va représenter 20 kilos de carbone à la fabrication. Il y a des procédés agricoles, du coton, ce sont des engrais, des énergies pour les tracteurs, etc. Il faut tisser, il faut filer, il faut transporter... Il faut des énergies pour toutes ces étapes-là. A l'usage, il faut parfois laver, repasser. Bref, on a énormément d'étapes sur le cycle de vie et elles sont génératrices d'impacts environnementaux.

L'engagement nécessaire des entreprises

Au niveau de l'étape de fabrication, des entreprises cherchent à réduire leur impact sur l'environnement. LVMH, fleuron du luxe français, a mis en place une charte environnementale avec ses fournisseurs, un fonds carbone, une plateforme de recyclage. 

Pourtant, le groupe s'agrandit, produit plus de vêtements et pollue donc plus en valeur absolue, même si chaque pièce, prise individuellement. a un impact environnemental plus faible. Les efforts restent à poursuivre, selon Sylvie Bénard, directrice du service Environnement de LVMH :  

Faire moins de déchets, quand il y a des déchets les recycler, utiliser des matières qui auront des impacts environnementaux diminués au fur et à mesure, trouver des nouveaux matériaux, trouver de meilleures certifications, de meilleurs systèmes qui existent et les déployer à l'intérieur de notre chaîne d'approvisionnement. C'est sans arrêt continuer à avancer sur les objectifs que l'on a mis en place.

Recycler : quand l'avenir du vêtement est dans son passé

Une solution pour éviter de trop acheter ? Créer de nouveaux habits à partir d'anciens. C'est ce que propose l'association Emmaüs Défi avec ses ReCréateurs, un groupe de cinq apprentis couturiers.  

Dans un atelier rempli de tissus bariolés, des femmes en réinsertion et un jeune stagiaire cousent à la main ou avec une vieille machine à pédale, sous la houlette de Sophie, la créatrice. Ce procédé s'appelle le surcyclage, en anglais le upcycling. Il consiste à récupérer des matériaux inutilisés pour fabriquer des produits neufs. 

Dans l'atelier des ReCréateurs, des femmes en réinsertion et un jeune stagiaire cousent à la main ou avec une vieille machine à pédale.
Dans l'atelier des ReCréateurs, des femmes en réinsertion et un jeune stagiaire cousent à la main ou avec une vieille machine à pédale.
© Radio France - Guillemette Franquet

Aujourd'hui, moins de 1% des tissus de nos vêtements sont recyclés, alors que le recyclage est pourtant une solution-clef pour diminuer notre empreinte écologique. Donner ses vêtements, les acheter de seconde main, utiliser des fibres recyclées : une manière d'agir à développer, tant au niveau du consommateur que des industriels.

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