une rangée de jeunes femmes avec des codes barres imprimés dans le coup

Ces boîtes qui piquent les idées des autres

© andriano_cz via Getty Images

Il paraît qu’avant de lancer une boîte ou un produit, il faut partager son projet avec le plus de monde possible – histoire de se tester. Sauf que certains se font un malin plaisir à piller les idées des autres.

Quand Yelp n’était encore qu’un bébé, un géant de l’internet lui aurait fait du pied au point de vouloir racheter la start-up. Flatteur! Tellement que les équipes de Yelp auraient partagé allègrement leur savoir-faire avec l’acheteur potentiel. Pas de bol, le deal est tombé à l’eau. Et le géant a mis à profit les connaissances acquises pour développer son propre service concurrent.

Ce géant, c’est Google.

Des histoires comme celle-là, il en existe des centaines – dans la Silicon Valley et ailleurs. Certains sont même devenus des experts du pillage, au point d’en faire leur métier.

Les plateformes de crowdfunding, ces viviers à idées

Le financement participatif, sur le papier, c’est super. Ça permet de tester son produit avant de le lancer et d’en évaluer le succès (ou l’échec) potentiel.

La popularité des plateformes comme Kicktarter illustre d’ailleurs à merveille la philosophie un poil Bisounours qui veut qu’une idée partagée vaut mieux qu’une idée développée tout seul dans son coin.

Sauf que les porteurs de projet ne sont pas les seuls à se rendre compte de l’emballement autour de leur idée. Il y a des gens qui se sont spécialisés dans la discipline, et qui n’hésitent pas à copier un produit quand il rencontre son public – et, en général, à le lancer avant l’original.

Le journaliste Nick Skillicorn, expert de l'innovation, a interrogé l’un d’entre eux. Le dénommé « Jack » a une mécanique bien huilée. « La question n’est pas vraiment de savoir qui a eu l’idée en premier. Tout le principe du modèle est de trouver des produits que les gens aiment, et mieux les vendre. Il faut utiliser le pouvoir d’internet », explique-t-il. Pour lui, tout n’est qu’une question de rapidité : il identifie les projets les plus bancables, travaille avec des fabricants chinois, et se contente d’encaisser.

Difficile de se protéger avec un brevet – qui serait de toute façon compliqué à obtenir pour de petites entreprises et ne garantirait pas une sécurité contre les contrefaçons venues de Chine, qui n'entrent pas dans le même cadre juridique. Et, comme le fait remarquer « Jack », même s’il devait arrêter de vendre une idée copiée, « le monde est rempli de produits. Je n’ai pas besoin d’en vendre un particulier. Je veux juste vendre ce que les gens aiment – j’en trouverais un nouveau. Je ne considère pas faire quelque chose de mal en vendant un produit que les gens aiment, juste parce qu’il est disponible en ligne. »

Incubateurs certifiés 100% copycat

Certaines structures y vont franco : l’incubateur allemand Rocket Internet a fait du clonage son fonds de commerce. Depuis 2007, les équipes scrutent les succès étrangers et en font de parfaits copiés/collés.

Le plus dingue, c’est que certaines de ces idées copiées ont plus de succès que les originales. On compte parmi les « créations » de Rocket Internet le site de rencontres eDarling (inspiré de eHarmony) ou encore Zalando (inspiré de Zappos).

Le guide du parfait copieur

Le gourou du marketing Mark Earls a écrit un bouquin sur le sujet. Sobrement intitulé Copy, copy, copy, il compile les meilleures méthodes pour faire du business en « s’inspirant » des pratiques des autres. « Nous sommes très mal à l’aise avec l’idée de copier dans nos sociétés, confiait-il dans une interview. Pourtant c’est comme ça que ça marche. Zuckerbeg n’a pas inventé le trombinoscope comme vecteur de lien social, c’est quelque chose de très répandu dans les facs américaines. Il n’a pas non plus inventé la version en ligne – c’est ce qui lui a valu un énorme procès. (…) Il a juste pris l’idée de quelqu’un d’autre et l’a fait fonctionner. » Pour lui, c'est clair : les génies des temps modernes sont ceux qui remasterisent une idée pour en faire un meilleur produit.

C’est surtout vrai quand les grands piquent aux petits. Plus de moyens, donc plus de R&D et plus de visibilité... 

Mélanie Roosen

Mélanie Roosen est rédactrice en chef web pour L'ADN. Ses sujets de prédilection ? L'innovation et l'engagement des entreprises, qu'il s'agisse de problématiques RH, RSE, de leurs missions, leur organisation, leur stratégie ou leur modèle économique.
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