Pour la première fois, un engin spatial va porter le nom d'une femme

Sonde Mars
L'agence spatiale européenne (ESA) a baptisé le futur rover de sa mission sur Mars du nom de la scientifique qui a photographié la double hélice de l'ADN. Une reconnaissance, enfin, pour Rosalind Franklin qui fut invibilisée par ses pairs.

Rosalind Franklin. Ce nom ne vous dit rien ? Peu connue du grand public, cette femme est pourtant la biologiste moléculaire britannique qui a identifié les deux formes de l'ADN après l'avoir photographié aux rayons X dans les années 50. Elle meurt prématurément d'un cancer de l'ovaire probablement lié à sa surexposition aux radiations pendant ses recherches.

Une mission spatiale américaine "Marie Curie" annulée en 2001

Rosalind Franklin ne sera pas reconnue par ses pairs : dans son livre La Double Hélice (1968), James Dewey Watson minimise son rôle dans la découverte de la "double hélice". Elle ne sera pas plus reconnue par le jury du Prix Nobel qui récompensera trois scientifiques pour leurs travaux sur l'ADN (dont James Dewey Watson), mais pas elle, car un Nobel ne peut être attribué à titre posthume.

C'est l'Agence spatiale européenne (ESA) qui rectifie, en 2019, cette injustice et cette invisiblisation : son astromobile pour sa mission Exomars sera baptisé "Rosalind Franklin". Actuellement en construction dans l’usine d’Airbus à Stevenage, au Royaume-Uni, l'engin spatial à son nom décollera en 2020 et se posera sur la planète rouge en 2021. Une seule fois le nom d'une femme avait été validé pour une exploration spatiale, celui de Marie Curie, mais cette mission américaine sur Mars prévue en 2001 avait été annulée. Pour la première fois donc, et en hommage à Rosalind Franklin, un rover portera le nom d'une femme. 

Franklin le rover et non "Rosy"

Sur 36.000 propositions de citoyens d'états-membres de l'ESA, c'est celui de la scientifique qui a été retenu. L'histoire ne s'arrête cependant pas là. Après que le directeur général de l’agence, Jan Woerner, a surnommé l'appareil "Rosalind le rover", l'astrophysicien Jonathan Pritchard, prévenant, a souligné : "Est-ce qu’on peut tous se mettre d’accord pour surnommer le rover Franklin et pas Rosalind ?", pour éviter ainsi le surnom paternaliste. Bien vu ! La planétologue Emily Lakdawalla rattrape la balle au bond, indiquant alors à l'assemblée : "À tous ceux qui s’enthousiasment de l’hommage à Rosalind Franklin, souvenez-vous que "Rosy" était le surnom méprisant que lui donnait James Watson. Appeler son homonyme "Rosy le rover" n’honorerait pas sa mémoire." 

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