«Chaque samedi, avec les Gilets jaunes, la vie s’arrête» : les Parisiens en ont marre

Encore la semaine dernière, des casseurs ont commis de nombreuses dégradations dans Paris. Cela fait trois mois que la capitale est le théâtre de violences, chaque samedi. Nombreux sont ceux à demander que ça s’arrête.

 Les parisiens gardent notamment en tête les images du 1er décembre. Paris et l’Arc de triomphe avaient été saccagés.
Les parisiens gardent notamment en tête les images du 1er décembre. Paris et l’Arc de triomphe avaient été saccagés. LP/Philippe de Poulpiquet

    Ceux qui haïssaient le dimanche ont peut-être changé d'avis… En tout cas, depuis la crise des Gilets jaunes, le samedi est devenu le jour redouté par bon nombre de Parisiens. « Depuis le début du mouvement, je ressens une très grande violence », témoigne Jean Doridot, habitant du VIIIe arrondissement. Ce psychologue parisien n'est pas près d'oublier « le climat insurrectionnel du 1er décembre, les voitures brûlées, les fumées et le bruit des grenades lacrymogènes et les scènes de guérillas urbaines diffusées en boucle sur les chaînes d'information en continu ».

    « La semaine suivante, avec mes voisins, enchaîne-t-il, nous avons recruté un vigile pour empêcher de nouvelles intrusions dans notre immeuble. Le 8 et le 15 décembre, je suis resté seul à la maison et ma famille est partie se mettre à l'abri à la campagne. Depuis, chaque samedi, la vie s'arrête. On retient son souffle. On se demande dans quel quartier cela va péter. On ne prévoit plus rien. »

    Même s'il dit comprendre les revendications des Gilets jaunes, ce Parisien condamne les dégradations et les actes de vandalisme : « La violence est inacceptable. Les parents n'osent pas emmener leurs enfants au parc par peur de se retrouver pris au piège entre CRS et casseurs. Un de mes amis a même renoncé à consulter un pédiatre à son cabinet pour son fils malade. Ce climat anxiogène impacte les plus jeunes. »

    « Les revendications sont légitimes, mais pas la violence »

    Plus que la violence encore, ce quadra, qui vit dans un des quartiers saccagés lors des manifestations, dénonce la « coresponsabilité de certains Gilets jaunes, témoins silencieux des désordres perpétrés par les casseurs ». Sylvie, militante antiraciste et habitante du Xe, décrypte : « La mobilisation a faibli. Le problème, ce sont les identitaires qui ont infiltré voire piloté le mouvement pour créer une fracture sociale dans le but de renverser le gouvernement et la République. »

    Geneviève, une habitante de l'avenue Kléber (XVIe), à deux pas de l'Arc de triomphe, est encore marquée par les scènes de saccage et les pillages de nombreux commerces et les dégradations de presque toutes les banques de son quartier. « J'essaie de passer entre les gouttes, mais c'est difficile. Encore samedi dernier, l'agence du Crédit lyonnais en dessous de chez moi s'est à nouveau fait casser sa vitrine sous mes yeux. Les revendications des manifestants sont légitimes, mais pas la violence. »

    Bien que toutes les stations de métro soient fermées autour de chez elle, cette femme n'a pas renoncé à ses activités. « Samedi dernier, j'ai pris un taxi pour emmener une personne à l'hôpital car il n'y avait pas de transports en commun », confie-t-elle. Catherine, une avocate qui travaille avenue Kléber déserte le quartier le samedi. « Plutôt que venir à mon bureau, comme je le faisais souvent avant la mobilisation des Gilets jaunes, je pars à la campagne avec les enfants toutes les fois où c'est possible. »

    «Qu'est-ce qu'ils attendent ?»

    Corinne, une habitante du XVIIe, a elle aussi changé ses habitudes. Elle fait désormais ses courses au pied de chez elle, se promène jusqu'au parc et redécouvre la piscine. Fini le shopping à Saint-Lazare. « Je reporte les tâches impératives le vendredi ou le dimanche », admet cette communicante.

    Parisienne le jour et le week-end, et banlieusarde le soir, Emmanuelle est très agacée par la situation dans la capitale. « Je ne comprends pas ce que veulent les Gilets jaunes. Leurs revendications sont floues. Maintenant que le grand débat national est lancé, qu'est-ce qu'ils attendent pour faire une pause? »

    Cette habitante de Colombes (Hauts-de-Seine) avait pour habitude de venir le samedi en famille pour voir une exposition, découvrir un nouveau restaurant et faire du shopping. « Depuis la mi-novembre je fais mes courses dans le centre-ville de Colombes et mon porte-monnaie ne s'en porte pas plus mal », lance-t-elle philosophe. Les commerçants parisiens, eux, n'en disent pas autant…