Européennes : pourquoi la liste des Gilets jaunes a explosé en vol
L'association RIC, qui portait une liste "Gilets jaunes" en vue des européennes, a été dissoute cette semaine, minée par ses divisions internes.
Trois semaines. Il n'a pas fallu davantage pour que la liste des Gilets jaunes aux élections européennes tourne au fiasco. Subitement annoncée le 23 janvier, elle a été enterrée mercredi par sa numéro un, Ingrid Levavasseur. L'ambulancière n'a pas renoncé à se présenter, mais pas avec le RIC, le Ralliement d'initiative citoyenne. Elle a expliqué vouloir "faire le ménage", et mis en cause les "personnes qui s'infiltrent" dans le mouvement. Le climat était devenu délétère au sein du groupe, qui regroupait à l'origine plusieurs figures médiatiques des Gilets jaunes souhaitant une issue politique à la crise.
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Certains décrivent une ambiance "paranoïaque", les uns soupçonnant les autres d'être les agents masqués de tel ou tel parti politique. Le rendez-vous, le 5 février à Montargis (Loiret), entre plusieurs d'entre eux et le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio, leader du Mouvement 5 étoiles, a été le coup de grâce.
Quand Ingrid Levavasseur ne répond plus
Ingrid Levavasseur, absente, a assuré ne pas avoir été associée à cette initiative, à laquelle participait pourtant son numéro deux, le Montargois Côme Dunis. Mais plusieurs de ses anciens camarades l'accusent aujourd'hui d'avoir menti. "Les Italiens lui ont même proposé de payer son billet", s'indigne Christophe Chalençon. L'ex-porte-parole contesté du RIC, organisateur de cette rencontre qui a provoqué une crise diplomatique entre Paris et Rome, a claqué la porte après cet épisode. "On savait tous que cette rencontre était dans les tuyaux, on en parlait quand j'étais encore là, précise aussi l'éphémère directeur de campagne Hayk Shahinyan, parti le 28 janvier. Et il est certain que Di Maio venait voir Levavasseur, pas Chalençon!"
Aujourd'hui, les coups pleuvent contre la Normande, accusée de n'avoir pas joué collectif. "Après le lancement de la liste, elle est devenue quasiment injoignable, reprend Shahinyan. Nous avions une réunion le dimanche suivant, elle n'est pas venue." Mercredi sur LCI, face à Édouard Philippe, Levavasseur a encore étonné en annonçant son départ. Côme Dunis, a été fort "surpris" de l'apprendre devant sa télévision, ce qu'il "déplore". Lui entend poursuivre sa campagne… avec les quatre candidats restants.
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Ils pourraient toutefois abandonner le nom de leur liste. Selon nos informations, une complication juridique a tendu un peu plus la situation ces derniers jours : l'association RIC, sur laquelle repose la liste, vient d'être dissoute. Elle avait été déclarée par Brigitte Lapeyronie, numéro cinq de la liste, partie en invoquant son engagement syndical. La conseillère municipale seine-et-marnaise était connue pour son passé à l'UDI. Mais certains disent avoir découvert par hasard qu'elle était encartée à Debout la France, le mouvement de Nicolas Dupont-Aignan, depuis octobre…
Le sentiment d'"un immense gâchis"
"Faux", répond l'intéressée qui jure avoir parlé "dès le début" de cette affiliation à ses camarades. Aucun, à l'exception de Chalençon, n'en aurait été gêné. Aujourd'hui, Brigitte Lapeyronie ne veut plus entendre parler de cette "bande de demeurés". Son association ? Elle assure leur avoir proposé de la reprendre clé en main. En vain. "Aucun d'entre eux ne veut prendre la responsabilité, notamment pénale, de conduire l'association", dit-elle. Elle a donc acté mercredi le sabordage du RIC. Et va en faire de même avec le nom de domaine sur Internet.
Il ne reste donc plus grand-chose de ce groupe. À part le sentiment, partagé par beaucoup, d'un "immense gâchis". Chacun est reparti de son côté : outre d'hypothétiques listes menées par Ingrid Levavasseur et Côme Dunis, le fonctionnaire de l'Indre Jean-François Barnaba, ancien membre de la bande, multiplie les échanges avec le chanteur Francis Lalanne pour lancer la sienne. Hayk Shahinyan a fondé son propre mouvement, Christophe Chalençon s'est rapproché de celui de l'ancien maire PS d'Agde (Hérault) Régis Passerieux, nommé Refondation. Tout comme Marc Doyer, l'ex-macroniste de cette liste, qui commente : "Les politiciens ont encore de beaux jours devant eux. Eux au moins savent faire de la politique!"
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