Emilia Clarke en Une des Inrocks en 2013.

Les Inrocks.

Les Inrocks

L'enquête, signée Lénaïg Bredoux et Marine Turchi, a été publiée ce lundi sur Mediapart. Elle y évoque l'atmosphère au sein de l'hebdomadaire les Inrocks, dont le rédacteur en chef était un membre de la "ligue du LOL", groupe Facebook privé fondé en 2009 par le journaliste Vincent Glad. Le site d'investigation s'est entretenu avec vingt salariés du magazine pour les besoins de cet article.

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Le portrait du journaliste, mis à pied et au coeur d'une procédure de licenciement pour faute grave depuis les révélations de Checknews et les nombreux témoignages de victimes de harcèlement, n'est pas à son avantage. Attaques personnelles envers ses journalistes, avances à des stagiaires : il est dépeint comme un supérieur qui ne connaît que peu de limites et avec qui il est "impossible de travailler." Sont mentionnés des photomontages destinés à des journalistes, ainsi qu'un sentiment constant de flicage, notamment via la récupération de données personnelles de certains employés.

Mediapart relate ainsi que certains journalistes des Inrocks se sont targués de consulter les ordinateurs de leurs collègues. Frédéric Bonnaud, l'ex-directeur de la rédaction du magazine, affirme par exemple à Mediapart qu'il a "été alerté, cinq mois après [s]on départ, par un ancien journaliste, qu'un petit groupe se vantait bruyamment d'avoir accès à [s]es comptes Gmail et CIC".

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Géraldine Sarratia, rédactrice en chef adjointe pendant trois ans, se souvient de ses rapports avec le journaliste dont elle était à l'époque la supérieure hiérarchique. "J'ai fait le constat que c'était impossible de dialoguer et de travailler avec lui, il n'y avait jamais de discussion éditoriale possible. (...) Je pense que ce que je suis - une femme, homosexuelle, qui s'intéresse aux questions de genre et qui était sa supérieure hiérarchique - lui était insupportable", estime-t-elle, interrogée par nos confrères.

Une ancienne journaliste de la rédaction, âgée de 20 ans lors des faits, raconte par exemple comment elle a vécu son passage aux Inrocks et sa collaboration avec le journaliste comme une "oppression permanente." "Il commentait tout ce que je faisais. Quand il partait en conférence de rédaction, il m'enlevait mon casque pour me chuchoter à l'oreille, 'on a réunion'", se souvient-elle.

Aux Inrocks, c'est un système "insidieux" qui a été mis en place, raconte encore Mediapart, décrivant une rédaction similaire à un boy's club - une expression qui revient énormément pour décrire la "ligue du LOL" -, dans lequel les "humiliations" sont nombreuses et "l'entre-soi" exclusivement masculin. "Historiquement, ce journal est un boy's club, raconte ainsi une ex-salariée à Mediapart sous couvert d'anonymat. Il a été créé par des mecs, il a longtemps été géré uniquement par des hommes, cela s'est amplifié avec le temps".

Au-delà d'un rédacteur en chef ouvertement décrié, le site d'investigation raconte une vie d'entreprise sans gestion des ressources humaines, sans aucun cadre suffisamment sain. Le journaliste, joint par L'Express, n'a pas encore répondu à nos sollicitations pour commenter cette enquête. À Mediapart, le journaliste mis à pied a seulement expliqué "avec force n'avoir jamais commis les actes" décrits.

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