«Les 300», ce très influent cercle de fans du PSG

Depuis neuf ans, un groupe très sélect de fans joue de son influence auprès du club parisien. Ce cercle qui préfère l’ombre à la lumière se rassemble sur Facebook plutôt qu’au Parc des Princes.

 Ce groupe de fans est structuré et réglementé.
Ce groupe de fans est structuré et réglementé. LP/Arnaud Journois

    Ils sont à la fois amoureux, spectateurs et parfois acteurs du club de leur cœur. Ils forment un groupe très fermé de supporters du PSG, qui compte quelques artistes (l'acteur Nicolas Duvauchelle, le réalisateur Jalil Lespert…), d'anciens joueurs (Pierre Ducrocq, Éric Rabesandratana) ou même des salariés du club. Son nom, comme un label de rareté, voire d'opacité : les 300.

    300 hommes, pas un de plus, pas un de moins

    Les 300 ne sont pas très portés sur la médiatisation. Nés sous la forme d'un groupe Facebook initié par quelques amis en 2010, ils se sont structurés et réglementés. Aujourd'hui, les contours sont tracés : 300 fans, accueillis par cooptation. Il faut être présenté par un membre pour prétendre entrer dans le cercle lorsqu'une place se libère. De fait, le club est très sélect. « Pas de femmes, pas de pauvres, pas de non diplômés », tacle un Parisien qui y connaît des membres.

    Sur le premier point, le créateur se défend de « toute volonté d'exclusion » et évoque « la paix des ménages » : « C'est plus confortable d'éviter les ambiguïtés et c'est un endroit où on n'a pas envie de retrouver nos femmes, qui pour certaines sont aussi supportrices que nous. Ce groupe, c'est comme une sortie foot entre potes. » Sur la mixité sociale, un autre membre tempère et glisse : « On a des chômeurs, des employés… », tout en reconnaissant une forte concentration de CSP + et d'influenceurs à fort réseau.

    Un «think tank» dont s'inspire le club

    Les 300 se définissent comme un think tank, selon son fondateur, qui insiste sur le niveau des discussions. « C'est plus intéressant d'avoir un modèle de discussion en vase clos, de partager des informations et de l'expertise, avec d'anciens joueurs, des juristes qui peuvent s'exprimer sur le fair-play financier ou des médecins qui analysent les blessures », glisse celui que ses ouailles appellent Coach.

    L’acteur Nicolas Duvauchelle, au centre, fait partie du groupe./PRESSE SPORTS
    L’acteur Nicolas Duvauchelle, au centre, fait partie du groupe./PRESSE SPORTS LP/Arnaud Journois

    Le panel permet à ses membres de bénéficier de quelques tuyaux. Pêle-mêle, les initiés ont ainsi appris en primeur le 3-5-2 de Laurent Blanc à Manchester City en avril 2016 ou la virée en Vespa lors de la présentation de Gigi Buffon en juillet dernier. Le réseau permet aussi de démentir en quelques minutes des rumeurs farfelues comme une arrivée de Jordan Amavi cet hiver, donnée pour acquise par un des membres.

    Dans l'autre sens, l'opinion de ces experts est scrutée par le PSG. « J'ai déjà parlé avec des représentants des 300 à plusieurs reprises, confirme Jean-Martial Ribes, le directeur de la communication du PSG. C'est un groupe très diversifié. Ils ont un vrai amour pour le club, c'est très intéressant d'avoir leur avis sur divers sujets, de voir entre autres si ses membres sont contents de l'évolution du club. Ils nous amènent de bonnes idées. Les 300 ne sont pas du style à appeler pour demander des comptes. En revanche, ils peuvent se mobiliser pour le club à tout moment. Il peut nous arriver de les appeler et d'avoir des échanges sur des situations difficiles, par exemple sur le sujet de la discrimination. »

    Le cercle est présent dans toutes les tribunes

    Le cœur des 300 bat sur Facebook, avec des dizaines de messages échangés jour et nuit. Les membres ne cherchent pas à se rassembler au Parc des Princes, mais des abonnés sont présents dans toutes les tribunes. Le groupe organise quelques événements où les portes s'ouvrent à des proches, y compris des femmes. C'était le cas pour Manchester United - PSG, la semaine dernière en Ligue des champions.

    Discrète, la confrérie aime faire le buzz à l'occasion. En 2017, l'un de ses membres avait lancé : « Si Neymar et Mbappé signent à Paris, je descends les Champs à poil sur mon scoot. » Pari tenu, vidéo à l'appui. Le très étoffé réseau trouve aussi des prolongements dans la vie quotidienne, entre restaurants partagés lorsque les routes se croisent et coups de main pour trouver un job ou un appartement. Une grande famille, en résumé, née sous le blason du PSG.