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Il y a 100 ans, s’ouvrait le 1er Congrès panafricain à Paris

Daniel Pelz | Kossivi Tiassou
19 février 2019

C’était l’occasion rêvée pour les anticolonialistes de revendiquer plus de droits tels que l'auto-administration progressive des colonies ou encore la liberté d'expression. À l’origine de l'initiative, William Du Bois.

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Ghana Gründungsvater Kwame Nkrumah
Image : picture-alliance/dpa/DB

"Ce n'est que grâce à l'initiative et à l'influence de Blaise Diagne que le congrès a officiellement eu lieu" (Andreas Eckert)

L’Allemagne venait de perdre la Première Guerre mondiale. Et en ce début de 1919 à Versailles, un traité de paix devait être négocié.

À Versailles, les leaders des pays victorieux étaient là pour fixer les nouvelles règles internationales. C'est l’occasion qu’attendaient anticolonialistes et panafricanistes pour tenter de s’exprimer et faire avancer leurs droits. 

Le père du mouvement de la négritude

Et parmi les anticolonialistes et panafricanistes, un certain William Edward Burghardt Du Bois, un ardent militant de l'égalité raciale aux Etats-Unis.

W.E.B. Du Bois US-amerikanischer Bürgerrechtler
William Edward Burghardt Du Bois, un ardent militant de l'égalité raciale aux Etats-UnisImage : Getty Images/Hulton Archive

Ce dernier avait un plan ambitieux qui faisait même douter certains de ses compagnons : rassembler des noirs d’Afrique, des États-Unis et d’autres régions du monde à Paris en vue d’assurer une présence africaine dans l'ordre mondial de l'après-guerre.

Et pour Mamadou Diouf, professeur d'études africaines à la Columbia University à New York: 

"Le congrès s'est tenu à Paris pour une raison simple. Il a été convoqué en marge de la Conférence de paix de Versailles. L'idée sous-jacente de cette très importante initiative des leaders noirs était que l'Afrique soit présente lors des discussions et que les problèmes africains soient pris en compte. Et donc que ces problèmes soient présentés par des noirs et que cette présence contribue à une présence africaine dans l'ordre mondial d'après la Première Guerre mondiale", a déclaré Mamadou Diouf. 

"Ce serait une honte pour plus de 200 millions de noirs dans le monde s'ils restaient sans voix et ne participaient pas à cette grande transformation du monde", avait alors estimé l’américain Du Bois.

Cet intellectuel, un des premiers noirs à être diplômé d'Harvard, considéré par certains comme le père du mouvement de la négritude, avait réussi son coup. 57 participants s’étaient réunis à Paris, 16 venus des États-Unis.

Le rôle déterminant de Blaise Diagne

L’un des soutiens de Du Bois était le député du Sénégal, Blaise Diagne, premier député noir à l'Assemblée nationale française.

Lui qui avait aidé le gouvernement français à mobiliser des tirailleurs africains pendant la Première Guerre mondiale a convaincu Georges Clémenceau, le président du Conseil français des avantages qu'il pourrait tirer d'un tel congrès.

W.E.B. Du Bois US-amerikanischer Bürgerrechtler
Image : picture-alliance/AP Images/J.J. Levy

Le rôle de Blaise Diagne a été déterminant d'après Andreas Eckert, professeur d'histoire africaine à l'université Humboldt de Berlin :

"C'était difficile de faire venir des gens à Paris, c'était un défi pour les délégués des anciennes colonies ou les noirs d'Amérique du nord d'obtenir des passeports, et ce n'est que grâce à l'initiative et à l'influence de Blaise Diagne que le congrès a officiellement eu lieu" 

Le Congrès a finalement eu peu d'effets. Ses résolutions étaient assez timides, même si au terme des trois jours les congressistes avaient formulé des revendications claires.

Celles-ci incluaient l'auto-administration progressive des colonies africaines, la liberté d'expression, le droit à la terre et surtout à l'éducation. Mais les négociateurs à Versailles n'en ont aucunement tenu compte.