PROGRÈS - Des chercheurs de l'Institut Pasteur, de l'Inserm et du CNRS ont annoncé lundi avoir réussi à inverser la surdité génétique chez des souris. Une première au monde.
En 2015, des scientifiques américains et suisses parvenaient à "réparer" un gène déficient chez des souris atteintes de surdité héréditaire. La manipulation, qui appartient à ce que l’on appelle la thérapie génique, leur avait permis de recouvrer l'ouïe et avait fait les gros titres de nombreux médias.
Le 18 février, un nouveau seuil a été franchi grâce à la thérapie génique. Pour la première fois au monde, des chercheurs de l'Institut Pasteur, de l'Inserm et du CNRS ont réussi à soigner la surdité de souris en remplaçant un gène défectueux par un gène normal.
Une ouïe quasi-normale récupérée au bout de deux semaines
Pour leur étude, publiée dans la revue PNAS, les scientifiques ont mené leurs recherches chez des souris atteintes de la surdité DFNB9, un trouble auditif représentant l’un des cas les plus fréquents de surdité congénitale d’origine génétique chez l'homme. Les sujets en étant atteints sont dépourvus du gène codant pour l’otoferline, une protéine essentielle à la transmission de l’information sonore au niveau des synapses des cellules sensorielles auditives. Pour l’heure, seuls des implants cochléaires (qui touchent à l’oreille interne) représentaient une solution pour les personnes touchées par cette surdité.
Grâce à l’injection intracochléaire de ce gène effectuée par les chercheurs, les souris ont récupéré une audition quasiment normale au bout de deux semaines, rapporte France Inter. "On a posé la pierre pour enclencher des essais cliniques chez l'homme", se félicite Saïd Safiédine, directeur de recherche à l'Institut Pasteur auprès de la radio publique.
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La méthode est désormais à l'étude pour être brevetée. Elle n'est cependant efficace, pour le moment, que pour l'un des nombreux gènes responsables de la surdité. Celui-ci concerne 2 à 8% de l'ensemble des cas de surdité génétique congénitale, selon l'institut Pasteur. D'autres formes de ce handicap pourraient, à l'avenir et grâce à d'autres recherches, pouvoir être traitées par thérapies géniques, 60 à 80 % des cas de surdité étant d'origine génétique.