Le président américain Donald Trump s’active-t-il pour vendre une technologie nucléaire sensible à l’Arabie Saoudite, pour le plus grand profit de certains de ses soutiens aux États-Unis ? C’est ce que cherche à déterminer la Chambre des représentants, qui a annoncé mardi l’ouverture d’une enquête sur cette question, indique le New York Times.

Cette décision fait suite à la publication d’un nouveau “rapport extrêmement détaillé” de la chambre basse du Congrès, “expliquant comment des responsables de la Maison-Blanche, parmi lesquels l’ancien conseiller à la sécurité nationale du président, Michael Flynn, auraient collaboré avec des officiers de l’armée à la retraite” pour contourner le processus décisionnel habituel, dans le but d’exporter une technologie nucléaire sensible vers l’Arabie Saoudite.

Or les États-Unis ne peuvent légalement transférer leur savoir-faire nucléaire vers des pays tiers sans garantie d’un usage pacifique de cette énergie, et “sans l’accord du Congrès”, note le New York Magazine. Des avocats et des experts du Conseil de sécurité nationale auraient pourtant prévenu “une demi-douzaine de fois les responsables de la Maison-Blanche” que ce type de transfert n’était pas sans poser de problèmes éthiques ou légaux, rappelle CNN.

Risque accru d’une “course aux armements au Moyen-Orient”

“Les experts en sécurité craignent que ce transfert de technologie ne permette à l’Arabie Saoudite de produire à l’avenir des armes nucléaires, contribuant potentiellement à la course aux armements au Moyen-Orient”, note Al-Jazira.

Les démocrates du Congrès s’intéressent de très près à ce dossier depuis des mois, explique mardi le Wall Street Journal. Mais comme ils étaient, jusqu’au mois de janvier, minoritaires à la Chambre, ils ont dû attendre le début de la nouvelle session parlementaire pour pouvoir utiliser leurs nouveaux pouvoirs et outils d’investigation.

Selon le rapport préliminaire de la Commission de contrôle et de réforme, des “entités commerciales” qui “engrangeraient des milliards de dollars grâce aux contrats liés à la construction et à l’opération d’infrastructures nucléaires en Arabie Saoudite” ont “semble-t-il eu des contacts proches et répétés avec le président Trump et avec son administration jusqu’à ce jour”.

Trump aurait récemment “rencontré des représentants d’IP3

Le fer de lance de ce projet de construction de centrales est le groupe IP3 International, dont une filiale présentait en 2016 le général américain Michael Flynn comme l’un de ses conseillers.

Dès sa première semaine aux commandes, selon les sources de la commission, l’administration Trump s’est empressée de chercher à obtenir l’approbation de la construction par IP3 de ces centrales jusqu’à ce qu’un conseiller juridique détermine que Michael Flynn avait un conflit d’intérêts. Mais depuis le départ de ce dernier en février 2017, l’entrain d’IP3 n’a pas pour autant disparu. Selon la commission, qui cite de récentes informations parues sur le site Axios, pas plus tard que la semaine dernière, Donald Trump aurait à nouveau rencontré plusieurs représentants de cette société.

D’après une source qui s’est confiée au Washington Post, cette réunion s’est déroulée en présence du ministre de l’Énergie Rick Perry, de responsables du Conseil de sécurité nationale et du département d’État et d’une douzaine d’industriels du nucléaire.