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La commission d'enquête du Sénat accuse Benalla de "faux témoignage"

Alexandre Benalla salue Philippe Bas, en janvier dernier au Sénat.
Alexandre Benalla salue Philippe Bas, en janvier dernier au Sénat. © Daniel Pier/NurPhoto via AFP
La Rédaction avec AFP , Mis à jour le

Livrant ses conclusions mercredi, la commission d'enquête du Sénat a demandé des poursuites contre Alexandre Benalla pour «faux témoignage». Des responsables de l'Elysée sont également pointés du doigt.

Les conclusions des sénateurs sont sans détour. La commission d'enquête sénatoriale sur l'affaire Benalla a en effet demandé mercredi au Bureau du Sénat de saisir la justice pour «faux témoignage» de la part d'Alexandre Benalla et de Vincent Crase, tous deux en détention provisoire depuis mardi.

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Dans une lettre adressée au président du Sénat Gérard Larcher, dont l'AFP a eu connaissance mercredi, la commission met également en cause le témoignage de trois hauts responsables à l'Elysée, Patrick Strzoda, Alexis Kohler et le général Lionel Lavergne, les soupçonnant d'«omissions, incohérences» et «contradictions».

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«Il n'y aurait pas eu d'affaire Benalla si une sanction appropriée avait été prise dès le 2 mai 2018 par le licenciement de l'intéressé et l'information du procureur de la République», a déclaré le président de la commission, le sénateur LR Philippe Bas lors d'une conférence de presse en fin de matinée. «Nous ne pouvons laisser sans suite ce que nous considérons avoir été des faux témoignages», a-t-il ajouté, avant d'énumérer les nombreuses «affaires Benalla» : violences du 1er-mai, passeports, contrat russe...

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"Faux témoignages caractérisés"

Critiqué par plusieurs personnalités de la majorité et du gouvernement durant l'été, Philippe Bas a assuré que le mandat de la commission a été «scrupuleusement» respecté. «Nous avons enquêté sur le fonctionnement de l'Etat et pas sur les agissements de monsieur Benalla», a-t-il insisté.

«La sécurité du président de la République a été affectée» par les manquements révélés par l'affaire Benalla, a déploré le sénateur Bas. «Les faits constatés le 1er-mai apparaissent maintenant comme la partie émergée d'un iceberg.»

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Le sénateur a appelé le bureau du Sénat à «saisir le procureur de la République de Paris des faux témoignages caractérisés de monsieur Benalla», ainsi que «des contradictions» d'autres personnes interrogées.

Doutes sur les sanctions

La rapporteure de la commission, Muriel Jourda (LR), a poursuivi les explications. Aux yeux des sénateurs, les sanctions contre Alexandre Benalla prises suite aux violences du 1er-mai n'étaient «ni appropriées, ni proportionnées», a-t-elle dit. Les différentes autorités impliquées auraient dû signaler les agissements d'Alexandre Benalla et Vincent Crase au titre de l'article 40 du Code de procédure pénale, a-t-elle ajouté. L'Elysée a cherché à se protéger «d'un possible scandale», a-t-elle poursuivi. Elle a également remis en cause la «réalité de la sanction prononcée» et des «conséquences financières» des sanctions pour les intéressées. Muriel Jourda a également noté qu'Alexandre Benalla, supposément sanctionné, avait participé à plusieurs événements importants, dont le retour des Bleus en juillet 2018.

Jean-Pierre Sueur (PS), autre rapporteur, a lui contredit les déclarations de plusieurs responsables de l'Elysée -Patrick Strzoda, Alexis Kohler et le général Lionel Lavergne. «Il est apparu que monsieur Alexandre Benalla avait exercé de fait une fonction tout à fait essentielle» en regard de la sécurité du chef de l'Etat, a-t-il dit. Il a nié que la mission d'Alexandre Benalla n'ait été que «logistique», évoquant au contraire «un rôle central» de l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron. Le sénateur socialiste a également souligné qu'Alexandre Benalla avait commis des manquements lorsqu'il travaillait auprès d'Arnaud Montebourg, à l'époque ministre du Redressement productif, et qu'il «s'était prévalu du soutien du ministre pour une demande de permis de port d'arme».

"La présidence a péché par manque de précaution"

Le sénateur Sueur a également insisté sur «les contrats russes», «qui ont été conclus pendant que monsieur Benalla ou monsieur Crase étaient à l'Elysée (...) ou en lien avec l'Elysée». «Le manque de précaution et de diligence de la présidence de la République dans la prévention des conflits d'intérêts de certains collaborateurs s'est confirmé», a-t-il regretté. Evoquant «les informations révélées par la presse, en particulier les enregistrements» publiés par Mediapart, il a indiqué que Benalla et Crase se sont probablement rendus coupables de «faux témoignages» devant le Sénat, le 21 janvier dernier. Il a dénoncé des «conflits d'intérêt majeurs», en évoquant une possible «faute déontologique majeure» et «un risque pour le président de la République». «Il est certain que la présidence de la République a péché par manque de précaution», a martelé le socialiste.

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