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Le Royaume-Uni déchoit une femme de djihadiste de sa nationalité

La jeune femme de 19 ans s’est dite « sous le choc » alors que le Bangladesh, dont ses parents sont originaires, refuse de l’accueillir.

Le Monde avec AFP

Publié le 20 février 2019 à 12h59, modifié le 20 février 2019 à 20h50

Temps de Lecture 3 min.

Shamima Begum, sur une photo datant de février 2015 présentée à un journaliste de l’AFP par sa sœur, Renu Begum, à Londres, le 14 février.

La jeune Shamima Begum, partie rejoindre en 2015 le groupe Etat islamique, a finalement été déchue de sa nationalité britannique. Mais le Bangladesh, dont ses parents sont originaires, refuse de l’accueillir.

La jeune femme de 19 ans, qui se trouve actuellement dans le camp de réfugiés d’Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, où elle vient d’accoucher, veut rentrer au Royaume-Uni mais le ministre de l’Intérieur britannique, Sajid Javid, a décidé de la déchoir de sa nationalité, invoquant des raisons de sécurité.

Le Royaume-Uni a le pouvoir de déchoir un citoyen de sa nationalité s’il estime que cela relève de « l’intérêt général » et à condition que cela ne le rende pas apatride, conformément à la convention de New York du 30 août 1961 qu’il a ratifiée. « C’est un outil puissant (…) et nous ne l’utilisons pas à la légère », a déclaré Sajid Javid au Parlement.

« Pas une citoyenne bangladaise »

Mais le ministre des affaires étrangères du Bangladesh, Shahriar Alam, a catégoriquement exclu de l’accueillir. « Shamima Begum n’est pas une citoyenne bangladaise », a déclaré M. Alam dans un communiqué. « Elle est une citoyenne britannique de naissance et n’a jamais demandé la double nationalité avec le Bangladesh. Il n’est pas question qu’elle soit autorisée à entrer au Bangladesh ».

« Je ne suis pas née au Bangladesh, je n’ai jamais été au Bangladesh, et je ne parle même pas correctement le bengali, donc comment peuvent-ils prétendre que j’ai la nationalité bangladaise ? » avait déclaré Shamima Begum à la BBC. « Je n’ai qu’une nationalité… Et si vous me la retirez, je n’ai rien. Je ne crois pas qu’ils puissent faire ça ». « J’espérais que le Royaume-Uni comprendrait que j’ai fait une bêtise, une grosse bêtise, parce que j’étais jeune et naïve », a ajouté celle qui s’était enfuie à 15 ans vers la Syrie avec deux camarades.

La jeune femme avait auparavant jugé « injuste » la décision britannique. « Je suis un peu sous le choc (…). Je trouve que c’est un peu injuste pour moi et mon fils », avait-elle réagi sur la chaîne ITV. « D’autres personnes sont renvoyées au Royaume-Uni, je ne vois pas en quoi mon cas est différent », a ajouté Shamima Begum dont l’absence de regrets avait suscité l’indignation.

Son mari Néerlandais

L’avocat de la famille de la jeune femme, Tasnime Akunjee, a annoncé examiner « toutes les voies légales pour contester cette décision », qui peut faire l’objet d’un appel.

Shamima Begum a expliqué réfléchir à demander la nationalité néerlandaise, son mari étant originaire des Pays-Bas. Ce dernier a été fait prisonnier par les Forces démocratiques syriennes (FDS). « S’il est envoyé en prison aux Pays-Bas, je peux simplement l’attendre pendant qu’il est emprisonné », a-t-elle déclaré.

Cependant, des experts estiment qu’elle a peu de chances d’être acceptée aux Pays-Bas, car elle devrait remplir une stricte liste de conditions pour entrer dans le pays, et fournir la preuve que son « mariage » est valide.

Le cas de Shamima Begum illustre le dilemme de plusieurs gouvernements européens, entre interdire le retour de leurs ressortissants djihadistes pour des questions de sécurité, ou les laisser revenir pour les traduire en justice.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés La question du retour des djihadistes divise l’Union européenne

Il divise le Royaume-Uni, frappé par une série d’attentats en 2017 revendiqués par le groupe EI, et choqué par certaines déclarations de la jeune femme. Elle a notamment affirmé qu’elle ne regrettait pas sa fuite en Syrie alors qu’elle n’avait que 15 ans, et a qualifié l’attentat de Manchester, qui avait fait 22 morts en mai 2017, de mesure de « représailles » aux frappes de la coalition occidentale contre l’EI.

« Dangereux précédent »

Le député conservateur George Freeman a critiqué la décision de Sajid Javid, y voyant une « erreur » qui établit un « dangereux précédent ». « Elle est née ici, a fait ses études ici, et relève de notre responsabilité », a-t-il affirmé sur Twitter. « Elle devrait être amenée devant les tribunaux britanniques ».

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Dans l’opposition, le Parti libéral-démocrate a également pris position pour son retour, estimant que la jeune femme devait répondre de ses « crimes » devant la justice britannique.

M. Javid a par ailleurs laissé entendre que le bébé de Shamima pourrait revenir au Royaume-Uni. « Les enfants ne devraient pas souffrir. Ainsi, si un parent perd sa citoyenneté britannique, cela n’affectera pas les droits de son enfant », a-t-il dit.

Le Monde avec AFP

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