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Les « gilets jaunes » n'ont pas altéré le soutien des Français à la réforme de la fonction publique

Les principales mesures du plan de l'exécutif sont vues d'un oeil favorable, selon un sondage OpinionWay pour « Les Echos ». Le sentiment de dégradation du service public est prégnant.

62 % des Français estiment que la qualité du service public s'est dégradée ces dernières années.
62 % des Français estiment que la qualité du service public s'est dégradée ces dernières années. (SIPA)

Par Renaud Honoré

Publié le 18 févr. 2019 à 16:42Mis à jour le 19 févr. 2019 à 09:40

Pendant quelques semaines en début d'année, en pleine crise des « gilets jaunes », l'exécutif a hésité à lancer sa réforme de la fonction publique . Le sondage réalisé par OpinionWay pour « Les Echos » et Radio classique rassurera en partie le gouvernement dans son choix d'aller plus avant sur ce dossier : les Français se montrent, d'une façon générale, assez nettement favorables (à 57 %, 41 % se disant opposés) à la remise en cause du statut de fonctionnaire, soit le même niveau que celui observé il y a tout juste un an quand les bases du plan gouvernemental avaient été posées .

« Il n'y a pas d'effet « gilets jaunes » à ce stade, et la réforme est toujours regardée de façon positive par les Français », note Bruno Jeanbart, directeur général adjoint d'OpinionWay.

Dans le détail, certaines des mesures présentes dans le projet de loi dévoilé la semaine dernière restent plébiscitées : c'est le cas de la mise en place d'un plan de départs volontaires pour les fonctionnaires (76 % d'opinions favorables) comme de la rémunération au mérite (à 64 %).

Atout pour le gouvernement,

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Les Français se disent même prêts à aller plus loin que le gouvernement dans cette transformation, puisque l'idée de supprimer l'emploi à vie pour les fonctionnaires (point qui ne figure pas dans les mesures gouvernementales, qui prévoient seulement un recours accru aux contractuels) est approuvée à 60 %, un niveau en hausse de 3 points par rapport à l'an dernier.

« Tout cela constitue un atout pour le gouvernement, même si ce soutien peut être rapidement fragilisé en cas de conflit social compte tenu de l'impopularité persistante d'Emmanuel Macron », relève Bruno Jeanbart.

Le gouvernement va devoir faire preuve de prudence, d'autant que les obstacles ne manqueront pas. Il va d'abord falloir lever les oppositions des agents publics eux-mêmes, même si celles-ci ne sont pas aussi frontales qu'on aurait pu le penser. La remise en cause du statut de fonctionnaire est rejetée à 66 %, comme l'est à 71 % la suppression de l'emploi à vie pour les fonctionnaires. En revanche la mise en place d'un plan de départs volontaires tout comme la rémunération au mérite rencontrent un écho favorable dans la sphère publique (avec un taux d'approbation de 69 % et 57 % respectivement).

Pour les départs volontaires, « il faut sans doute y voir l'effet des jeunes générations, pour qui on n'est pas obligé de faire le même métier toute sa vie », estime Bruno Jeanbart.

Dégradation du service

Plus encore que les mesures mises bout à bout, c'est la façon dont la réforme sera perçue qui devrait influer sur son sort. « Tout devrait se jouer sur la capacité des syndicats les plus opposés à convaincre que cette réforme peut dégrader un peu plus la qualité du service », estime le sondeur.

Ce terrain est de fait très glissant pour le gouvernement. Le sondage d'OpinionWay montre ainsi que 62 % des Français considèrent que la qualité du service public a évolué de façon négative ces dernières années. « Le mouvement des « gilets jaunes » a pu être perçu comme l'expression de ce sentiment de dégradation très fort », ajoute Bruno Jeanbart. C'est particulièrement fort chez les plus de 65 ans (71 %), « ce qui renvoie aux principaux services qui les concernent comme la santé », note le sondeur.

Le gouvernement pourra aussi constater que l'une des mesures les plus emblématiques de sa politique à l'égard de la fonction publique - à savoir l'engagement d'Emmanuel Macron de supprimer 120.000 postes d'agents publics sur le quinquennat - peine à convaincre totalement l'opinion. Ainsi seulement 42 % des Français considèrent qu'il y a trop de fonctionnaires (en baisse de 1 point en un an), et une proportion équivalente de Français est favorable ou opposée à la réduction du nombre de fonctionnaires (49 %).

L'engagement présidentiel paraît de toute façon très lointain pour le moment, avec 6.000 suppressions de postes dans la sphère de l'Etat en deux ans sur un total de 50.000 promis en cinq ans.

Sondage réalisé les 13 et 14 février 2019 par Internet auprès d'un échantillon de 1.027 personnes, selon la méthode des quotas.

Renaud Honoré

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