C’est une première mondiale. Une centrale à biomasse britannique est parvenue à capter le CO2 qu’elle émet. Il s'agit d'une avancée importante dans la lutte contre le changement climatique. Le Giec estime en effet que cette technologie permettrait de retirer de l’atmosphère une quinzaine de millions de tonnes de CO2 par année en 2030.

Il y a quelques mois, Novethic vous parlait de solutions de géo-ingénierie ne relevant presque plus de la science-fiction. Pour l’une d’entre elles, c’est désormais le cas. Une première expérience de captage et stockage (CSC) de CO2 à partir d’une centrale à biomasse vient d’être réussie. Elle a été menée dans le nord de l’Angleterre, à la centrale de Drax, début février. Une première mondiale. Jusqu’à présent en effet, les technologies de CCS ne concernaient que les centrales à charbon.
Le système actuellement mis en place capte une tonne de CO2 par jour. A terme, l’entreprise Drax, l’exploitant de la centrale, espère capter 10 millions de tonnes par an. Comment ? Soit en le séquestrant dans des formations géologiques soit en étant utilisé pour d’autres usages comme la gazéification de boissons. Drax est ainsi en discussion avec l’association des brasseurs britanniques. Mais pour l’instant, l’entreprise n’a pas réussi à trouver de débouché pour ce carbone. Celui-ci est donc relâché dans l’atmosphère. 
A ce stade, l’opération issue des centrales à biomasse (qui sont alimentées par des matières végétales comme du bois, des plantes, des déchets agricoles ou des ordures ménagères organiques) est donc considérée comme nulle pour la planète. Le CO2 rejeté dans l’atmosphère ne vient pas "se rajouter" puisqu’il a lui-même été capté une première fois par la plante pendant sa croissance. Mais l’objectif à terme est d’arriver à des émissions négatives, en captant une seconde fois ce CO2 rejeté après combustion de la biomasse.
Risques de concurrence et de déforestation
Cet exemple de valorisation énergétique de biomasse avec captage et séquestration du carbone (BECCS, selon l’acronyme anglais) fait partie des méthodes les plus plébiscitées pour retirer du CO2 de l’atmosphère. Parmi les différents scénarios du Giec présentés en octobre dernier, un seul ne s’appuie pas sur les BECCS pour s’aligner sur le scénario 1,5°C. Pour les autres, cette technologie peut permettre de capter une quinzaine de millions de tonnes de CO2 par an d’ici 2030. Il existe une vingtaine de projets pilotes dans le monde.
Plusieurs associations environnementales alertent toutefois sur la concurrence avec la production agricole pour fournir ces centrales ainsi que le risque de déforestation accrue. Il faudrait en effet entre 5 et 18 % de la surface terrestre pour alimenter les centrales équipées de BECCS. L’usine de Drax, qui fournit 6 % de l’électricité britannique, nécessite chaque année 13 millions de tonnes de bois soit, à elle seule, 120 % de la production totale de bois du Royaume-Uni. L’île a donc massivement augmenté ses importations de bois, notamment en provenance des États-Unis.      
Concepcion Alvarez, @conce1

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